Rare sont peut être les cinéastes qui ont aussi tenu que Abderahmane Bouguermouh, l'auteur de la fabuleuse "Colline oubliée", l'un des premiers films d'expression amazigh, adapté de l'œuvre éponyme de l'écrivain Mouloud Mammeri. Ce film a vu le jour au début des années 90 après plus de 15 ans d'acharnement et de verrouillages administratifs. Il ya deux ans, le cinéaste qui était l'invité du café littéraire au Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa signait, "Anza ", qui, à l'origine était un scénario pour un film mais qui s'est transformé en roman. Selon Abderrahmane Bouguermouh qui a depuis vieilli et même tombé gravement malade en 2006, la conversion à l'écriture était un fait presque naturel. L'enfant prodige d'Ouzellaguen (Ighzer Amokrane, vallée de la Soummam) a tenu a rappeler qu'il était "un enfant de la vallée de la Soummam et que Béjaïa était sa capitale". Une sensibilité à fleur de peau, un regard embué d'une éternelle mélancolie, l'hôte du café littéraire, qui confie avoir été traumatisé par les dramatiques événements de mai 1945 (il avait alors neuf ans) est venu, en fait, davantage pour présenter son livre " Anza " (Casbah éditions, 2009). Usé physiquement, Abderrahmane Bouguermouh, qui est presque une légende vivante dans la vallée de la Soummam, est surtout connu pour son œuvre cinématographique dès le début des années 1960, avec des titres à succès tels Kahla ou baïda, La Reine des abeilles, Cri de pierre…Fils d'instituteur, né en 1936, Bouguermouh dit être "un témoin du siècle". Répondant à une question relative au fait qu'il n'ait pas songé à adapter Nedjma de Kateb Yacine, il avouera que "porter à l'écran un roman comme Nedjma n'est guère une tâche aisée". Par ailleurs, avant de rejoindre la salle où un nombreux public l'attendait impatiemment pour sa conférence, Abderrahmane Bouguermouh a dédicacé un certain nombre de son livre "Anza " dans la cafétéria du théâtre. Anza couronne une aventure littéraire entreprise depuis plus de deux décennies. Sous la plume de Bouguermouh se déroule une épopée "qui préfigure et explique la tragédie de mai 1945".