Les Bourses ont accusé, cette fin de semaine, un net recul, plombées par le ralentissement de la croissance chinoise, les inquiétudes persistantes sur la situation en Espagne et en Italie et la baisse plus importante que prévu du moral des ménages américains. La tendance des Bourses a été minée, dès les premiers échanges, par le ralentissement confirmé de la croissance chinoise, qui a atteint son niveau le plus faible en près de trois ans (+8,1% sur un an au premier trimestre). "Les investisseurs ne s'attendaient pas à un ralentissement aussi rapide. Il ne faut pas oublier que le moindre essoufflement de la Chine a un impact très fort sur l'économie mondiale", selon Frédéric Rozier, gérant d'actions chez Messchaert Gestion Privée. La tendance a aussi été affectée par la nette tension des taux d'emprunt de l'Italie et de l'Espagne sur le marché obligataire, les rendements espagnols à 10 ans flirtant de nouveau avec les 6%. Dans ce contexte anxiogène, la baisse du moral des ménages américains n'a fait qu'accentuer la déception. L'indice Eurostoxx 50 a perdu 2,58% La Bourse de Paris a clôturé en forte baisse de 2,47%, repassant sous les 3 200 points à 3189,09 points. Le secteur bancaire a été particulièrement attaqué, Société Générale cédant 5,79% à 17,80 euros, BNP Paribas 5,22% à 30,40 euros et Crédit Agricole 5,08% à 3,91 euros. Plusieurs valeurs cycliques ont lourdement pâti du ralentissement en Chine, à l'image de Peugeot (-5,15% à 9,84 euros), de Lafarge (-4,94% à 30,88 euros) ou de Vinci (-4,21% à 34,83 euros). L'Oréal a été la seule valeur du CAC 40 à parvenir à clôturer dans le vert (+1,15% à 92,14 euros) après avoir jugé le début de son exercice 2012 "prometteur". Et Gold by Gold a dévissé de 6,01% à 6,72 euros pour son premier jour de cotation à la Bourse de Paris. Madrid a plongé de 3,58% à 7.250,6 points, accablé par les mauvaises nouvelles. La dette des banques espagnoles envers la Banque centrale européenne a pulvérisé en mars le record déjà historique du mois précédent, pour atteindre 227,6 milliards d'euros. La forte tension a repris sur les taux d'emprunt de l'Italie et de l'Espagne sur le marché obligataire, les rendements espagnols à 10 ans flirtant de nouveau avec les 6%. Les valeurs bancaires étaient à la peine, Santander perdait 2,99% à 4,86 euros, BBVA 3,12% à 5,3332 euros, CaixaBank 1,80% à 2,62 euros et Bankinter 5,89% à 3,289 euros. Le géant pétrolier Repsol, au centre d'une dispute entre l'Espagne et l'Argentine, a perdu 2,73% à 17,47 euros. Milan a plongé de 3,43% à 14.359 points, minée par la série de mauvaises nouvelles, dont un nouveau repli de sa production industrielle en février. Les valeurs bancaires se sont effondrées à l'image de Banca Popolare di Milano, qui a lâché 8,17% à 0,3464 euro, de Banco Popolare (-7,12% à 1,122 euro), d'UBI Banca (-6,60% à 2,602 euros) et d'UniCredit (-6,01% à 3,034 euros). Buzzi Unicem a reculé de 4,64% à 7,405 euros, le fabricant de tubes en acier Tenaris de 4,13% à 13,45 euros et le groupe automobile Fiat de 3,72% à 3,988 euros. Francfort a chuté de 2,36% à 6 583,90 points, faiblissant nettement après l'annonce d'une baisse plus prononcée que prévue du moral des ménages aux Etats-Unis. Le fabricant de logiciels professionnels SAP a lâché 1,44% à 99,22 euros. Henkel et Beiersdorf ont perdu 0,02% à 54,75 euros et 0,73% à 48,77 euros. Les bancaires ont connu une mauvaise séance, Commerzbank perdant 4,25% à 1,64 euro et Deutsche Bank 3,21% à 34,03 euros. Londres a mieux résisté à la morosité ambiante, cédant 1,03% à 5.651,79 points. Les valeurs financières ont souffert, comme Man Group (-4,68% à 110 pence), les banques Barclays (-3,83% à 214,9 pence), Lloyds Banking Group (-3,63% à 30,75 pence) et la Royal Bank of Scotland (RBS) (-3,51% à 25,05 pence). Les valeurs liées aux matières premières ont également souffert, comme la pétrolière Tullow Oil (-2,17% à 1.443 pence) ou la minière ERNC (-2,65% à 570 pence). Bruxelles a perdu 1,53% à 2.229,68 