Près de 300 souches bactériennes à usage agricole ont été isolées par des chercheurs de l'université d'Oran. Selon le directeur du Laboratoire de Biotechnologie des Rhizobiums et Amélioration des plantes, la conception et conservation de ces souches, ou rhizobiums, intervient dans le cadre de l'élaboration d'une banque, dite souchier, pour la mettre à la disposition du secteur agricole. Au cours d'une rencontre sur le thème développement durable et sécurité alimentaire, le Pr. Abdelkader Bekki a indiqué que l'utilisation de ces bactéries, qui ont la propriété de capter naturellement l'azote, constitue la principale voie d'augmentation de la production agricole et d'amélioration de la fertilité, rappelant que les quatre cinquièmes du territoire national se composent de zones arides et semi-arides. Le chercheur algérien a notamment insisté sur les légumineuses alimentaires qui couvrent aujourd'hui à peine 40% des besoins nationaux, affirmant que leur production pourrait être bien meilleure grâce à l'inoculation des rhizobiums, permettant également de réduire la facture d'importation évaluée à 100 millions de dollars par an. L'efficacité de ces bactéries en tant que fertilisants biologiques a été prouvée sur le terrain à travers une première expérience menée sur le sol dégradé d'une carrière désaffectée à Sidi Lakhdar de Mostaganem, où les nodulations, soit des tubercules, ont fait leur apparition deux années seulement après les inoculations, a indiqué le Pr Bekki, ajoutant qu'une deuxième expérience est en cours sur une sablière à Terga Aïn Témouchent. Dans ce contexte, il a fait savoir que son équipe s'attelle actuellement à l'élaboration de projets agréés dans le cadre des programmes nationaux de recherche, axés notamment sur les légumineuses alimentaires et leur application pour la préservation de l'environnement et la revégétalisation des sites dégradés.L'intérêt environnemental a été mis en exergue par le chercheur à travers une comparaison avec le procédé classique jugé potentiellement polluant puisque la moitié des engrais azotés reste enfouie dans le sol et risque de s'infiltrer dans la nappe phréatique, alors que les rhizobiums fixent l'azote en symbiose avec les besoins de la plante. Soulignons, enfin, que cette rencontre de trois jours, qui s'est déroulée en présence des partenaires français en provenance de l'université de Nice, Sophia Antipolis, a également regroupé une centaine de chercheurs de différentes universités de la région Ouest du pays, des cadres des services agricoles ainsi que des représentants des Chambres agricoles.