A l'exception de la Chine, la plupart des puissances asiatiques émergentes n'ont pas développé de relations financières et économiques fortes avec l'Afrique. Ni l'Indonésie, initiatrice de la conférence de Bandoeng de 1955, encore moins Singapour (qui a vu la naissance récente de la chambre afro-asiatique), ou la Malaisie (devenue l'un des premiers exportateurs de l'huile de palme grâce au palmier africain) n'ont développé des relations aussi fortes avec l'Afrique. Les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont dépassé 100 milliards de dollars par an depuis 2008. La marge de progression est forte, puisque la Chine ne pesait cette année-là que pour 10,8% dans les importations africaines. Depuis 2004, les flux commerciaux de l'Afrique vers la Chine ont pris le pas sur les exportations chinoises vers l'Afrique. Et cela, même si, renseigne un rapport du groupe Crédit Agricole, 90% des importations chinoises venant de l'Afrique sont constituées de pétrole brut. Les exportations chinoises vers l'Afrique, elles, sortent rarement des produits manufacturiers finis. Bien avant de s'intéresser aux mines et au pétrole africain, la Chine a sollicité le vote du continent pour accéder à l'Onu en 1971. Les premiers investissements dans les infrastructures (chemins de fer en Tanzanie, stades olympiques, ports autonomes) étaient politiques. Depuis 2000, la présence économique chinoise est plus affirmée. Si l'accès aux matières premières constitue la première source de motivation, la présence chinoise a tendance à évoluer vers les secteurs tertiaires. Ainsi, les équipementiers chinois ZTE et Huawei sont en train de bouleverser le secteur des télécoms en Afrique. Les deux groupes fournissent les équipements à MTN, Safaricom et Orange au détriment de Nokia et de Siemens. Ces percées sont réalisées grâce à des alliances avec certaines banques. ZTE se déploie dans ses conquêtes africaines avec une ligne de crédit de 10 milliards de dollars auprès de la China Development Bank. L'opérateur dispose aussi d'une ligne de 15 milliards auprès d'Exim Bank. Quant à Huawei, il opère avec une ligne de 30 milliards de dollars auprès d'une banque chinoise. Après ces secteurs, les observateurs s'attendent à une intensification de la présence chinoise dans le domaine bancaire et dans les grands travaux d'infrastructures. L'acquisition, en 2008, de 20% de la Standard Bank Group, la plus grande banque africaine, par la banque chinoise ICBC ne procédait-elle pas de cette logique ? Idem pour les engagements de la Chine Exim Bank qui dépassaient 20 milliards de dollars en 2005 et qui constituent un atout décisif pour les grands groupes chinois.