Trois acteurs sont considérés par une grande majorité des Yéménites comme les responsables de l'instabilité chronique dans le pays à savoir la famille Saleh au pouvoir, la famille al-Ahmar à la tête d'une des plus puissantes confédérations tribales du pays et du parti Islah, la composante principale de l'opposition politique, et enfin, Ali Mohsen, un général qui a fait défection à Ali Abdallah Saleh au printemps dernier. Depuis quelques semaines, ce nouveau slogan appelant les leaders du régime et de l'opposition à partir, se répand à travers la vieille ville de Sanaa. L'idée est venue principalement d'une famille de la vieille ville dont l'un des fils a été tué par un obus tombé sur leur maison. L'Etat n'a pas parlé de l'affaire et a été incapable de donner une explication aux victimes. A trois reprises, Ali Abdallah Saleh a refusé de le ratifier au dernier moment. Sur place, de plus en plus de Yéménites appellent au départ du régime et de l'opposition. Des combats interviennent alors qu'un émissaire de l'ONU venait d'arriver à Sanaa tentait à nouveau de convaincre le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 33 ans, de se retirer dans le cadre du plan proposé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Ces combats entre la Garde républicaine yéménite et une milice tribale au Yémen ont fait 9 morts dont deux femmes et un enfant ainsi que 23 autres blessés hier à Taëz. Les forces de sécurité ont commencé à ouvrir le feu peu après minuit (21H00 GMT, avant-hier), sur la zone de la Place de la Liberté, dans le centre de Taëz, où des manifestants s'étaient réunis pour appeler à la chute du président Saleh mais les bombardements se sont intensifiés hier matin, ciblant les quartiers de Raoudha et de Zaïd Al-Mouchky, où les protestataires contre le régime yéménite sont particulièrement actifs. Ce regain de violences a coïncidé avec l'arrivée avant-hier à Sanaa de l'émissaire des Nations unies au Yémen, Jamal Benomar, pour tenter d'amener le pouvoir et l'opposition à conclure un accord sur la transition dans le pays. M. Benomar a émis l'espoir que sa nouvelle mission soit l'occasion de régler les questions encore en suspens au sujet de l'application d'un plan de sortie de crise proposé par les monarchies du Golfe. Ce plan prévoit la démission du président Ali Abdallah Saleh en échange d'une immunité pour lui-même et ses proches.