En 2007, à l'occasion de "Alger capitale de la culture arabe", Yacef Saâdi, ex-responsable de la Zone autonome d'Alger et producteur de la fabuleuse œuvre du défunt Gillo Pontecorvo, "La Bataille d'Alger " avait pompeuseme-nt annoncé qu'un million de copies de ce film allait être distribué aux élèves et collégiens, à travers le territoire national. Ceci était en guise de contribution à la vulgarisation de la connaissance de l'histoire" avait t-il dit lors d'une rencontre hommage aux martyrs Hassiba Ben Bouali, Ali Ammar dit " Ali la Pointe ", Mahmoud Bouhamidi, et Omar Yacef dit " Petit Omar " tous lâchement assassinés par la soldatesque coloniale. Effet d'annonce, cette nouvelle en est restée là ! Mais sachez que depuis le 9 août dernier, La Bataille d'Alger (The Battle of Algiers) est disponible en format Blu-Ray aux Etats-Unis et au Canada (121', The Criterion Collection). L'édition comprend de nombreux bonus et notamment Gillo Pontecorvo : The Dictatorship of Truth, le documentaire d'Oliver Curtis commenté par Edward Said (1992), des interviews de Gillo Pontecorvo, du chef opérateur Marcello Gatti ou du compositeur Ennio Morricone et enfin des entretiens avec Spike Lee, Mira Nair, Julian Schnabel, Steven Soderbergh ou encore Oliver Stone, sur le film. Depuis décembre 2007 Secret Cinema invite les cinéphiles londoniens à des projections spéciales dans divers lieux de la ville. Parce que le secret est bien gardé, c'est seulement une fois inscrit qu'il devient possible d'obtenir des informations sur les conditions particulières, la date, le lieu de rendez-vous et les recommandations sur ce qu'il faut porter pour participer à l'événement et aux reconstitutions. En mai dernier, c'était au tour de La Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo d'être projeté et pour certaines scènes d'être reconstituées dans les Old Vic Tunnels, à South Bank, sous la gare de Waterloo. L'information n'est ensuite publiée qu'à l'issue de l'événement. Dans Double Feature (Double fonction, 2008), une installation présentée en 2009 dans l'exposition "Walls of Algiers" au Getty Research Institute (GRI) de Los Angeles, l'artiste américain Dennis Adams délocalise la figure de Patricia Franchini incarnée par Jean Seberg dans à bout de souffle de Jean-Luc Godard (1960) pour l'insérer dans la trame de La Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo. La vendeuse américaine du New York Herald Tribune prend des allures de figure allégorique arpentant les rues d'une ville en guerre et passe la ligne qui va de son rôle de messagère portant les informations à celui de témoin de leur élaboration. En 2007, ce film-phare de révolution algérienne fut diffusé sur les grands écrans de la Grande-Bretagne. "La bataille d'Alger censurée " La projection de cette œuvre qui a été retirée des écrans français pour censure depuis 1971, intervenait avec la tenue du 11e Festival international du film qu'organisait l'ONG Human Rights Watch, sous le thème de la dénonciation de la torture. Ce n'est qu'en 2004 que ce film à la fois très dur et authentique, qui narre l'un des épisodes les plus violents de notre guerre a été autorisé par la France qui a mené ces dernières années son processus expiatoire. C'est la société britannique "Maiden voyage pictures" qui distribuait ce film en version anglaise. Le lancement officiel de cette projection se faisait le 11 mai 2007 à l'Institut des arts modernes de Londres, en présence de Yacef Saâdi, coproducteur de cette œuvre avec l'Italien Antonio Musu. Réalisé en 1965, la projection du film qui a connu, des années durant, un franc succès, fut assurée par le réseau de distribution de "Maiden voyage pictures " qui a obtenu les droits de sa diffusion à travers la Grande-Bretagne. La société britannique de distribution qui projette la commercialisation du film sous forme de " DVD", veut s'inspirer de l'expérience d'une société américaine qui avait réussi à réaliser des recettes considérables grâce à la commercialisation du DVD de La Bataille d'Alger, indiquait Bjorn Rickets, responsable à "Maiden voyage pictures". Il est clair que la distribution de ce film en version DVD, a un aspect lucratif, mais il n'en demeure pas moins que l'aspect historique de cette grande œuvre qui raconte les exactions et les tortures commises par les Français à l'égard des moudjahidine et des habitants de la Casbah n'en sera pas altéré.
