Mme Christine Lagarde, Directrice générale du FMI a indiqué, avant-hier, que si les pays pauvres ont bien résisté à la crise, ils sont actuellement à court d'options pour faire face à toute autre perturbation. "Les pays à faible revenu sont particulièrement vulnérables, avec des millions de pauvres, menacés par la ruine et la catastrophe économique", a-t-elle souligné lors d'une allocution consacrée à la conjoncture économique mondiale actuelle. Dans ce sens, elle a reconnu que grâce à la mise en œuvre de politiques saines, les pays pauvres "ont relativement bien résisté à la crise, mais ils sont aujourd'hui à court d'options pour parer à toute autre perturbation". Pour la patronne du FMI, le rétablissement d'une croissance mondiale solide et soutenue exige notamment de procéder à un ajustement budgétaire crédible, bien cadencé et adapté aux particularités de chaque pays, tout en menant des réformes pour améliorer la croissance et l'emploi. A l'évidence, a-t-elle poursuivi, pour parvenir à une croissance plus forte, les gouvernants doivent choisir le ''dosage approprié'' de politiques. Dans ce sens, elle a mis en garde qu'en cas de mauvais choix qui seraient ''lourds de conséquences'', le monde "risquerait de perdre une décennie de croissance et une génération de jeunes, et manquerait l'occasion de remettre l'économie mondiale d'aplomb". D'après les estimations actuelles du FMI, la croissance mondiale devrait se situer aux alentours de 3,5 % en 2012, a-t-elle avancé. Dans les pays avancés, la croissance devrait être nettement plus faible, à 1,5 % en 2012, avec une légère récession dans la zone euro. Quant aux marchés émergents et les pays en développement, elle a estimé qu'ils s'en sortent ''bien mieux'' et devraient connaître une croissance d'environ 5,75 %. Cependant, a-t-elle poursuivi, il y a aujourd'hui dans le monde 200 millions de personnes qui n'arrivent pas à trouver un travail, dont 75 millions de jeunes. "Nous avons devant nous une catastrophe en puissance, économique, sociale et humaine", a averti Mme Lagarde. Selon elle, dans les économies avancées, en Europe notamment, le problème est bien compris, mais les vues divergent profondément quant à la façon de le résoudre. Il y a essentiellement deux approches: celle de la croissance et celle de l'austérité, a-t-elle indiqué. Pour les tenants de la croissance, il faut davantage de relance par l'Etat, alors que les partisans de l'austérité avancent que les marchés surveillent le lourd endettement des Etats, et que ces derniers doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour se désendetter le plus rapidement possible. Mme Lagarde a noté qu'en temps normal, la politique monétaire extrêmement accommodante entraînerait une forte croissance de la demande. "Mais nous n'avons pas affaire à une conjoncture normale", a-t-elle dit, ajoutant qu'à elle seule, la machine monétaire ne suffit pas. En fait, selon elle, plusieurs freins agissent sur le système dont l'ajustement budgétaire et la faiblesse des banques. Dans les pays avancés, le ratio dette-PIB devrait atteindre 109 % en 2013, niveau le plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale, a-t-elle pronostique. "Il faut faire baisser ce chiffre", a déclaré la DG du FMI. Mme Lagarde a aussi engagé les pays à appliquer des réformes pour que les marchés des produits et du travail fonctionnent mieux, surtout dans les pays d'Europe du sud qui ont perdu en compétitivité par rapport à leurs partenaires commerciaux. Citant des analyses préliminaires du FMI sur les pays de la zone euro, elle a indiqué que sur une période de cinq ans, des réformes de grande ampleur des marchés des produits et de l'emploi et des régimes de retraite pourraient faire gagner 4,5% au PIB. Par ailleurs, elle a appelé à une plus grande coopération économique dans plusieurs domaines dont le rééquilibrage de l'économie mondiale, la réforme du secteur financier et le dispositif mondial de protection financière.