points. Les valeurs du secteur financier ont particulièrement faibli: KBC a chuté de 4,98% à 14,30 euros et l'assureur Ageas (ex-Fortis) de 3,61% à 1,47 euro. Le numéro un mondial du zinc Nyrstar a perdu 2,53% à 6,16 euros et le groupe de tréfilerie Bekaert 2,35% à 22,84 euros. Lisbonne a cédé 0,75% à 5217,68 points, plombé par la chute d'une partie du secteur financier. La BCP a dévissé de 5,17% et la BPI a chuté de 4,82%. La BES s'est en revanche appréciée de 0,48%, après une dégringolade de 10,54% la veille. Le groupe pétrolier et gazier Galp Energia a chuté de 2,66%. La Bourse suisse a abandonné 0,87% à 6072,12 points. UBS a perdu 2,37% à 11,52 francs, tandis que Credit Suisse abandonnait 3,79% à 23,60 francs. Le groupe pharmaceutique Roche est la seule valeur du SMI dans le vert, en gagnant 0,19% à 157 francs. La Bourse d'Amsterdam a clôturé la semaine en baisse de 1,53% à 306,12 points. La hausse la plus forte a été enregistrée par le fabricant néerlandais de systèmes de lithographie pour l'industrie des microprocesseurs ASML, qui a gagné 0,17% à 37,21 euros. Parmi les rares valeurs à la baisse, la compagnie aérienne Air France-KLM a cédé 5,38% à 3,62 euros. Wall Street finit en baisse, plombée par le ralentissement chinois La Bourse de New York a fini la semaine en nette baisse, reculant dans le sillage d'indicateurs plutôt décevants, en dépit des résultats d'entreprises globalement encourageants aux Etats-Unis: le Dow Jones a cédé 1,05% et le Nasdaq 1,45%/ Selon les chiffres définitifs à la clôture, le Dow Jones Industrial Average a cédé 136,99 points à 12.849,59 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 44,22 points à 3 011,33 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a perdu 1,25% (-17,31 points) à 1 370,26 points. Wall Street avait ouvert en légère baisse et a creusé ses pertes au fil de la séance, terminant proche des niveaux les plus bas de la journée. Les statistiques économiques de la journée étaient plus ou moins en phase avec les attentes du marché, a relevé Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital, estimant que la baisse observée est la prolongation de la situation en Europe, " un jour en hausse, le lendemain en chute ". Alors que la place new-yorkaise bruissait la veille de rumeurs sur une possible accélération de l'activité chinoise, certains évoquant une croissance à 9%, ces chiffres ont été mal accueillis par le marché. C'est décevant, a estimé Gregori Volokhine, de Meeschaert New York car, à 8,1%, la croissance n'a pas assez ralenti pour que la Chine adopte des mesures monétaires, en baissant les taux d'intérêt pour stimuler l'économie, ce que le marché attend en général quand la croissance est au-dessous de 8%. En outre, les courtiers ont des réactions mitigées face aux résultats trimestriels, ont relevé les analystes de Charles Schwab. Ni les résultats supérieurs aux attentes des banques JPMorgan Chase et Wells Fargo, ni les chiffres du géant de l'internet Google n'ont suscité d'enthousiasme. Il semble que le marché souhaite remettre en cause la qualité des résultats, a expliqué M. Cardillo. Le marché obligataire a fini en hausse. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a baissé à 1,998% contre 2,049% la veille et celui à 30 ans à 3,148% contre 3,207%. Tokyo: le Nikkei gagne 1,19%, faible impact de la fusée nord-coréenne L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé la semaine en nette hausse de 1,19%, porté par la progression de Wall Street et des places européennes la veille, indifférente au tir raté de la fusée nord-coréenne, selon des courtiers. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a grimpé de 113,20 points pour finir à 9 637,99 points. Il a cependant cédé 0,52% durant les cinq séances de la semaine. