L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé jeudi de laisser inchangé son plafond de production, fixé depuis décembre à 30 millions de barils par jour (30 mbj) pour l'ensemble de ses Etats membres, a indiqué aux journalistes le ministre de l'Energie et des Mines Youcef Yousfi. C'était une excellente réunion, a commenté de son côté le ministre du Pétrole des Emirats arabes unis Mohammed bin Den Hamili. Le ministre saoudien Ali al-Nouaïmi s'est pour sa part dit satisfait. Plusieurs ministres du cartel avaient indiqué avant leur rencontre à Vienne être satisfaits de l'actuel plafond de production, mais s'étaient inquiétés de l'excès d'offre sur le marché mondial, coupable selon eux d'avoir alimenté la récente dégringolade des cours du baril. Ce plafond est en effet largement dépassé, de près de 2 mbj, notamment en raison d'une forte hausse de la production de brut ces derniers mois en Arabie saoudite, en Libye et en Irak Le Venezuela et l'Iran, les deux pays les plus conservateurs de l'organisation, avaient fermement mis en cause en début de semaine les pays du Golfe, coupables selon eux de grossir exagérément leur offre et de déstabiliser le marché. L'Opep inquiète pour la demande, mais soucieuse de préserver les prix Les pays de l'Opep, qui viennent de reconduire leur quota de production, s'inquiètent des risques d'un effondrement de la demande mondiale de brut dans un contexte économique incertain, mais se montrent avant tout soucieux d'enrayer la chute des prix du baril. Réunis mercredi et jeudi à Vienne, les douze ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont les pays pompent environ un tiers de l'offre mondiale d'or noir, ont exprimé leurs vives préoccupations face à la santé défaillante de l'économie mondiale. Le système capitaliste connaît une crise profonde qui a transformé en menace claire et imminente la possibilité d'un effondrement de la demande mondiale de pétrole, a lancé le ministre vénézuélien du Pétrole Rafael Ramirez. Le ralentissement de la croissance aux Etats-Unis et en Chine, les deux plus grands pays consommateurs de brut, tout comme la crise persistante de la zone euro, risquent d'accroître la pression sur la demande de brut, a renchéri son homologue angolais José Maria Botelho de Vasconcelos. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) n'a pas contribué à alléger l'ambiance, en révisant une nouvelle fois en baisse mercredi sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2012. Symptômes inquiétants, les stocks américains de brut évoluent à des niveaux plus vus depuis 1990, et les cours du baril se sont effondrés de 30 dollars en trois mois, tombant à Londres sous le seuil de 100 dollars. L'économie mondiale pourrait profiter de cette baisse des prix, qui agirait comme une sorte de stimulant pour la croissance, a avancé Gary Hornby, analyste de la firme énergétique britannique Inenco. Et c'est d'ailleurs autant pour soulager une économie mondiale à la peine que pour compenser la baisse des exportations iraniennes, minées par les sanctions internationales, que l'Arabie saoudite, principal producteur du cartel, a dit gonfler son offre depuis décembre. Mais la plupart des ministres de l'Opep ne l'entendent pas de cette façon: effrayés par la dégringolade des prix, beaucoup ont indiqué leur souhait de voir les cours remonter au-dessus de 100 dollars. Des prix stables au-dessus de 100 dollars représentent le minimum nécessaire pour que les ressources pétrolières continuent d'être développées, a insisté M. Ramirez, une opinion partagée par ses homologues angolais et libyen. L'Iran et le Venezuela, les membres les plus conservateurs du cartel, ont mis fermement en cause les pays du Golfe, accusés selon eux d'entretenir un excès de production. Alors que l'offre cumulée du cartel se hissait en mai à 31,86 millions de barils par jour (mbj) selon l'AIE, les ministres de l'Opep se sont accordés jeudi à reconduire leur plafond de production de 30 mbj décidé en décembre, en se contentant d'exiger une meilleure discipline collective. Et avec l'espoir qu'une baisse de l'offre d'or noir suffise à stabiliser les prix. Les Saoudiens étaient probablement désireux de parvenir à un consensus, et puisque leur niveau de prix idéal, qu'ils avaient précédemment fixé à 100 dollars, a été atteint, il serait logique de les voir restreindre effectivement leur offre, a commenté Filip Petersson, analyste de la banque suédoise SEB. Cependant, si les prix se maintiennent à leur niveau actuel sans plonger plus bas, une véritable baisse de la production de l'Opep pourrait s'avérer malgré tout fort hypothétique, a-t-il averti. De fait, les exportations saoudiennes diminuent de toute manière sensiblement durant l'été, en raison d'une plus grande consommation interne de brut pour alimenter les systèmes de climatisation. Par ailleurs, le renforcement traditionnel de la consommation pétrolière dans l'hémisphère nord durant l'été et à l'approche de l'hiver pourrait contribuer à absorber l'excédent de pétrole sur le marché, a ajouté M. Petersson. Le plafond de production actuel est à un niveau satisfaisant Le ministre angolais du Pétrole José Botelho de Vasconcelos a estimé que le plafond de production de l'Opep décidé en décembre était à un niveau satisfaisant, renforçant les attentes d'un statu quo lors de la réunion des ministres du cartel dans l'après-midi. Le plafond de production fixé en décembre est à 30 millions de barils par jour, je pense qu'il s'agit d'un niveau satisfaisant, a indiqué M. Botelho de Vasconcelos en marge d'un séminaire organisé à Vienne par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). C'est l'objectif de notre organisation d'arriver à un consensus, a-t-il ajouté. Les 12 ministres de l'Opep se sont réuni, jeudi après-midi, à huis clos pour réexaminer ce plafond décidé lors de leur dernière réunion. Le ministre koweïtien Hani Hussein a laissé entendre la veille que ce plafond de 30 mbj, pour l'ensemble de la production du cartel, devrait être reconduit. Cependant, cette limite est loin d'être respectée puisque l'offre totale de l'Opep se hissait en mai à 31,86 mbj, selon des chiffres de l'Agence internationale de l'Energie (AIE), gonflée par une forte hausse de la production en Arabie saoudite mais aussi en Libye et en Irak. Nous discuterons sans doute de ce problème d'excès d'offre sur le marché pétrolier, parce que nous avons besoin d'un bon niveau de prix, a expliqué M. Botelho de Vasconcelos. Le prix du Brent tourne ce matin autour de 97 dollars le baril, et pour nous, un meilleur prix serait plutôt autour de 100 dollars, bien sûr, a-t-il souligné. Minés par un contexte économique morose et la surproduction d'or noir à l'échelle mondiale, les prix du pétrole se sont effondrés de 30 dollars en l'espace de trois mois, glissant à Londres à des niveaux plus vus depuis un an et demi, et sombrant mercredi à New York à un nouveau plus bas en huit mois. Nous nous inquiétons toujours de la situation des prix, a renchéri le ministre libyen du Pétrole Abdelrahmane Ben Yazza. Si les prix tombent sous 90 dollars le baril à Londres, il faudra que (les ministres de l'Opep) se réunissent et prennent une décision, a-t-il déclaré aux journalistes.