La commune de Zoubaïria a connu un exode sans précédent durant les années 1990, avec plus de 3 000 familles ayant tout quitté pour s'entasser à la périphérie de cette pauvre agglomération Le cauchemar de ces femmes, hommes et enfants a commencé, en 1993, lorsqu'ils ont déboulé les douars de Béni Kyar, Krabib, Chaâbna, Béni Hassen, Draâ Tmar. "Près de 500 personnes ont été méticuleusement passées au fil du couteau, ou mitrailleés. Des blessés achevés à coup de hachette ou brûlés vifs par la tristement célèbre Katiba Khadra ", témoignent des miraculés.Pour eux, s'enfuir c' était d'abord survivre, sauver leurs familles, leurs enfants. Un réflexe salutaire qui a privé les criminels de " clôturer " leur programme d'extermination. Au pied d'une gare où le train a cessé de siffler depuis l'attentat terroriste qui a ciblé, en 1994, les travailleurs de Sonacome, ces familles déplacées ont improvisé un boyau de masures dans un lit d'oued.A notre arrivée, le silence sépulcral des lieux n'était troublé que par une ribambelle d'enfants absorbés par une partie de football. Une parade à l'aridité en matière de loisirs. Là haut, dans les massifs foresiers de Mongorno, des terres hautement fertiles, des ressources hydriques énormes abandonnées par une population agricole qui refuse toujours d'y retourner.La quiétude est revenue, et les pouvoirs publics ont proposé une kyrielle de commodités de base, à commencer par les routes, l'habitat, des unités d'élevage, l'électrification. En vain. Les réticences des familles à reprendre les chemins du retour sont perceptibles d'un bout à l'autre du bourg. Un poids social supplémentaire pour une commune sans ressources, adossée à la péréquation ? Une équation insoluble pour les autorités locales d'autant plus que les conditions de retour n'ont pas suscité de répondant.Un dossier épineux qui n'est pas prêt de se fermer à Zoubaïria où tout indique qu'il reste du chemin à faire sur ce plan, afin de susciter le déclic.