Les cours du pétrole ont terminé en baisse, avant-hier, à New York, ballottés par des informations, pourtant rapidement démenties, prêtant aux Etats-Unis et au Royaume-Uni l'intention de recourir à leurs réserves stratégiques d'or noir pour faire baisser les cours. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril a cédé 32 cents par rapport à la clôture de la veille, à 105,11 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Les cours du WTI ont perdu jusqu'à 2,35 dollars après la publication d'informations indiquant que Londres et Washington envisageaient de puiser dans leurs réserves pour approvisionner le marché et donc apaiser les prix. L'information a cependant été rapidement démentie, permettant au marché de limiter nettement ses pertes. Les informations faisant état d'un accord (entre Etats-Unis et Royaume-Uni) sont inexactes. Nous consultons régulièrement les Britanniques sur les questions énergétiques et toutes les discussions que nous avons pu avoir se sont déroulées dans ce cadre, a indiqué un responsable de l'administration américaine ayant requis l'anonymat. "Nous allons continuer de surveiller la situation (des marchés énergétiques, ndlr) et de consulter" le Royaume-Uni et d'autres pays, a-t-il ajouté. Reste que le marché a perdu quelques plumes car la crainte (d'une telle intervention) est restée dans l'esprit des investisseurs, a expliqué Rich Ilczyszyn, de la maison de courtage iTrader. Des courtiers m'ont expliqué qu'ils avaient dû rapidement passer sur un autre contrat à terme, lorsque la fausse information est sortie, a-t-il indiqué. Maintenant, ils essaient de comprendre la direction que va prendre le marché, donc c'est une après-midi vraiment difficile pour beaucoup. Le marché reste surévalué de 10 à 15 dollars le baril, c'est ce que la chute d'aujourd'hui a montré, a souligné l'analyste. Or, dans le climat électoral dans lequel se trouvent les Etats-Unis, il faut s'attendre à une décision du président Barack Obama pour faire baisser les cours d'ici cet été, a-t-il avancé. Ce serait bon pour tout le monde. L'incertitude reste aussi toujours de mise pour le Moyen-Orient, ce qui continue de porter les cours et de compenser la hausse des réserves américaines de brut qui, selon les chiffres du département américain de l'Energie (DoE), ont progressé la semaine dernière, pour la quatrième semaine consécutive. Les réserves américaines continuent d'augmenter mais les inquiétudes sur l'approvisionnement au Moyen-Orient contrent ce facteur baissier, a observé Matt Smith, de Summit Energy (groupe Schneider Electric). L'Arabie saoudite s'est engagée hier à compenser tout baril perdu en raison des sanctions contre l'Iran, a rappelé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Mais les ressources en réserve deviennent de plus en plus limitées et les stocks mondiaux pourraient chuter, a averti Jason Schenker, de Prestige Economics. Sur le front américain, les dernières statistiques ont porté les cours en matinée, notamment les nouvelles inscriptions au chômage qui sont retombées à leur niveau de 2008. C'est le plus bas niveau en quatre ans et avec la hausse de l'activité manufacturière de la région de New York, ces deux éléments soutiennent les cours, a remarqué Andy Lipow. L'indice Empire State de mars, publié par la banque centrale américaine, a en effet montré une accélération pour le quatrième mois d'affilée, restant à son niveau le plus élevé depuis juin 2010. Le brut chute en Europe, mais brève Les prix du pétrole reculaient, avant-hier, en fin d'échanges européens, perdant brièvement jusqu'à 4 dollars à Londres après des informations de presse, démenties ensuite, sur des discussions entre Royaume-Uni et Etats-Unis sur un recours à leurs réserves stratégiques d'or noir. Peu avant la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril, dont c'est le dernier jour de cotation, s'échangeait à 123,70 dollars, en baisse de 1,27 dollar par rapport à la clôture de la veille. "Les prix du baril ont lourdement trébuché après la diffusion d'informations de presse évoquant un accord de principe entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis pour mettre sur le marché des barils issus des stocks stratégiques" de ces pays, expliquait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden. A la mi-séance, le Brent s'est enfoncé jusqu'à 120,97 dollars, son plus bas niveau depuis fin février, lâchant ainsi jusqu'à 4 dollars. Il a cependant promptement effacé la majorité de ses pertes dès les minutes suivantes. En juillet et août 2011, l'Agence internationale de l'Energie (AIE), qui regroupe les pays industrialisés, avait puisé un total de 60 millions de barils dans les réserves stratégiques de ses Etats-membres pour répondre à l'interruption de la production pétrolière en Libye. Cette décision avait contribué à faire nettement reculer les prix du pétrole. Dans le même temps, les tensions toujours vives entre l'Iran et les pays occidentaux, qui soupçonnent Téhéran de développer un programme nucléaire à visée militaire, entretiennent les inquiétudes sur l'offre mondiale d'or noir. Ainsi, selon un rapport de l'AIE publié mercredi, les exportations de pétrole iranien pourraient être réduites d'au moins un tiers à partir de mi-2012, avec une chute comprise entre 0,8 et 1 million de barils par jour (mb/j) due aux sanctions internationales contre le pays.