Une Bataille historique " La Bataille d'Alger " relate l'épisode du soulèvement de la population algérienne encadrée par le FLN (Front de libération National) au cours des années 1956-1957 contre le pouvoir français, et les tentatives de l'armée française de mater la rébellion. La Bataille d'Alger traite de la lutte pour le contrôle de la Casbah en 1957 par les paras français de la 10e division parachutiste du colonel Jacques Massu et les hommes du FLN, avec l'usage de la torture d'un côté et les attentats de l'autre. Datant d'une quarantaine d'années (1965), La Bataille d'Alger, qui avait connu à l'époque et même après une parfaite réussite, a acquis un nouveau succès, notamment lorsque les dirigeants du Pentagone (ministère de la Défense américain) ont en fait un document de référence pour comprendre et faire face aux modes opératoires de la résistance irakienne, d'autant que celle-ci n'a eu de cesse de prendre de l'ampleur depuis l'invasion de l'Irak en 2003. Et d'ailleurs l'ouvrage de l'historien britannique Alister Horn intitulé L'histoire de la guerre d'Algérie, recommandé par l'ex-ministre des Affaires étrangères américain, Henry Kissinger au président Bush, est devenu le livre de chevet de ce dernier, rapportent des médias. L'intérêt américain croissant pour ce film a fait, d'ailleurs, effet boule de neige, au point que l'œuvre qui date, continue d'être projetée et d'être débattue jusqu'au jour d'aujourd'hui dans les festivals et autres rencontres mondiales. Le film voit le jour en 1965, trois ans après la fin des hostilités en Algérie, lorsqu'un des chefs militaires du FLN à Alger,Yacef Saâdi, propose à Gillo Pontecorvo l'idée d'un film basé sur ses souvenirs de combat. Le film est tourné avec des non-professionnels, à l'exception de Jean Martin, dans le rôle du colonel Matthieu à la tête des parachutistes français. Le film est resté 40 ans interdit en France. La Bataille d'Alger considérée aujourd'hui comme un modèle de la guérilla urbaine a été tournée trois ans après l'indépendance de l'Algérie et le rapatriement de 800 000 colons qui y vivaient souvent depuis plus d'un siècle. Avec le recul, le film est reconnu constituer un témoignage équilibré d'une tranche d'histoire particulièrement féroce, voire sauvage et douloureuse pour toutes les parties en présence.
Un succès international " La Bataille d'Alger " est sans exagération aucune, l'une des rares œuvres cinématographiques qui reproduit de façon aussi authentique que poignante l'épisode de la Guerre d'Algérie menée au cœur de la Casbah, fief des moudjahidine au début de la guerre. D'ailleurs le film de cette histoire vraie avec quelques personnages authentiques comme Yacef Saadi lui-même qui a vécu cet épisode en tant que chef de la Zone autonome d'Alger, a été longtemps interdit de diffusion notamment par la France déjà en 1966 avant de le censurer de nouveau en 1971. Lion d'Or au Festival de Venise, (1966), primé à Cannes, nominé aux Oscars, ce n'est qu'en 2003 que le film a eu droit de cité sur le petit écran. Après une ressortie en salle aux Etats-Unis et en France en 2004, Arte le diffuse pour la première fois à la télévision. Au cœur de la Casbah les moudjahidine sont pourchassés. Ils résistent jusqu'à ce que le colonel français, Mathieu, (Jean Martin) démasque leur cache. La figure emblématique de la Révolution algérienne, Ali la pointe sera mort dans sa cache qui explosera le 7 octobre 1957 avec deux compagnons de lutte : un enfant, Omar Bouhamadi, et une femme, Hassiba Ben Bouali. Pontecorvo, filme dans La Bataille d'Alger des scènes d'anthologie, notamment celles qui se passent dans cette cache, et relate aussi l'insurrection algéroise de 1954 jusqu'à la fin de la guerre. Dans ce film, le réalisateur avait engagé des comédiens non-professionnels. Yacef Saâdi joue son propre rôle et Ali-la-Pointe est interprété par Brahim Hadjadj, un jeune berger analphabète repéré sur un marché. Le film hérite d'un style documentaire, imposé par l'étroitesse des rues de la Casbah qui ne souffraient pas d'autre équipement qu'une caméra à l'épaule. Le noir et blanc renforce cette idée, mais La Bataille d'Alger est bien un film de fiction qui n'intègre aucune image d'archives.