Le président rwandais, Paul Kagame, a déclaré, hier, dans un entretien à la presse qu'il ne demandait pas que la France présente des excuses pour son rôle au Rwanda en 1994, alors qu'un rapport rwandais accuse toujours les militaires français d'avoir participé au génocide. Le président rwandais, qui effectue sa première visite officielle en France, a souhaité que Paris et Kigali dépassent les différends passés pour bâtir une relation apaisée et plus étroite, peu avant un déjeuner avec son hôte Nicolas Sarkozy au palais de l'Elysée. L'objectif est de trouver les moyens de dépasser nos différends passés et de voir comment aller de l'avant pour bâtir une meilleure relation à l'avenir, a-t-il déclaré, au cours d'un entretien dans un grand hôtel parisien. Interrogé sur la possibilité de dépasser le stade des accusations mutuelles, le chef de l'Etat a été clairement affirmatif. Je pense que c'est possible. Je pense que cela est rendu possible par l'amélioration des relations, des voies de communication, par l'honnêteté des échanges et notre capacité à replacer les choses à leur juste place, a-t-il dit. La France doit-elle alors encore faire des excuses au Rwanda, comme Kigali l'a longtemps demandé, et comme l'ont fait les Américains et les Belges' Des excuses ou pas d'excuses, je préfère laisser ces questions aux gens qui sont concernés. Je ne peux forcer personne. Je ne peux supplier personne. Je n'ai pas à éduquer quiconque sur quoi que ce soit, chacun a sa façon de gérer les choses face à sa propre conscience, a-t-il dit. Paul Kagame se dit heureux d'être en France, pour une visite prévue depuis celle de Nicolas Sarkozy à Kigali en 2010. Le président français avait alors reconnu une forme d'aveuglement de la France pour n'avoir pas vu la dimension génocidaire du régime hutu d'alors, que Paris a soutenu jusqu'en 1994. Après trois ans de rupture des relations diplomatiques, consécutive au lancement de mandats d'arrêt français contre des proches de M. Kagame, ce déplacement de Nicolas Sarkozy avait permis d'entériner la normalisation des rapports entre Etat.