Une réunion de suivi technique entre l'Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire controversé de Téhéran a débuté, hier, à huis clos à Istanbul, a indiqué une source diplomatique de l'Union européenne. Elle a coïncidé avec la commémoration de l'anniversaire de la catastrophe de l'Airbus d'Iranair abattu par erreur par un navire de guerre américain au dessus du Golfe le 3 juillet 1988. Cette catastrophe avait fait 290 morts. La rencontre est en cours, a déclaré cette source, précisant que la réunion avait lieu entre experts en physique nucléaire du groupe 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU - Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni - et l'Allemagne) et de l'Iran, sans la participation de diplomates. La réunion avait été annoncée lors du dernier sommet des 5+1 avec l'Iran en juin à Moscou, permettant d'éviter une rupture totale du processus diplomatique. Elle est entièrement fermée à la presse et son lieu a été tenu secret. La réunion intervient alors que l'Iran a accusé mardi les pays occidentaux de traîner les pieds dans les négociations. Si les Occidentaux refusent de reconnaître les droits nucléaires de l'Iran, en particulier l'enrichissement d'uranium, et de conclure un accord équilibré, les négociations peuvent aboutir à une impasse, a estimé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast. Ce refus renforce l'idée qu'il y a peut-être un désir de faire durer les négociations et empêcher leur succès, a affirmé M. Mehmanparast, lors de son point de presse hebdomadaire. Les grandes puissances demandent à l'Iran de suspendre son enrichissement d'uranium à 20%, jugé dangereusement proche de l'uranium enrichi à 90% utilisable pour une bombe atomique, d'en envoyer son stock à l'étranger, et de fermer un site d'enrichissement souterrain. L'Iran affirme que cet uranium enrichi à 20% sert uniquement à fabriquer du combustible pour son réacteur de recherche et médical de Téhéran, et refuse tout abandon de ce qu'il considère comme un droit dans le cadre de Traité de non-prolifération nucléaire dont il est signataire. L'Iran a tiré des missiles contre la réplique d'une base étrangère L'Iran a tiré une série de missiles balistiques, dont certains capables de frapper Israël, lors d'exercices dans le centre du pays simulant l'attaque d'une base étrangère dans la région, ont annoncé, hier, les médias. Des missiles Shahab 1, 2 et 3, Qiam, Fateh et Tondar ont été tirés dans le cadre des manœuvres Grand Prophète 7, a annoncé la chaîne de télévision en arabe Al Alam. Le Shahab 3, d'une portée de 2 000 km, est l'un des missiles balistiques de la panoplie iranienne capable d'atteindre Israël ou les bases américaines au Moyen-Orient. Les autres missiles utilisés dans cet exercice ont des portées variant entre 200 et 750 km. Ces manœuvres de trois jours, menées par les Gardiens de la révolution, la garde prétorienne du régime, sont destinées à envoyer un message aux nations aventureuses qui seraient tentées d'attaquer l'Iran, selon le général Amir Ali Hajizadeh, commandant des forces missilières iraniennes. Organisées dans le Dasht-e-Kavir, désert du centre de l'Iran où a été construite une réplique d'une base aérienne appartenant à une force extérieure à la région, elles doivent permettre de vérifier la précision et l'efficacité des tirs de ces missiles, a précisé Téhéran. Les dirigeants iraniens menacent régulièrement de frapper non seulement Israël mais également les bases américaines dans le Golfe et au Moyen-Orient si l'Iran est attaqué. Les missiles constituent le seul armement de l'Iran capable de frapper des objectifs hors de ses frontières en l'absence d'une aviation moderne ou d'une marine de haute mer assez puissante. Les missiles visant la base ont été tirés avec 100% de succès depuis plusieurs régions différentes du pays, a indiqué le général Hossein Salami, numéro 2 des Gardiens de la révolution cité par l'agence Fars. Cet exercice manifeste la détermination, la volonté et la capacité du peuple iranien à défendre ses intérêts nationaux, a-t-il ajouté. Les manœuvres doivent durer jusqu'à aujourd'hui, et incluront des attaques de drones-bombardiers, a indiqué de son côté l'agence Isna. Il n'existe aucune information fiable et précise sur le nombre de missiles que l'Iran possède. Téhéran affirme que sa panoplie comprend une cinquantaine de modèles différents, pour la plupart dérivés d'engins russes, chinois ou nord-coréens. Selon des experts occidentaux, l'Iran disposerait au moins de plusieurs dizaines de missiles balistiques Shahab 3 et Sejil 2, capables de frapper Israël ou des objectifs américains. Des députés veulent fermer Ormuz aux pétroliers allant vers l'UE Quelque 100 députés du Parlement iranien ont signé une proposition de loi visant à interdire le passage du détroit d'Ormuz aux pétroliers se rendant vers les pays européens qui ont imposé des sanctions contre le pétrole iranien, ont rapporté, avant-hier, les médias iraniens. Ce projet est une réponse aux sanctions pétrolières de l'Union européenne contre la République islamique, a déclaré Ebrahim Agha Mohammadi, membre de la commission des affaires étrangères du Parlement, cité par la presse officielle. Selon ce projet, le gouvernement a le devoir d'empêcher le transit des pétroliers transportant du pétrole vers les pays qui ont imposé des sanctions pétrolières contre l'Iran, a-t-il ajouté. Il a précisé que le projet serait déposé avec la mention priorité devant le bureau du parlement. L'Union européenne a décrété à partir du 1er juillet un embargo total sur l'achat mais aussi le transport de pétrole iranien, qui n'est plus garanti par les assureurs européens, couvrant 90% du trafic maritime pétrolier mondial. Selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ces sanctions, annoncées en janvier, auraient provoqué depuis le début de l'année une baisse de 30% des exportations iraniennes de brut, tombées en mai à 1,5 million de barils/jours contre plus de 2,1 mb/j fin 2011. Les dirigeants iraniens rejettent ces estimations et affirment au contraire que les exportations sont stables et que la production a augmenté à 3,75 mb/j. Ces derniers mois, l'Iran a menacé à plusieurs reprises de fermer le détroit d'Ormuz, par lequel transite 35% du pétrole brut transporté par voie maritime dans le monde, en cas de sanctions contre ses exportations pétrolières. Mais ensuite, des responsables politiques et militaires ont affirmé qu'ils n'avaient pas l'intention de mettre à exécution ces menaces. Les Américains renforcent leur présence militaire dans le Golfe Les Etats-Unis ont renforcé leur présence militaire dans le Golfe afin d'empêcher toute fermeture du détroit d'Ormuz et de pouvoir frapper l'Iran en cas de crise majeure, a rapporté le New York Times (NYT), hier. Ce renforcement discret vise à rassurer Israël que Washington prend au sérieux la poursuite du programme nucléaire controversé de Téhéran et à garantir la libre circulation des pétroliers par Ormuz, a rapporté le quotidien en citant un haut responsable du Pentagone. Selon ce responsable, le message adressé au Iraniens est le suivant: " ne pensez pas une seule seconde à fermer le détroit, nous enlèverons les mines. N'imaginez pas pouvoir envoyer vos vedettes rapides pour harceler nos navires de guerre ou de marine marchande, car nous les coulerons ". La marine américaine dispose de huit dragueurs de mines, deux fois plus qu'en temps normal, et des avions furtifs F-22 ainsi que des chasseurs bombardiers F-15 ont été déployés sur des bases régionales, en plus des porte-avions et des forces les accompagnant, d'après le NYT.