Les Bourses européennes ont ouvert en baisse, hier, poursuivant leur recul de vendredi, les craintes d'une rechute en récession de l'économie américaine s'étant accrues après l'annonce d'un coup d'arrêt dans les créations d'emplois aux Etats-Unis en août. En outre, l'échec électoral subi par la CDU, le parti d'Angela Merkel, avant-hier, en Allemagne, fragilise la chancelière allemande, ce qui pourrait remettre en cause le sauvetage des pays fragilisés de la zone euro, estiment des analystes. La Bourse de Paris creusait ses pertes, hier, dans la matinée, lâchant plus de 3%, plombée par la chute des valeurs bancaires, en raison des craintes de récession aux Etats-Unis et des incertitudes sur le sauvetage de la Grèce. Dans la matinée d'hier, Le CAC 40 cédait 3,35%, soit 105,40 points à 3043,13 points, dans un volume d'échanges de 900 millions d'euros. Le marché parisien poursuivait sa chute, entamée vendredi avec une dégringolade de 3,59%, après des chiffres sur l'emploi américain décevants qui ont renforcé les craintes de récession de la première économie mondiale. "Le marché baisse fortement en l'absence de séance aux Etats-Unis et victime d'un sentiment pessimiste qui a démarré vendredi avec l'emploi", indique Meir Benamram, vendeur d'actions chez Aurel BGC. Wall Street restait portes closes, hier,en raison du Labor Day, jour férié, ce qui peut accroître la volatilité à Paris et peser sur les volumes de transactions. Aucun indicateur majeur n'est par ailleurs au programme. Outre les craintes de récession aux Etats-Unis, le marché parisien était déprimé par la crise de la dette non résolue en zone euro comme en témoignent les difficultés de la Grèce à sortir de l'ornière. Pour Franklin Pichard, gérant chez Barclays Bourse, "le débat sur la capacité de la Grèce à pouvoir rembourser ses dettes" est relancé, tandis que l'accord du 21 juillet dernier sur le nouveau plan de sauvetage du pays "semble avoir du plomb dans l'aile". Les investisseurs s'inquiétaient notamment du départ d'Athènes vendredi de représentants de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne, et du Fonds monétaire international qui ont donné 10 jours au gouvernement grec pour faire avancer les réformes structurelles dans le pays. "En Europe, il y a de nouvelles incertitudes importantes sur la situation des banques et des dettes souveraines. Le problème reste le même depuis mi-juillet sachant que l'Europe n'est pas forcément unie dans la stratégie de sauvetage de certaines pays", selon le vendeur d'actions. Premières victimes de la crise de la dette, les valeurs bancaires chutaient très lourdement, à l'image de BNP Paribas (-6,40% à 31,28 euros) et Crédit Agricole (-5,71% à 5,83 euros). Société Générale perdait 6,79% à 20,66 euros, seule banque française visée comme 16 autres établissements dans le monde, par une plainte aux Etats-Unis pour des fraudes sur des crédits immobiliers à risque ("subprime"). "Les chances d'une reprise économique à court terme restent minces, en raison des problèmes de dette en zone euro", ce qui, avec l'action en justice aux Etats-Unis, pèse lourdement sur le secteur, juge Manoj Ladwa, opérateur chez ETX Capital. Natixis lâchait 3,80% à 2,61 euros et Safran 1,98% à 26,47 euros. L'équipementier aéronautique va faire son entrée le 19 septembre dans le CAC 40, prenant la place de la banque, selon le Conseil scientifique des indices. De leur côté, Alstom (-2,48% à 30,04 euros), Schneider Electric (-3,86% à 42,30 euros) et Legrand (-2,88% à 25,65 euros) se repliaient après avoir vu la recommandation sur leurs titres abaissée à "neutre", contre "surpondérer" auparavant par HSBC. En revanche, parmi les très rares valeurs en hausse, Saft grimpait (+4,15% à 22,73 euros). Le groupe et l'équipementier américain Johnson Controls (JCI) ont trouvé un accord réglant leur différend au sujet de leur coentreprise de production de batteries lithium-ion pour l'automobile. Enfin, Atos (+0,76% à 33,96 euros) profitait d'un relèvement de recommandation de "neutre" à "acheter" par UBS. A Londres ce n'est pas le calme non plus Plusieurs banques britanniques étaient en forte chute, hier, matin à la Bourse de Londres, après avoir été visées par une plainte aux Etats-Unis pour des fraudes sur des crédits immobiliers à risque ("subprime"). Hier, matin la Royal Bank of Scotland (RBS) perdait 5,73% à 23,40 pence et Barclays 5,21% à 156,65 pence, se redressant légèrement après un début de séance en chute libre. Lloyds Banking Group (LBG) cédait 3,53% à 31,95 pence dans un marché en baisse globale de 1,51%. La plainte déposée aux Etats-Unis par l'Agence fédérale de financement du logement (FHFA) vise particulièrement RBS, avec plus de 30 milliards de dollars de titres litigieux. Cette banque est détenue à plus de 40% par l'Etat britannique depuis son sauvetage durant la crise financière de 2008. Le revers américain s'ajoute aux craintes renouvelées sur la crise de la dette grecque et aux incertitudes sur les conséquences de la prochaine réforme bancaire au Royaume-Uni, dont certains détails doivent être dévoilés la semaine prochaine.