La chancelière allemande Angela Merkel a répété, hier, l'importance de réformer l'Union monétaire européenne pour la transformer en une union budgétaire, afin de surmonter la crise qu'elle traverse, une bataille qui prendra des années selon elle. "Nous ne parlons pas seulement d'une union budgétaire, nous sommes sur le point de la réaliser", a dit Mme Merkel dans un discours aux députés du Bundestag, ajoutant qu'il s'agirait d'une "union budgétaire avec des règles strictes, au moins pour la zone euro". "Les règles doivent être respectées", a-t-elle martelé, "leur respect doit être contrôlé, leur non-respect doit être suivi d'effet". "L'élément central" de cette "union de la stabilité" voulue par l'Allemagne sera "un nouveau plafond d'endettement européen", a dit la chancelière, qui a répété sa ferme intention de convaincre ses partenaires de la nécessité de changer les traités européens pour y ancrer plus de discipline budgétaire. C'est avec cette idée en tête que Mme Merkel ira à Bruxelles la semaine prochaine, a-t-elle redit. Tous les espoirs sont dorénavant tournés vers la réunion des dirigeants européens les 8 et 9 décembre dans la capitale européenne, prochaine étape dans la succession de sommets présentés comme "décisifs" mais impuissants pour le moment à contenir l'embrasement de la crise de la dette. D'ailleurs analystes et économistes se font peu d'illusions. "Cette fois-ci non plus il n'y aura pas le grand pas vers la délivrance espérée", commentaient, hier, ceux de Commerzbank. Mme Merkel elle-même l'a redit: "le grand coup, le coup de massue" apportant une solution à tous les problèmes n'existe pas. Remédier aux causes du mal -les dérapages des finances publiques, la faible compétitivité de certains pays- a"est un processus, et ce processus va prendre des années". La question du rôle de la Banque centrale européenne (BCE) dans la lutte contre la crise continue de diviser profondément Paris et Berlin. L'Allemagne s'est jusqu'à maintenant catégoriquement opposée à une intervention plus poussée de la BCE, et Mme Merkel n'a pas dévié de cette position, hier. "C'est gravé dans les traités, le devoir de la BCE est d'assurer la stabilité de la monnaie", a-t-elle dit, recueillant les applaudissements de son auditoire. Mais l'indépendance de l'institution est "le bien suprême de nos démocraties", a-t-elle ajouté, signalant qu'elle ne pourrait pas s'opposer à une décision venue de Francfort (ouest), siège de la BCE. Le président de celle-ci Mario Draghi ne semble toutefois pas prêt à ouvrir les vannes pour le moment. Il a exigé, avant-hier, que les pays de la zone euro prennent des engagements forts pour la création d'une union budgétaire. Berlin est également opposé à l'introduction d'"euro-obligations" communes à tous les pays de la zone euro, a répété la chancelière. Une telle mutualisation de la dette ne pourra intervenir qu'à l'issue d'un processus d'intégration européenne approfondie, pour l'Allemagne, qui n'y voit en tout cas pas le remède à la crise actuelle. "Quiconque n'a pas compris, que les euro-obligations ne pouvaient pas être la solution à cette crise n'a pas compris la nature de la crise".