Après plusieurs jours de projections et de débats passionnés autour des sujets aussi actuels, que les révolutions, les liberté, l'environnement, les Journées du film engagé se sont clôturées ce lundi à la Cinémathèque d'Alger, sur un grain de pathétisme. Car, il s'agissait durant ces longues projections de défendre les causes justes, de dénonciation des injustices sociales ou encore de sensibiliser l'opinion publique aux questions d'intérêt général, autant de rôles qu'assume sans complexe, depuis son apparition dans les années 1960, le cinéma engagé, grand thème de ce rendez-vous cinématographique qu'a initié le ministère de la Culture. Selon les cinéastes présents à cette manif, le genre engagé, garde encore aujourd'hui "toute sa place". Démonter certains mécanismes socio-politiques, disséquer l'idéologie qui sous-tend les grandes orientations économiques, les exposer et les expliquer au grand public pour qu'il puisse comprendre et se faire une opinion, c'est l'ambition que partagent des cinéastes et documentaristes spécialisés dans le film et qui refusent de réduire le public à une masse de simples spectateurs. Pour eux, le terme "engagé" ne se limite par seulement au sens politique "étroit", mais englobe aussi la défense des idées, des droits de l'enfant et de la femme, de l'environnement, en un mot toutes les questions liées au combat pour le bien-être du genre humain. Cette précision est revenue souvent lors des débats ayant suivi les projections des films à la cinémathèque d'Alger depuis l'ouverture de ces journées, mardi passé. Relater les évènements (historiques ou actuels) tels qu'ils sont, les mettre en perspective, faire témoigner des experts et des spécialistes (économistes, militants des droits de l'homme, historiens, sociologues, etc.) et donner la parole aux personnes de différentes classes sociales, "revêt une grande importance pour l'éveil des consciences", dans un contexte particulier où le monde vit des mutations profondes et où l'humanité a plus que jamais besoin de sens, expliquent-ils. Dire la vérité Ouvert avec le documentaire "L'Algérie, De Gaulle et la bombe", de Larbi Benchikha, une œuvre tout à fait symbolique, qui était rediffusée le 22 février 2011 sur France 3, et qui traite d'un sujet aussi actuel que complexe, celui de l'explosion le 13 février 1960 à 7h04, de la première bombe nucléaire française dans le désert du Sahara au sud de Reggane, ce rendez-vous a mis en lumière des "dysfonctionnements politiques, historiques ou sociaux" afin de ne pas les banaliser. Sujet complexe d'autant que le nucléaire, même civil, divise les politiques de tout bord compte tenu de son aspect nocif et même mortel. Ce film rappel aussi l'arrogance des colons français qui, quand, en 1962 après les accords d'Evian, les rapatriés quittaient en masse l'Algérie devenue indépendante, des militaires et des scientifiques français vont continuer tranquillement, pendant plusieurs années, leurs essais au sud du Sahara. Des essais qui auront des conséquences graves sur la santé de la population du sud algérien. Revenant sur le cinéma engagé, le réalisateur a souligné qu'il s'agissait d'"une démarche artistique qui s'impose d'elle-même car jouant un rôle non négligeable dans la révélation et l'explication à l'opinion publique des ressorts de l'exclusion sociale, l'inégalité des sexes, en remontant à leurs origines". Phillipe Diaz, réalisateur de "La fin de la pauvreté ?", un documentaire qui met au jour la relation entre colonialisme, capitalisme et pauvreté, affirme, pour sa part, que "dire aux gens ce qui se passe est très important", estimant que cette tâche relève des missions du film engagé, en tant qu'art à part entière dans la cité. "Mon problème, c'est de dire aux gens ce qui se passe dans le monde et dans leurs sociétés, puisque le cinéma traditionnel ou le cinéma commercial n'aborde pas ces sujets", a dit le réalisateur qui se veut témoin de son temps. Selon lui, ce genre cinématographique rejoint la presse politique et la chanson engagée pour faire contrepoids aux médias et aux distributeurs, muent dans l'ensemble par le seul souci du gain. Ce rendez-vous cinématographique a mis à l'affiche pas moins de dix-huit longs et courts-métrages, dont " Ecuador " de Jacques Sarasin (Suisse), " Territoire perdu " de Pierre-Yves Vandeweerd (Belgique), " la Fin de la pauvreté ? " de Philippe Diaz, et " Namibia " de Richard Burnett (USA). Au programme également, deux focus sur le cinéma féminin palestinien, et la projection de trois films d'Oliver Stone, à savoir "Commandante", "Persona non grata" et " South of the border ", œuvres projetées déjà à la Cinémathèque en présence du cinéaste invité quelques jours avant ce rendez-vous, le 19 novembre par le ministère de la Culture.