L'Irak a posé un ultimatum au géant pétrolier français Total, sommé de rompre ses liens avec la région autonome du Kurdistan irakien (nord) ou de vendre ses parts dans un champ pétrolier majeur dans le sud de l'Irak. Le vice-Premier ministre irakien chargé de l'Energie, Hussein al-Chahristani, a également affirmé que Bagdad pourrait offrir aux compagnies pétrolières étrangères des contrats plus lucratifs, admettant que de récentes enchères pour l'attribution de contrats d'exploration n'avaient pas donné les résultats souhaités. Pour clore cette affaire, il a été demandé (à Total) de se retirer du champ pétrolier de Helfaya (sud), en lui donnant la possibilité de vendre sa part à d'autres sociétés, ou bien de rompre son contrat avec le Kurdistan, a expliqué le vice-Premier ministre. Total a annoncé qu'il avait signé des contrats au Kurdistan et à cause de cela, le ministère du Pétrole lui a dit qu'il enfreignait la loi irakienne, a souligné M. Chahristani. S'il met fin à son contrat avec le Kurdistan, il peut exploiter le champ d'Halfaya, a-t-il ajouté. Il n'a pas précisé le délai fixé à Total pour prendre une décision. Le Kurdistan a signé des dizaines de contrats pétroliers avec des compagnies étrangères sans l'approbation de Bagdad, qui exige que ce type de négociations passe par son ministère du Pétrole et considère comme illégal tout contrat conclu en dehors de ce circuit. Total avait indiqué le 31 juillet avoir signé un accord lui permettant de prendre part à l'exploration pétrolière au Kurdistan irakien. En juin, le gouvernement irakien avait pourtant prévenu les compagnies françaises que tout contrat avec Bagdad serait annulé si elles signaient d'autres contrats avec des autorités locales ou régionales. En juillet, Bagdad avait déjà annoncé que Chevron ne pourrait plus travailler en Irak, en dehors du Kurdistan, car le géant pétrolier américain avait acquis sans son approbation deux permis pétroliers dans la région autonome. Bagdad avait menacé ExxonMobil de représailles similaires. Total est un membre minoritaire d'un consortium mené par le chinois CNPC et choisi, lors d'enchères en décembre 2009, pour exploiter champ de Halfaya dans la province de Mayssan (sud). Le champ, qui a des réserves connues de 4,1 milliards de barils, a commencé officiellement à être exploité le mois dernier. La production doit atteindre 535 000 barils de pétrole par jour d'ici cinq ans. Les relations entre Bagdad et les autorités du Kurdistan sont au plus bas en raison de différends notamment sur le dossier stratégique des hydrocarbures. En effet, les contrats de partage de production proposés par le Kurdistan sont beaucoup plus lucratifs que les contrats de service du gouvernement fédéral, qui offrent un prix fixe par baril de brut. Du coup, les compagnies pétrolières sont de plus en plus tentées de passer outre l'ire de Bagdad. Conscient du problème, M. Chahristani a indiqué dimanche que le ministère du Pétrole menait une étude pour améliorer le modèle de contrat afin de le rendre plus attractif pour les compagnies pétrolières. Le quatrième round d'enchères n'était pas à la hauteur de nos espoirs, et ce parce que les termes des contrats ... étaient très durs et ne récompensaient pas la prise de risque par les compagnies, a-t-il dit. L'Irak a des réserves prouvées de 143,1 milliards de barils de pétrole, parmi les plus importantes au monde. L'Irak annonce être devenu 2ème producteur de l'Opep devant l'Iran L'Irak est devenu le deuxième producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devant l'Iran, sa production s'élevant désormais à 3,2 millions de barils par jour (mbj), a annoncé le vice-Premier ministre irakien. La production pétrolière est désormais de 3,2 mbj, plus élevée que d'autres pays comme l'Iran, les Emirats arabes unis et le Koweït, a déclaré aux journalistes Hussein al-Chahristani, vice-Premier ministre chargé de l'Energie. L'Irak cherche à augmenter sa production et ses exportations de pétrole, principale source de revenus de l'Etat, alors que l'Iran est soumis à des sanctions économiques visant notamment son secteur pétrolier, en raison de son programme nucléaire controversé. Dans son dernier rapport sur les marchés en août, l'Opep établit la production de l'Irak à 3,079 mbj en juillet, celle de l'Iran à 2,817 mbj. Ces chiffres représentent 400 000 b/j de plus pour l'Irak depuis fin 2011 et 700 000 b/j de moins pour l'Iran. L'écart est susceptible d'augmenter, l'Irak envisageant de développer sa production dans les prochaines années grâce notamment à la signature de plusieurs contrats d'extraction avec des sociétés étrangères. Selon le ministre du Pétrole Abdelkarim al-Louaybi, Bagdad souhaite augmenter sa production à 3,4 mbj cette année et les exportations à 2,6 mbj.