Les cours du pétrole s'affichaient en hausse, hier matin en Asie, tirés par les tensions entre les Occidentaux et l'Iran et la crise au Nigeria, après être passés sous la barre des 100 dollars la veille à New York. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février s'appréciait de 44 cents à 99,54 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance gagnait 4 cents, à 111,30 dollars sur les échanges électroniques en Asie. "La problématique de l'approvisionnement (en brut) dans les tensions géopolitiques reste le principal facteur haussier pour les cours du pétrole", a noté Victor Shum, du cabinet de conseil en énergie Purvin and Gertz à Singapour. "Outre l'Iran, les motifs d'inquiétude immédiats concernent les grèves au Nigeria", a-t-il ajouté. Cette semaine, l'Iran a annoncé le démarrage de son second site d'enrichissement d'uranium à Fordo. Ce site, réservé à l'enrichissement d'uranium à 20% se trouve à 150 km au sud-ouest de Téhéran. Cette annonce a été condamnée par les Occidentaux qui craignent que le programme nucléaire civil de Téhéran ne cache un volet militaire, malgré les dénégations iraniennes, et veulent renforcer les sanctions contre Téhéran, notamment en visant ses exportations pétrolières. Mais la perspective d'un retardement de la décision sur un embargo européen a fait passer les prix en territoire négatif, avant-hier, à New York. Après avoir menacé de fermer le détroit d'Ormuz par lequel transitent 35% du pétrole brut transporté par voie maritime dans le monde, l'Iran s'est déclaré prêt à reprendre les négociations nucléaires avec les 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) après un an d'interruption. Les investisseurs restent par ailleurs préoccupés par les développements au Nigeria, confronté à des violences religieuses et à des manifestations contre la hausse des carburants. Le Nigeria est le plus gros producteur de brut d'Afrique devant l'Angola avec près de 2,4 millions de barils par jour. Les syndicats du pétrole y ont menacé, avant-hier, d'arrêter la production à partir de dimanche, en soutien à la grève générale contre la hausse des prix des carburants qui paralyse le pays depuis le début de la semaine. Les représentants des syndicats ont rencontré le président Goodluck Jonathan et plusieurs responsables gouvernementaux, mais les négociations ont été suspendues et reprendront, aujourd'hui. Le brut finit sous la barre des 100 dollars à New York Les prix du pétrole ont fini en nette baisse la veille à New York, se repliant en toute fin de séance alors que le marché spéculait sur un possible retard dans la mise en place d'un embargo européen sur le brut iranien. Le baril de "light sweet crude" pour livraison en février a terminé à 99,10 dollars sur le New York Mercantile Exchange, en baisse de 1,77 dollar par rapport à la veille. A Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a perdu 98 cents à 111,26 dollars, après avoir grimpé jusqu'à 115,12 dollars dans la journée, son plus haut niveau depuis le 9 novembre. En hausse tout au long de la séance, les cours du pétrole se sont brusquement inversés à quelques minutes de la clôture. "L'embargo européen sur le pétrole iranien semble être retardé de six mois ce qui a fait passer les prix en territoire négatif", a commenté Matt Smith de Summit Energy (groupe Schneider Electric). Les dirigeants européens doivent décider d'un nouveau train de sanctions européennes lors d'une réunion le 23 janvier qui pourrait passer par un embargo sur le brut iranien. Les prix sont soutenus depuis plusieurs semaines par les tensions entre les pays occidentaux et l'Iran accusé de vouloir se doter de l'arme atomique. Avant-hier matin, les diplomates avaient indiqué que l'UE s'orientait vers une période de transition de six mois. "Autrement, la plus grande partie de la séance s'est déroulée en territoire positif, soutenue par un renforcement de l'euro", a ajouté Matt Smith. L'euro a profité du succès des émissions obligataires italienne et espagnole au début de la journée et des commentaires rassurants de la Banque centrale européenne concernant l'économie du Vieux continent. "On ne peut pas dire que la demande n'est pas faible aux Etats-Unis, parce qu'elle l'est. Mais vu les dynamiques géopolitiques et les perspectives de l'économie américaine, la situation n'est pas aussi négative pour les prix qu'il y paraît", a commenté Phil Flynn, de PFG Best. Sur le front de l'économie américaine cependant, des indicateurs ont refroidi l'optimisme ambiant sur le marché depuis le début de l'année, limitant la hausse des cours. Les nouvelles inscriptions au chômage ont augmenté plus que prévu la semaine dernière, et les ventes de détail ont nettement ralenti leur progression au mois de décembre. "Sans le risque majeur d'approvisionnement et les primes de risque associées, le prix du pétrole serait considérablement plus faible", ont estimé les analystes de Commerzbank.