Les responsables algériens, tunisiens et marocains se sont donnés le mot pour concrétiser l'Union du Maghreb Arabe (UMA) mise en veilleuse ces dernières années compte tenu des différents événements qu'a connus particulièrement la région dans son ensemble. C'est ainsi qu'on notera que les travaux du comité de suivi de l'UMA préparatoire à la réunion du Conseil des ministres des affaires étrangères qui s'est tenu, hier, dans la capitale marocaine ne sont en réalité que le prélude vers l'adaptation de l'instrument aux changements qu'a connus la région et aux grandes mutations dans le monde pour un nouveau départ de l'Union du Maghreb arabe. Ainsi, M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a fait remarquer vendredi dernier à Rabat que "le monde d'aujourd'hui a beaucoup changé et le Maghreb a changé", avant d'affirmer qu'il faut donc "adapter l'instrument aux changements qu'a connus la région et aux grandes mutations dans le monde. Il faut que le Maghreb se fraye un chemin, qu'il repense sa méthode de travail et ses cadres juridiques qui ont fait sa naissance et son évolution ainsi que son positionnement par rapport au reste du monde". D'autre part, M. Messahel a tenu à affirmer que l'intégration économique et politique était extrêmement importante et doit être fondée sur des "politiques communes". Dans son intervention, M. Messahel a indiqué que l'approche algérienne donnait " la priorité à trois grands volets, à savoir le politique, l'économique et le sécuritaire". De son côté, M. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères a estimé que la réunion du conseil des ministres maghrébins des Affaires étrangères constituera un "point de départ" pour une nouvelle approche de l'Union du Maghreb arabe (UMA). "Nous avons un grand espoir pour que la réunion des ministres maghrébins des Affaires étrangères soit un point de départ pour l'UMA qui se transformera d'un rêve permanent en réalité dans les mois et les années à venir", a déclaré M. Medelci lors d'un point de presse commun avec son homologue marocain, Saad Eddine El-Othmani, à la veille de la réunion, de la 30ème session du Conseil des ministres maghrébins des Affaires étrangères. De son côté, M. El-Othmani a indiqué que toutes les conditions étaient réunies pour donner une nouvelle dynamique à l'édification de l'UMA étant donné que la volonté politique existait dans chaque pays maghrébin en affirmant que "l'année 2012 sera celle de l'UMA". Concernant les relations bilatérales entre l'Algérie et le Maroc, M. Medelci a indiqué que celles-ci avaient un caractère stratégique, qu'elles étaient sérieuses mais non suffisantes en réaffirmant la volonté d'élargir ces relations à tous les pôles de coopération. "Nous avons devant nous des perspectives qui permettent à l'Algérie et au Maroc de consolider leurs relations, et ce, en agissant jour après jour pour la concrétisation de la volonté politique qui existe dans les deux pays". Pour la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays, M. Medelci a souligné "nous devons envisager l'avenir non pas seulement sous l'angle des frontières" en considérant que "quelle que soit leur importance (frontières) cela ne doit pas occulter les espoirs que nous portons pour réunir les conditions d'une plus grande intégration". Evoquant la question du Sahara occidental, le ministre algérien a déclaré "Nous avons convenu de respecter le point de vue de chacun sur cette importante question", a affirmé M. Medelci en rappelant que celle-ci est "entre les mains des Nations unies depuis des années et le restera à ce niveau". Le volet économique et l'UMA pour revenir au projet de relance de l'UMA, M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, indique que cette réunion nous permettra d'évaluer les progrès accomplis et de poursuivre la concertation sur "les questions qui concernent la construction maghrébine par l'échange de points de vue pour relancer le processus de l'édification maghrébine sur la base d'une approche nouvelle graduelle et pragmatique". S'agissant du volet économique, M. Messahel a rappelé que l'Algérie avait proposé une feuille de route lors du Conseil des ministres des Affaires étrangères qui s'était tenu en 2002 à Alger, visant à "la mise en place d'une communauté économique maghrébine". Il est nécessaire, a-t-il dit, d'"accélérer le processus de mise en place de la communauté économique maghrébine de manière à construire un espace basé sur des projets structurels communs au niveau maghrébin, notamment dans les domaines vitaux au bénéfice des peuples de la région tels que l'infrastructure de base, les ressources en eau, l'agriculture, l'industrie, les énergies nouvelles et renouvelables et les TIC". Du côté tunisien, il est utile de noter que dans un communiqué à l'occasion du 23 ème anniversaire de la création de l'UMA, l'Assemblée constituante tunisienne a souligné l'importance de redynamiser les différentes conventions signées entre les pays maghrébins en vue de répondre aux aspirations des peuples de la région à construire un espace maghrébin "libre et intégré". L'instance tunisienne a de ce fait appelé les gouvernements maghrébins à oeuvrer à la suppression de tous les obstacles qui entravent l'intégration économique du Maghreb arabe. L'Assemblée constituante a exprimé dans son communiqué "son soutien" à l'initiative des dirigeants des pays maghrébins "d'accélérer" la relance des institutions de l'UMA, la tenue d'un congrès au sommet des chefs d'état du Maghreb arabe et la concrétisation des objectifs stratégiques afin que le Maghreb arabe devienne une force régionale capable de s'adapter activement aux mutations. L'unité maghrébine arabe, un impératif vital et pressant, souligne le président Bouteflika Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a affirmé, à l'occasion de la célébration du 23ème anniversaire de la création de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), que "la réalisation de l'unité maghrébine à l'ère des ensembles régionaux et internationaux est un impératif vital et pressant". Dans des messages adressés à cette occasion au roi du Maroc, Mohammed VI, au président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, au président tunisien, Mohamed Moncef Marzouki et au président du Conseil national libyen de transition (CNT), Mustapha Abdeldjalil, le président Bouteflika a indiqué que "la réalisation de l'unité du Maghreb arabe, à l'ère des ensembles régionaux et internationaux, est un impératif vital et pressant en vue de permettre à nos peuples frères de relever les défis, au sein d'un ensemble soudé et uni". Aprés avoir exprimé ses sincères félicitations et ses meilleurs vœux aux dirigeants maghrébins, le président de la République a réitéré "le souci et la volonté de l'Algérie d'œuvrer, de concert avec vous, à la préservation de cet acquis et au développement de ses structures, étant un facteur de développement et un cadre de complémentarité et de concertation politique". "Nous sommes tenus dans notre démarche d'œuvrer sur la base d'une approche réaliste et progressive qui prenne en compte les intérêts de nos pays et les ambitions de nos peuples", a ajouté le chef de l'Etat, soulignant que "l'occasion est sans aucun doute propice à l'actualisation de notre réflexion sur la construction de l'édifice maghrébin, bâti sur une complémentarité économique qui repose sur l'adoption de politiques communes dans tous les domaines". En ce qui la concerne, l'Algérie "participera activement aux efforts collectifs fournis au service de nos pays frères", a conclu le président Bouteflika.