Les cours du cacao, du café et du sucre ont grimpé de concert la semaine dernière, portés par un regain d'inquiétude sur les récoltes en cours dans les grands pays producteurs, mais aussi dopés vendredi par un sommet européen salué par les opérateurs, et par un fléchissement du dollar. Cacao Les prix de la fève brune, après être descendus lundi dernier à leurs plus bas niveaux depuis trois semaines à Londres comme à New York, ont rebondi avec vigueur, dopés par les craintes persistantes sur la qualité des récoltes en Côte d'Ivoire (un tiers de l'offre mondiale de cacao). "Les fèves récoltées en Afrique de l'ouest cette saison ne sont pas de très bonne qualité, elles sont plus petites que d'habitude, cela signifie qu'il en faut davantage pour arriver au produit fini", c'est-à-dire le chocolat, a rapporté la revue spécialisée Public Ledger. Les plantations ivoiriennes avaient souffert en janvier et février de vents secs et violents. Les cours ont également été portés à la fin de la semaine dernière par la conclusion d'un accord sur le renflouement des banques européennes lors d'un sommet de l'Union européenne (UE), le fléchissement du dollar face à un euro revigoré rendant plus attractifs les achats de cacao à New York, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en septembre valait 1566 livres sterling vendredi dernier vers 13H30 GMT/15h30 HEC contre 1486 livres sterling le vendredi précédent vers 10H30 GMT. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en septembre valait 2269 dollars la tonne contre 2137 dollars une semaine plus tôt. Café Les prix du café ont nettement progressé la semaine dernière, montant même mercredi à 168,55 cents la livre à New York, son plus haut niveau depuis un mois. "Durant des mois, la perspective d'une récolte record au Brésil (principal producteur de café,) a pesé sur les cours, mais les attentes du marché doivent être désormais revues en baisse" en raison d'estimations d'experts plus modérées, a expliqué Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank. Le département de l'Agriculture américain table ainsi sur une récolte brésilienne de 40,2 millions de sacs (de 60 kg) pour la saison 2011-2012, soit bien moins que la récolte historique de 41,8 millions de sacs enregistrée en 2010-2011. Par ailleurs, la récolte en Colombie (troisième exportateur mondial de café) "menace d'être aussi mauvaise que l'an dernier en raison de maladies dans les plantations et d'un vaste programme de renouvellement des plants" qui mettra encore quelque temps pour porter ses fruits, a ajouté M. Fritsch. Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en septembre valait 2 138 dollars vendredi vers 13H30 GMT contre 2 071 dollars le vendredi précédent vers 10H30 GMT. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en septembre valait 166,65 cents contre 157,95 cents sept jours auparavant. Sucre Les cours du sucre ont renforcé leur hausse la semaine dernière, dans un marché "poussé par les inquiétudes sur de mauvaises conditions météorologiques" dans plusieurs grands pays producteurs, selon Sudakshina Unnikrishnan, analyste de Barclays Capital. Ainsi, "des pluies excessives au Brésil (premier exportateur de la planète, ndlr)", qui ont perturbé les acheminements de sucre dans le pays, "apportent un soutien aux prix, tout comme le retard dans l'arrivée de la mousson en Inde (deuxième plus gros pays producteur)", où les pluies depuis début juin sont 25% plus faibles que les normales saisonnières, a indiqué Mme Unnikrishnan. Le marché du sucre a par ailleurs également fortement accru ses gains vendredi, partageant la bonne humeur des autres marchés de matières premières. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en août valait 604,50 dollars vendredi dernier, contre 604 dollars une semaine plutôt. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en juillet cotait 20,81 cents contre 20,56 cents sept jours auparavant. Dopées par une météo très chaude, les céréales poursuivent leur envol Les cours des produits agricoles ont poursuivi leur nette progression la semaine dernière à Chicago, dopés par une météo toujours très chaude et sèche en ce début d'été. Dès le début de la semaine dernière, les analystes se sont inquiétés du déclin de la qualité des récoltes de maïs, en particulier après la diffusion d'un rapport du ministère américain de l'Agriculture, l'USDA et que nous avons évoqué dans notre édition d'hier. Dans leur rapport hebdomadaire sur l'état des cultures, les analystes de l'USDA estiment qu'au 24 juin, 56% des plants de maïs pouvaient être considérés comme de qualité "bonne ou excellente" contre 63% la semaine passée et 68% l'an dernier. "Cette baisse est bien supérieure aux attentes, ce qui laisse présager une baisse des rendements des récoltes. Nous avons donc baissé nos estimations de production et nous nous attendons à un resserrement de l'offre qui va se traduire par une hausse des prix", a relevé Bill Nelson, courtier de Doane Adisory Services. Concernant les cultures de soja, 53% des cultures sont jugées bonnes à excellentes contre 56% la semaine passée et 65% l'an dernier. Comme depuis quelques semaines, la météo est restée le principal facteur d'évolution des prix au cours des dernières séances, a noté Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale. Les investisseurs surveillent en particulier le déficit de précipitations dans le Midwest, grenier des Etats-Unis, dans le centre du pays, les températures se maintenant parallèlement au-dessus de la normale. Dans l'attente de la publication de chiffres très attendus sur les stocks et les estimations de semis et de stocks de l'USDA, les courtiers avaient équilibré leur portefeuilles, ce qui s'était traduit par un bref, et léger, repli des cours jeudi, avant de repartir en hausse après la publication de ce rapport. Au final, "les stocks sont plus élevés que prévu pour le blé et le soja, moins pour le maïs, mais les semis étaient plus importants que prévu pour le maïs et moins pour les autres", a résumé Bill Nelson. Au-delà de ce rapport, que "certains courtiers considèrent comme l'un des plus déterminants de l'année", comme l'a noté Paul Georgy, de Allendale, les courtiers restaient focalisés sur la météo. "La situation devient de plus en plus difficile pour les fermiers", a déploré Bill Nelson. "Si ces conditions de météo très sèches et extrêmement chaudes se poursuivent jusqu'à la fin du mois de juillet, ils pourraient perdre près de l'intégralité de leurs récoltes", s'est-il alarmé. Les Etats-Unis sont les premiers producteurs mondiaux de soja et de maïs et les premiers exportateurs de blé. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en juillet évoluait à 6,6150 dollars vendredi contre 5,9025 dollars sept jours auparavant, à la clôture. Le boisseau de blé à même échéance valait 7,2800 dollars contre 6,7325 dollar une semaine auparavant. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en juillet s'échangeait à 14,8575 dollars contre 14,4150 dollars une semaine plus tôt à la clôture.