Les actionnaires italiens du groupe Edison ont posé cette semaine un ultimatum au français EDF en exigeant d'obtenir Edipower, filiale d'Edison, en échange de la prise de contrôle d'Edison par EDF, selon un dirigeant de la société A2A, leur chef de file. Interrogé par des journalistes à la fin d'une réunion du conseil d'administration à Milan, le directeur financier d'EDF Thomas Piquemal a refusé de répondre aux questions, soulignant ne vouloir faire aucun commentaire sur cette proposition. Un autre conseil d'administration a été convoqué pour le 29 décembre. Le président du conseil de surveillance de A2A, Graziano Tarantini a annoncé mercredi qu'il a fait aux Français une proposition à prendre ou à laisser: Edison à EDF, Edipower à Delmi, le holding rassemblant les actionnaires italiens menés par A2A. L'objectif pourrait être de fusionner Delmi et Edipower dans l'avenir pour donner naissance au deuxième producteur italien d'électricité, a-t-il ajouté après avoir rencontré le ministre du Développement économique, Corrado Passera. Cette annonce constitue un retournement de situation alors que les actionnaires italiens avaient accepté le partage des actifs d'Edipower (centrales hydroélectriques à Delmi, centrales à gaz à Edison/EDF), dans le cadre de l'accord de principe trouvé fin octobre avec le géant français. Elle est intervenue alors qu'Edison avait réuni mercredi son conseil d'administration pour faire le point sur sa situation financière. EDF et les Italiens ont plusieurs points de désaccord, selon une source proche du dossier, dont la répartition de la dette d'Edipower et la nécessité pour Edison de lancer une augmentation de capital. Les dirigeants d'EDF devront accepter cette proposition s'ils ne veulent pas la guerre, a mis en garde Bruno Tabacci, représentant au sein d'A2A de la commune de Milan, l'un de ses principaux actionnaires avec 27,5% du capital. A2A et Delmi bénéficient en outre du soutien du gouvernement, selon la source proche du dossier. M. Passera considère qu'une telle opération serait stratégique pour le pays alors que le gouvernement travaille sur son programme énergétique après le rejet du retour au nucléaire dans le cadre d'un référendum en juin, a indiqué cette source. Delmi, qui détient déjà 30% d'Edipower à travers A2A et la société Iren, veut donc racheter la part de 50% détenue par Edison et celle de 20% de la société suisse Alpiq, qui était pourtant déjà prête à la céder à EDF. Edison, à la structure d'actionnaires complexe, est contrôlé à 61,3% par Transalpina di Energia (TdE), coentreprise à parts égales entre EDF et Delmi. EDF détient par ailleurs directement 19,3% d'Edison. Outre le partage d'Edipower, l'accord de la fin octobre prévoyait la dissolution de TdE pour permettre à EDF de prendre le contrôle d'Edison en regroupant ses parts directe et indirecte, avec la possibilité pour les Italiens de vendre les 30% qu'ils détiennent en deux fois, dans trois ans puis dans les deux années suivantes. Afin de parvenir à un accord définitif, EDF et les actionnaires avaient décidé le 1er décembre de prolonger une nouvelle fois leur pacte d'actionnaires jusqu'au 30 décembre. Mais une nouvelle prolongation pourrait s'avérer nécessaire après cette nouvelle proposition des Italiens, selon la source proche du dossier. EDF peut aussi décider d'activer la procédure de vente aux enchères d'Edison, prévue en cas de désaccord, mais cela serait plutôt mal vu par le gouvernement, a prévenu cette source.