La Casbah d'Alger va ressusciter l'un des hommes de théâtre qui fut le plus engagé de son temps mais aussi le moins connu, Mohamed Boudia, natif de la Casbah. Un espace culturel vient d'être créé en l'honneur de cette figure du quatrième art algérien, cœur de cet ancienne Alger au grand bonheur de tous les amoureux des planches et de la chose artistique. Cette espace qui fut créé la semaine dernière par la Fondation Casbah, n'est ni plus ni moins qu'un club littéraire qui comprend à la fois une salle de lecture, le réseau Internet et un espace littéraire en vue d'abriter des rencontres culturelles de tout genre. Le club porte le nom de Mohamed Boudia, ce natif de la Casbah qui est très mal connu par la jeune génération alors qu'il a joué un rôle capitale dans le théâtre révolutionnaire. Sponsorisé par l'entreprise de téléphonie mobile, Mobilis, ce club peut recevoir jusqu'à 40 enfants et ainsi que des jeunes dans un espace équipé des technologies de l'information et de la communication, selon le président de la fondation Casbah, Belkacem Babaci, un homme qui a la cote avec les médias et que les journalistes considèrent comme la voix vivante de l'ancienne Casbah. . Né en 1932, Mohamed Boudia était militant, dramaturge et un journaliste algérien natif de Bab Jedid (Haute-Casbah) où il a été influencé par le courant nationaliste avant de s'intéresser au théâtre qui le conduira à rejoindre le Centre régional des arts dramatiques. En 1954 après le déclenchement de la guerre de Libération nationale, Mohamed Boudia se rend en France où il rejoint la Fédération du front de libération nationale (FLN) et participe à plusieurs opérations de fidaiyine. En 1956, il est blessé dans l'une d'entre elles. Sa plus célèbre opération reste l'attentat à l'explosif contre un pipeline à Marseille, le 25 août 1958, et qui lui a valu d'être arrêté et condamné à 20 ans de prison. En 1963, il devient directeur du Théâtre national, le premier théâtre créé en Algérie après l'indépendance. Il fonde ensuite les journaux Novembre et Alger ce soir. Mohamed Boudia a également milité dans les rangs du Front populaire de libération de la Palestine (Fplp). Son lien direct avec la cause palestinienne a été établi à Cuba lors de sa rencontre avec Wadie Haddad, responsable militaire du Fplp. Suite à cette rencontre, il décide de mettre son expérience acquise pendant la guerre algérienne au service de la lutte palestinienne. Mohamed Boudia est assassiné en 1973 à Paris dans un attentat perpétré par les services secrets israéliens, (Mossad). Ce dernier bourra sa voiture d'explosif. Opposant au régime algérien, Mohammed Boudia a été ostracisé et ses écrits sont peu répandus. Néanmoins, il a signé la Charte de l'union des écrivains qui s'engageaient à promouvoir " une culture nationale, profondément populaire d'origine et de vocation, imprégnée de l'esprit scientifique, résolument engagée dans la voie révolutionnaire comme le prévoit le projet de Programme de Tripoli et ouverte sur le monde ". La relève de la génération de la guerre devait aussi être facilitée " en apportant une aide fraternelle à la formation des jeunes auteurs débutants qui doivent assurer l'avenir ". En outre, on s'engageait à " ne jamais professer ni admettre qu'aucune discrimination puisse être faite entre les citoyens, à cause de leur religion, de leur naissance, de leur langue, de leurs convictions ou de leurs croyances, assurant ainsi pour tous la liberté de pensée et d'expression, etc….