“Anza, à l'origine, était un scénario pour un film mais qui s'est transformé en roman.” C'est la réponse qu'a fournie le cinéaste Abderrahmane Bouguermouh à un intervenant lors d'une rencontre avec le public, le samedi 12 novembre à 14h, au Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa, devant une assistance attentive au moindre propos de l'enfant prodige d'Ouzellaguen (Ighzer Amokrane, vallée de la Soummam). La question était de savoir comment le cinéaste s'est retrouvé converti à l'écriture littéraire. Le grand frère du défunt dramaturge Malek Bouguermouh a tenu à rappeler qu'il était “un enfant de la vallée de la Soummam et que Béjaïa était sa capitale”. Une sensibilité à fleur de lèvres, un regard embué d'une éternelle mélancolie, l'hôte du café littéraire, qui confie avoir été traumatisé par les dramatiques événements de mai 1945 (il avait alors neuf ans) est venu, en fait, davantage pour présenter son livre Anza (Casbah éditions, 2009). Usé physiquement, Abderrahmane Bouguermouh, qui est presque une légende vivante dans la vallée de la Soummam, est surtout connu pour son œuvre cinématographique dès le début des années 1960, avec des titres à succès tels Kahla ou baïda, La Reine des abeilles, Cri de pierre ou encore et surtout l'adaptation du roman de feu Mouloud Mammeri, La Colline oubliée. Ce fils d'instituteur, né en 1936, a insisté sur le fait qu'il n'était qu'“un témoin du siècle”. Répondant à une question relative au fait qu'il n'ait pas songé à adapter Nedjma de Kateb Yacine, il avouera que “porter à l'écran un roman comme Nedjma n'est guère une tâche aisée”. Par ailleurs, avant de rejoindre la salle où un nombreux public l'attendait impatiemment pour sa conférence, Abderrahmane Bouguermouh a dédicacé un certain nombre de Anza dans la cafétéria du théâtre. Anza couronne une aventure littéraire entreprise depuis plus de deux décennies. Sous la plume de Bouguermouh se déroule une épopée “qui préfigure et explique la tragédie de mai 1945”. A bâtons rompus durant des heures, que de questions, brèves pour quelques-unes, mais avec une irrésistible propension à des questions commentaires. Mais la disponibilité du conférencier n'avait d'égal que son calme olympien et sa sérénité. Abderrahmane Bouguermouh s'est dit, par ailleurs, “tout à fait disposé à mettre au service de la jeunesse son expérience ainsi que ses connaissances techniques en matière cinématographique, que sa porte restait ouverte et qu'il contribuerait volontiers à l'organisation et à l'animation d'ateliers et autres séances pédagogiques auxquelles il ferait participer des spécialistes du domaine”. Mustapha Bensadi