Les prix du pétrole se repliaient, avant-hier, en fin d'échanges européens, dans un marché sans grand volume et pénalisé par une série de statistiques économiques décevantes en Chine, qui avivaient les craintes sur la demande énergétique du deuxième pays consommateur de brut. Peu avant la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord, échangé sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, pour livraison en septembre, valait 112,67 dollars, en baisse de 55 cents par rapport à la clôture de la veille. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 49 cents, à 92,87 dollars. Après s'être hissé la veille à 113,52 dollars, un sommet depuis trois mois, le cours du Brent perdait du terrain, avant-hier, "un repli provoqué par les chiffres médiocres des importations chinoises de brut", expliquaient les analystes de Commerzbank. Selon des chiffres officiels publiés, les importations chinoises de pétrole brut ont reculé de 2,6% en juillet par rapport au mois précédent, pour s'établir à 21,83 millions de tonnes (soit l'équivalent de 5,14 millions de barils par jour), leur plus bas niveau en neuf mois. Par ailleurs, l'annonce d'un fort repli de l'excédent commercial du pays en juillet, plus prononcé qu'attendu, renforçait les inquiétudes sur le ralentissement de la croissance économique chinoise. Jeudi, la Chine avait fait état d'une décélération de sa production industrielle en juillet. "Les chiffres des exportations chinoises sont très au-dessous des attentes du marchés, et cela a plombé l'ensemble des marchés dans les échanges asiatiques", observait David Hufton, analyste du courtier PVM. Récemment, de mauvais indicateurs en Chine tendaient à doper les prix du pétrole, car "cela semblait garantir aux yeux des investisseurs une intervention de la Banque centrale chinoise pour stimuler l'économie", mais cela n'a pas été le cas, avant-hier, car les statistiques du commerce extérieur chinois "ont été une trop grosse déception" à digérer, notait M. Hufton. Le ralentissement en Chine ressemble de plus en plus à un atterrissage en urgence faisant craindre que le moteur de la croissance mondiale ne s'enlise dans le sillage de l'Europe, et en raison de ses propres problèmes économiques internes, a noté Phil Flynn, analyste à Price Futures Group, mettant en avant le risque d'une baisse de la demande de pétrole dans ce pays. Par ailleurs, quand plusieurs organismes importants, en une semaine, revoient à la baisse leurs prévisions pour l'économie mondiale, et pour la consommation mondiale de pétrole, cela conduit forcément le marché à la baisse, a souligné James Williams de WTRG Economics, ajoutant qu'une économie faible se traduit toujours par des prix bas. Selon le rapport mensuel de l'AIE, organisation représentant les pays consommateurs basée à Paris, la progression de la demande de pétrole pourrait être restreinte de 0,9 million de barils par jour (Mb/j) en 2012 et 0,8 Mb/j en 2013, soit 0,3 Mb/j et 0,4 Mb/j de moins que la précédente prévision. L'AIE impute ce ralentissement à une croissance économique molle, des prix élevés du baril et la réduction des besoins en or noir de la Chine et des Etats-Unis. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait légèrement relevé la veille sa prévision de demande mondiale de brut pour 2012, soutenue entre autres par la canicule dans certaines régions comme aux Etats-Unis, mais soulignait que l'horizon pour 2013 restait rempli de turbulences. Le cartel ajoutait dans son rapport mensuel qu'une révision à la baisse de la prévision 2013 était plus probable qu'un relèvement. M. Williams a enfin mentionné un rapport mensuel de l'Agence américaine de l'énergie, publié mardi, qui a révisé à la hausse les prix du brut. Le Brent échangé sur la place londonienne restait cependant toujours soutenu par la perspective d'interruptions à court terme de nombreuses plateformes en mer du Nord pour maintenance annuelle, qui devraient entraîner une perte de production de quelque 55 000 barils par jour sur l'ensemble du mois de septembre selon les experts de JBC Energy. Dopé par cette perspective, le Brent a récemment creusé l'écart avec le WTI new-yorkais, et la différence entre les deux prix de référence s'établissait vendredi autour de 20 dollars, le plus important écart depuis septembre 2011. En Asie, les cours du pétrole étaient sans direction, avant-hier, entre des statistiques américaines qui rassuraient les investisseurs sur une possible remontée de la demande du brut aux Etats-Unis et un renchérissement du dollar qui pèse sur les prix de l'or noir. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre s'appréciait de 1 cent à 93,37 dollars US dans les échanges matinaux, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance cédait 4 cents à 113,18 dollars. "Malgré l'optimisme dû aux chiffres sur l'emploi aux Etats-Unis, un dollar plus fort a pesé sur les cours", a noté le courtier IG Markets.