Le Ramadhan tire à sa fin et çà sera la fin des régularités des nuits festives qui prenaient vie dans chaque quartier, chaque espace, chaque khaïma, de plus en plus cher et de plus en plus à la mode. Par Yasmine Ben Tous les établissements culturels de nos contrées misent en général sur la sacralité de ce mois pour faire tourner leurs espaces durant de longues soirées qu'on alimente surtout avec des choses lyriques et parfois spectaculaires. Tout est fait pour que le public de ces espaces là soit exclusivement familiaux, ce qui pousse les chefs d'établissement à concocter un programme très très soft et de préférence pas loin des psalmodies sacrées. C'est pourquoi d'ailleurs que durant cette période, le châabi et son ancêtre l'andalou occupent une place de choix dans toutes les structures publiques qui débutent d'ailleurs leur programme ramadanesque par de longues louanges à Dieu à son prophète Mohamed, avant de passer à la variété folklorique politiquement très correcte. C'est ainsi que quelqu'un qui excelle dans la musique populaire chaâbi ainsi que la musique andalouse telle que Hamidou, Bahdja Rahal, Chaou, hamidi Benani …sont particulièrement visibles à la faveur de ce mois. Même si elles demeurent privées et exclusivement commerciales dans les khaïma qui se plantent à chaque bout de quartier et à l'intérieur de chaque hôtel de luxe invitent de façon beaucoup plus large des jeunes à animer des soirées ganaouis, donc très mystiques, ce qui convient à ce mois et aussi, bien sûre, variés et festives. Pour seulement le Théâtre régional Kateb- Yacine de Tizi Ouzou (TRTO), la salle El Mouggar d'Alger, le Théâtre régional de Béjaïa n'ont, depuis le début du mois de Ramadhan, pas arrêté de proposer des programmes en parfaite harmonie avec ce mois sacré. Chaque soir que çà soit à Alger, Tizi Ouzou, Oran ou autre des pièces de théâtre, des spectacles musicaux, des one man show sont proposés au niveau de la plupart des salles qui, parfois et selon les programmes, sont bondées de monde. L'Atlas par exemple a tourné à guichet fermé à l'occasion du passage du chanteur Aït Menguellet ; idem pour la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou qui a été particulièrement bondée lors du mémorable spectacle qu'a animé cette vedette kabyle devenue depuis 2007 incontournable pour l'ambiance des veillées ramadanesques. Parfois à Alger, près de la grande poste des spectacles gratuits sont programmés pour les gens de passages, les badauds, l'ambiance nocturne… et à Tizi Ouzou, la nouvelle direction du Théâtre a fait comme ses prédécesseurs. En fait cette direction ne s'est pas contentée d'offrir du spectacle aux citadins mais elle les a élargis au monde rural et à la campagne. En réalité, il faut dire que depuis l'ouverture de ces soirées ramadanesques il a été offert aux communes et villages, un peu plus de 130 représentations théâtrales données par des troupes locales et par celles venues des quatre coins du pays et ce, dans une parfaite communion. Ce qui est en soit remarquable, c'est que çà a permis aux recluses campagnes kabyles de vivre des soirées animées et sortir du carcan du café et des dominos. Selon Amiar, le nouveau responsable du théâtre, l'objectif était de " vulgariser le Théâtre même dans les coins les plus reculés et d'accompagner toute initiative locale allant dans ce sens de la vulgarisation du 4e art". D'ailleurs, le TRTO vient d'accompagner l'association culturelle "Tamkadbout" de Aït Bouadou au pied du Djurdjura, pour les journées théâtrales qu'elle a organisées entre les 15 et 22 août derniers et dédiées aux fondateurs du théâtre amazigh amateur. Une manifestation qui a eu un franc succès de par la qualité des pièces présentées et surtout du programme concocté par cette association, alliant théâtre et chansons avec des galas comme celui animé par Djaffar Aït Menguellet, fils du chantre Lounis Aït Menguellet. Disons que l'idée de faire profiter les habitants de contrées limitrophes de Tizi Ouzou avec des programmes spécialux ramadhan n'est pas neuves, elle est l'idée directrice de la plupart des festivals qui existent en Algérie et qui se programment dans les grandes villes plutôt que dans les campagnes, et pour faire profiter tout le monde ont envoie soit des troupes sur place, soit des navettes gratuites pour faire venir les gens à partir des endroits reculées. Partout il y avait fête, et tant mieux !