Les menaces majeures résident dans l'absence de traitement en amont des facteurs de crise, dans l'absence des élus et des partis, également,en amont de la crise. Quand les forces de sécurité interviennent, que cela soit à l'occasion d'une crise locale qui se transforme en émeutes locales ou pour ce qui concerne l'expression dans la rue de revendications salariales qui ne rencontrent pas le cadre du dialogue ou des négociations, cela signifie inévitablement qu'il est déjà trop tard. Les germes de la crise ont été portés à maturité. Il y a bien eu l'annonce de la création d'un comité national opérationnel d'aide à la prise de décision, et cela concerne surtout la prévention par le biais d'analyses fondées sur les informations fournies par les réseaux d'alerte. Et pourtant, il n'apparaît pas encore que ce comité opérationnel soit réellement opérationnel car on n'en entend jamais parler. Peut-être qu'il ne serait pas perçu que les menaces majeures puissent provenir des manifestations de colère et peut-être serait-il estimé que jamais les conditions d'un embrasement national généralisé ne pourraient être réunies, les vulnérabilités du pays par rapport à de telles menaces pourtant conjurées résideraient dans la conviction des populations qu'il n'y aurait pas de politique fondée sur le dialogue permanent comme instrument stratégique de prévention et même de traitement curatif. Serait-ce que cela soit la rencontre entre le mécontentement social et la posture de veille de la subversion qui soit conjurée ? Si on peut bien se poser la question de savoir, pour ce qui concerne les menaces terroristes d'où proviendraient celles-ci, quelles sont nos vulnérabilités, quelles sont nos capacités d'adaptation et quelle durée pour la mise en oeuvre des politiques d'adaptation, une pareille interrogation ne serait pas fondée dans le cas des revendications salariales. Cette crainte de récupération pouvait paraître légitime durant les années 90, mais les mutations, peut-être lentes mais réelles, éloignent la majorité des populations de la subversion, d'autant que des revendications politiques n'ont pas accompagné les mouvements de contestation.