La bonne gouvernance d'entreprise peut-elle se faire sans la bonne gouvernance de l'administration ? Tel est le point soulevé par l'ex-ministre des Finances, M. Abdelatif Benachenhou, lors d'un séminaire, organisé, hier, au Cerist de Ben Aknoun, qui a porté sur la gouvernance d'entreprise et les chemins de la performance. M. Abdelatif Benachenhou, estime que l'entreprise algérienne privée qui est sur la rampe de lancement, ne peut pratiquer une bonne gouvernance d'entreprise sans un travail en amont avec l'administration et l'élaboration d'un code de la bonne gouvernance qui répond aux besoins des entreprises en Algérie. M. Benachenhou, a révélé qu'"il existe en Algérie différents types d'entreprises, qui sont gérées de façons différentes, et qui manquent pour l'essentiel de professionnalisme en matière de gouvernance". Il a rappelé que le chiffre d'affaires de la première entreprise algérienne privée, est analogue à celui de la 197e entreprise française. Ce qui révèle, selon M. Benachenhou, la fragilité de l'entreprise algérienne privée qui reste une entreprise familiale. En outre, l'ex-ministre des Finances a signalé que les banques étrangères qui ont investi en Algérie n'octroient pas assez de crédits pour les entrepreneurs algériens. Certes, elles ont apporté une meilleure qualité de services, mais néanmoins, les entrepreneurs privés continuent d'avoir des difficultés pour obtenir des crédits bancaires. L'amélioration de la gouvernance d'entreprise permettra d'accroître le flux des capitaux vers ces entreprises et vers le marché. Les avantages d'une bonne gouvernance dans l'entreprise algérienne va optimiser l'efficacité opérationnelle et financière ainsi que l'accès aux financements extérieurs. Dans ce contexte M. Benachenhou a plaidé pour une revalorisation des salaires dans l'administration publique pour améliorer son efficacité. D'autre part, M. Olivier de Velp, directeur du programme Euro-développement PME (EDPME), a plaidé, lors de son intervention, pour la mise en place d'un code de la gouvernance d'entreprise et l'adhésion des entreprises familiales à ce concept. Il estime que le challenge spécifique pour l'entreprise familiale en Algérie est de faire la distinction entre les rapports familiaux et professionnels et de maîtriser la gestion de la croissance qui devient complexe avec la succession des générations. Le directeur du programme EDPME a souligné qu'il y a une différence entre la gouvernance d'entreprise et la gouvernance publique, l'éthique des affaires ou encore la responsabilité sociale et communautaire, en ajoutant que "la gouvernance d'entreprise peut ajouter de la valeur à l'entreprise, mais aussi aux investisseurs et à l'économie". Rappelons que la gouvernance d'entreprise fait référence aux structures et aux méthodes de gestion et de contrôle des sociétés. Elle concerne les relations entre le gestionnaire, le conseil d'administration, les actionnaires et autres acteurs économiques. En 2003, un seul pays de la région Mena, Oman, avait un code de la bonne gouvernance d'entreprise. Aujourd'hui, 12 pays de la région sont en train d'installer un code de bonne gouvernance d'entreprise.