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau est monté de son côté de 0,69%, prenant 5,60 points pour s'afficher à 815,48 points. L'activité a été plutôt intense, avec 2,15 milliards d'actions échangées sur le premier marché. Les investisseurs à Tokyo ont aussi vu d'un bon œil un recul du yen face au dollar et à l'euro. A la fermeture du marché tokyoïte (06H00 GMT), le dollar se situait aux environs de 81 yens et l'euro aux alentours de 106,70 yens, des niveaux supérieurs à leurs cours respectifs plusieurs heures auparavant. L'échec du lancement de la fusée nord-coréenne, engin qui est retombé en mer peu après son décollage, a peu influé sur le cours de la séance, ont observé les opérateurs. Cette tentative de placement en orbite d'un satellite avait mis les Etats d'Asie en alerte et déclenché de vives réactions au sein de la communauté internationale. Dans ce contexte, les donneurs d'ordres ont été très sélectifs. Parmi les groupes d'électronique, le titre Canon a augmenté de 1,34% à 3 790 yens, tandis que plusieurs autres ont au contraire nettement dévissé. L'action du fleuron Sony a dévissé de 5,50%, des investisseurs estimant hors de portée les objectifs financiers affichés par le géant à l'horizon 2014-2015, bien que la stratégie du groupe de se concentrer sur ses points forts et de réduire ses frais fixes soient jugée pertinents. A la clôture, le titre Sony a affiché une chute de 84 yens pour tomber à 1 444 yens. Le titre de son rival Panasonic a pour sa part perdu 2,99% à 650 yens et Sharp 2,47% à 514 yens. L'action du premier constructeur de voitures japonais, Toyota, a de son côté cédé 0,15% à 3 325 yens, quand celles de ses concurrents Honda et Nissan ont respectivement abandonné 0,17% à 2 925 yens et 0,60% à 825 yens. Les titres des groupes financiers ont en revanche fortement monté: celui de Mizuho Financial Group s'est élevé de 3,97% à 131 yens, Mitsubishi UFJ Financial Group de 3,61% à 402 yens, Sumitomo Mitsui Financial Group de 3,77% à 2 726 yens et Normura Holdings de 3,21% à 354 yens. Se sont également bien comporté les actions des fabricants d'engins de chantier Komatsu (+0,98% à 2 369 yens) et de robots Fanuc (+2,81% à 15 010 yens). A noter aussi la progression importante de la valeur Fast Retailing, propriétaire de la marque de vêtements Uniqlo. Elle a augmenté de 8,6% à 18 970 yens. Les investisseurs ont apprécié les bons résultats financiers semestriels du groupe annoncés la veille et tablent sur l'extension de l'activité d'Uniqlo hors du Japon. Le P-DG du groupe, Tadashi Yanai, pense que les revenus d'Uniqlo à l'étranger dépasseront ceux générés par la marque au Japon à l'horizon 2016. Il prévoit en effet l'ouverture de centaines de nouvelles boutiques à l'étranger, en mettant particulièrement l'accent sur une expansion rapide en Asie. Tokyo devrait rester ferme la semaine prochaine Les cours devraient rester fermes la semaine prochaine à la Bourse de Tokyo, les investisseurs espérant de bonnes nouvelles en provenance des Etats-Unis où la saison des résultats battra son plein. Avec l'échec du lancement de la fusée nord-coréenne, engin qui est retombé en mer peu après son décollage, la semaine à venir sera donc débarrassée des menaces qui pesaient sur la région, estiment les analystes. "Le dégât potentiel a été désormais écarté", a souligné Kenji Shiomura, analyste chez Daiwa Securities.Selon Kenji Shiomura, "désormais les yeux vont se tourner vers les résultats des entreprises américaines... et comme les attentes sont faibles, il pourrait y avoir de bonnes surprises". Les banques américaines Citigroup (lundi), Goldman Sachs (mardi), Bank of America (jeudi), le groupe Coca-Cola (mardi) ou encore le géant de l'informatique Microsoft douvent publier leurs résultats trimestriels la semaine prochaine. Pour Toshihiko Matsuno, analyste chez SMBC Friend Securities, "des résultats solides des poids lourds américains pourraient faire monter les indices (à Wall Street), ce qui fera ensuite progresser les indices japonais". "Le marché devrait être solide, les récentes chutes ayant contribué à sortir un peu de la surchauffe depuis le début de l'année", a estimé Kenji Shiomura.
