Les grandes compagnies pétrolières exploitant les sables bitumineux de l'ouest canadien, dont BP, Shell et Total, ont formé, avant-hier, une alliance pour améliorer l'empreinte écologique de cette industrie controversée ainsi que leur image. L'Alliance pour l'innovation dans l'exploitation des sables bitumineux (Cosia) vise à améliorer la collaboration entre les acteurs de l'industrie par le partage, entre autres, des innovations sur le plan de l'environnement en ce qui concerne l'extraction de ce pétrole non conventionnel. Les sables bitumineux de l'Alberta, province de l'ouest canadien, constituent la troisième réserve mondiale d'or noir, derrière l'Arabie saoudite et le Venezuela, avec environ 170 milliards de barils évalués. La production dans les sables bitumineux, qui avoisine 1,7 million de barils de pétrole par jour, est appelée à tripler à l'horizon 2035, selon les prévisions de l'Office national de l'énergie. D'où l'intérêt de l'industrie pour la construction de nouveaux oléoducs à laquelle s'opposent des organisations écologistes. Nous reconnaissons que l'industrie des sables bitumineux doit être concurrentielle dans le secteur mondial de l'énergie, non seulement en ce qui concerne les coûts de production, mais également sur le plan écologique, a déclaré dans un communiqué le patron de la division canadienne du groupe anglo-néerlandais Shell, John C. Abbott. Douze groupes (dont le français Total, l'américain ConocoPhillips, le britannique BP, le canadien Suncor et le norvégien Statoil) se sont réunis au sein de cette alliance. Le Canada et les grandes compagnies pétrolières s'opposent à la directive européenne sur la qualité des carburants, qui doit fixer une valeur d'émissions de gaz à effet de serre à chaque source de carburant, et donc pénaliser les sources non conventionnelles dont l'extraction nécessite souvent une plus grande quantité d'énergie. Les pays de l'Union européenne n'ont pas réussi à se mettre d'accord la semaine dernière sur un projet qui classerait le pétrole issu des sables bitumineux dans une catégorie très polluante, une perspective fortement contestée par le Canada et les groupes pétroliers. Les attentes du public sur le plan environnemental en ce qui concerne les sables bitumineux continuent à évoluer. Nous voulons répondre à ces attentes, a souligné M. Abbott.