On parle beaucoup de l'entreprise ces temps-ci, ce qui est fort naturel, car c'est elle qui est censée produire de la richesse et des emplois. C'est bien qu'on en parle, et plus particulièrement des entreprises de production, car c'est d'elles que dépend le développement. C'est d'elles que dépendent également le climat social et même la paix sociale. Il paraît que durant la période de la GSE, les travailleurs, sous le commandement statique de l'UGTA, avaient remporté bien des batailles contre la mauvaise gestion, la corruption, et ce, dans le but d'augmenter, la productivité et la production. En prolongement de ces batailles dont on ne sait pas si elles avaient réellement réussi ni quand elles furent menées et contre qui, et peut-être même que celles-ci ne furent jamais livrées, nos entreprises qui sont les mêmes hier et aujourd'hui sont encore censées pouvoir livrer les mêmes batailles, sont également censées cette fois-ci posséder assez d'expérience pour aller avec les entreprises étrangères sur le terrain de la compétitivité. Elles vont vers les affrontements desquels il n'est pas certain qu'elles vont s'en tirer gagnantes. Il y a eu beaucoup de discours mais pas d'action ni de résultats probants. Quand il est démontré que nos entreprises publiques, industrielles plus particulièrement, sont constamment assainies et ré- assainies, et qu'elles retombent dans les mêmes travers, que cela signifie-t-il quand les assainissements sont identiques, aussi bien en période dite socialiste qu' en période d'entrée dans l'économie de marché ? Bien des " batailles " furent menées pour l'augmentation de la production et de la productivité. En réalité, nous n'avions jamais vu ces batailles, ni quand elles furent menées, ni où. Pour l'entreprise, et plus particulièrement pour celles qui ont des usines, nous ne savons pas du tout en tant que population quelle est leur capacité industrielle installée, ni les taux d'exploitation. Le gouvernement de feu Merbah voulait engager des bureaux d'études étrangers à faire une audit pour savoir pourquoi les entreprises ne produisent pas en fonction de leurs capacités nominales installées. Il voulait fixer comme mission d'identifier dans la chaîne de production les goulots d'étranglement afin de prévoir justement des investissements de dégoulettage et de rapprocher le taux d'exploitation du taux des capacités nominales installées. La récession économique des grandes puissances et leur implication sur notre pays devraient nous inciter plutôt à nous demander ce que devrait être le modèle économique et social que nous devrions peut-être créer ou en adopter un autre sachant que le modèle libéral tel qu'il fonctionne n'est pas une réussite, plus particulièrement pour nous et ceux qui sont au même stade de développement. Il l'est peut-être pour les grandes puissances industrielles, celles qui imposent la mondialisation tout en s'imposant elles-mêmes. Qu'importe le temps que cela va prendre, ceux qui participent réellement au développement pensent plus particulièrement qu'il est nécessaire que les pouvoirs publics les associent à la définition d'un nouvel ordre économique interne qui consacre le fait que nous sommes encore dans la phase de transition économique. C'est pratiquement le même constat qui revient à l'ordre du jour, invariablement, qui perturbe la cohésion sociale, qui inspire les économistes et met dans la gêne les pouvoirs publics. Le consensus finit par s'installer quand c'est le Président lui-même qui reconnaît qu'aucun pays n'est à l'abri. Dès lors que le Président a fait son devoir d'avertir qu'il y a le risque de connaître le temps des " vaches maigres ", enfin devrait s'installer le consensus et donc l'intérêt de se mobiliser pour s'en sortir ou du moins pour en diminuer les effets. Dans certains pays, même en cas de crise, la recherche n'est pas suspendue, ni même altérée, car elle permet les innovations nécessaires justement pour s'en sortir.