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"L'investissement chinois en Afrique est très positif"
Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement
Publié dans Le Maghreb le 11 - 06 - 2011

Nombreux sont les experts qui pensent que le 21e siècle sera celui de l'Afrique. Le continent africain n'a pas trop mal traversé la période de la récession mondiale. Ceci dit, la croissance économique africaine va ralentir de 4,9 % cette année, selon un rapport publié par l'OCDE, la Banque africaine de développement et l'ONU. Le développement africain sera affecté par les événements politiques en Afrique du Nord et la flambée des prix alimentaires et du pétrole. Le président de la Banque africaine de développement (BAD), M. Donald Kaberuka, dans une interview à un média en ligne, a expliqué comment l'institution qu'il préside accompagne les économies africaines dans le développement. Il ne ménage pas ses efforts : " le chemin à parcourir dans ce domaine est immense et semé d'embûches ". Il évoque, cet effet, l'augmentation des prix des produits alimentaires. " Elle crée un nouveau point de vulnérabilité. Mais nous avons bâti une protection suffisamment puissante pour que nous soyons capables de résister au choc. J'espère que la situation mondiale restera favorable et je pense que nous allons continuer à progresser ". Il indiquera que les révolutions en l'Afrique, y compris l'Afrique du Nord ont coûté à la BAD 2 % du Produit intérieur brut (PIB). "Disons qu'en prenant l'Afrique moins l'Afrique du Nord vous avez un taux de croissance de 6 %. Mais si vous incluez l'Afrique du Nord, le taux de croissance n'est plus que de 4 %. Je pense que c'est un phénomène temporaire, une perte temporaire de production qui est la conséquence des révolutions et je reste confiant dans notre capacité à dépasser ce problème à court terme ". Parlant de la situation en Libye, M. Donald pense que l'important c'est d'arriver à une solution rapidement pour ce pays. Parce que, dit-il, le peuple libyen mérite qu'on fasse cet effort. " Il est juste de dire que dès que cette solution sera trouvée, le peuple libyen pourra reconstruire son pays, c'est le plus important. Maintenant quelles sont les leçons à tirer pour les leaders africains ? Vous pouvez voir maintenant que dans le monde d'Internet et de Twitter, les gens peuvent savoir instantanément ce qui se passe dans tous les coins du monde. Dans ces conditions, maintenir un régime disposant de pleins pouvoirs est de plus en plus difficile".Les leaders du G8 se sont engagés à soutenir à hauteur de 20 milliards de dollars la mise en place de réformes démocratiques en Tunisie et en Egypte. Une bonne partie de cette somme aura un caractère incitatif et servira à réduire la dette de ces pays. Ne faut-il pas une aide plus directe pour soutenir les démocraties ?La réponse de M. Donald à cette question a été la suivante : "Nous devons regarder ça comme une combinaison de choses qui doivent être faites pour l'Afrique du Nord. Les nord-africains ne cherchent pas une aide permanente. Ils cherchent des opportunités de crédit, un soutien pour leur secteur privé, une aide pour la dette et, bien sûr, pour leurs budgets. C'est ce que nous faisons actuellement. Donc ma lecture du résultat de ce sommet du G8 est une combinaison de tous ces instruments. Pour moi l'important c'est qu'on travaille tous ensemble, derrière l'ambition commune de soutenir la transition en Afrique du Nord. C'est bon pour l'Afrique, c'est bon pour le monde arabe et bon pour le Nord et le Sud de la Méditerranée". Sur son appréciation quant au lancement par le président américain Barack Obama d'un plan Marshall pour l'Afrique, le président de la BAD souligne que les USA sont un des partenaires majeurs en Afrique. " Ce pays est le plus important actionnaire non africain de la BAD, de la Banque mondiale (BM) et de beaucoup d'autres institutions. Bien sûr, nous n'ignorons pas les défis auxquels doivent faire face les économies des Etats-Unis et des pays de la zone euro ".
M. Donald Kaberuka, estime que l'investissement chinois en Afrique est très positif. " Mais encore une fois comme je l'ai déjà dit, les partenaires traditionnels représentent plus de 70 % du commerce avec l'Afrique et plus de 80 % des aides. Donc, le partenariat que nous recherchons est un partenariat avec nos amis traditionnels, un partenariat avec nos amis des pays émergents, mais aussi un partenariat en Afrique elle-même. Et le bon fonctionnement de ces trois partenariats, c'est ce que nous voulons encourager ". Abordant la stratégie africaine en direction de l'Union européenne, il rappelle que lors de son dernier passage à Lisbonne pour le sommet de l'Union européenne (UE), le résultat était vraiment satisfaisant. " Mais en tant qu'africain, ce qui m'intéresse c'est une nouvelle dynamique dans notre relation avec l'Europe". L'Afrique est le plus proche voisin de l'Europe et les deux ont ensemble une longue histoire mais nous aimerions un changement dans cette relation : arriver à une situation gagnant-gagnant comme avec la Chine et d'autres. Comment arriver à ce que les entreprises européennes regardent l'Afrique comme une opportunité ? Comment peut-on travailler ensemble pour libérer le potentiel de ce continent ? Ce serait très bon pour l'Europe, particulièrement en ce moment. "Pensez simplement à l'effet qu'aurait sur le Portugal, l'Espagne et l'Italie et sur les pays méditerranéens la présence, au sud de la Méditerranée, d'une zone prospère ". En conclusion, le président de la BAD estime que ce n'est pas aux Européens de faire des réformes en Afrique comme ce n'est pas aux Africains de le faire en Europe. " Mais il y a des pays européens qui pourraient avoir besoin de réformes politiques. "Ce que je veux dire, c'est que les Africains eux-mêmes veulent ces réformes. La révolution tunisienne n'est pas arrivée parce que les Européens l'ont demandée. Elle a été faite par les Tunisiens dont quelques uns m'ont dit d'ailleurs que les Européens n'y avaient pas été très utiles. Donc je ne pense pas qu'il s'agisse d'une période de changement guidée de l'extérieur. C'est la façon dont vous réagissez aux demandes internes de changement qui importe. Ce qui compte c'est votre façon de faire pour ne pas créer de souffrances pendant le processus de changement ".

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