“L'Organisation des pays exportateurs de pétrole est prête à accroître, si nécessaire, sa production, mais on ne sait pas si elle devra le faire avant la fin de l'année”, a déclaré dimanche le président de l'Opep, Mohammed Al-Hamli, également ministre de l'Energie des Emirats arabes unis. Dans sa première interview officielle depuis son arrivée au début de l'année à la tête du cartel, M. Al-Hamli a indiqué que l'Opep est préoccupée par l'impact potentiel des niveaux élevés des cours pétroliers sur l'économie mondiale mais voit peu de signes d'une croissance mise à mal par les coûts accrus de l'énergie. "Nous sommes préoccupés par les prix plus élevés parce que nous ne voulons pas passer par une récession", a déclaré M. Al-Hamli à Reuters. “Il y a, jusqu'à présent, peu de signes d'un impact de cette évolution sur l'expansion”, a-t-il estimé, ajoutant que l'économie mondiale devrait connaître cette année encore une croissance forte, comme en 2006, en dépit de cours pétroliers élevés. En termes réels, ajustés de l'inflation et de la faiblesse du dollar, le coût du baril n'est pas supérieur à son niveau d'il y a trois décennies, a-t-il assuré, estimant ne pas avoir de "chiffre magique" pour dire où les cours devraient se situer. Le président de l'Opep a cependant estimé qu'une augmentation de production aurait peu d'effet en matière de détente des prix car l'approvisionnement du marché reste selon lui suffisant. Les stocks mondiaux de brut sont bien au-dessus de leur moyenne sur cinq ans, fait-il valoir. "Si nous voyons un besoin accru de brut, nous en fournirons plus. Mais si nous fournissons davantage actuellement, cela ira directement dans les stocks", a-t-il estimé. A l'instar d'autres responsables de l'Opep, M. Al-Hamli a jugé qu'un approvisionnement tendu en matière de produits raffinés aux Etats-Unis, des investissements spéculatifs de fonds sur le marché et des tensions politiques internationales ont fait grimper les cours. Par ailleurs, il a ajouté que la saison des ouragans aux Etats-Unis, qui a causé des dégâts dans l'industrie pétrolière sur place il y a deux ans, pourrait aussi faire monter les cours. "Je ne pense pas que les gens comprennent la puissance de ces facteurs. La saison des ouragans va accroître le pression sur le premier marché mondial en termes de consommation" de brut, a-t-il assuré. Loin de répondre clairement aux pays consommateurs d'or noir, qui appellent régulièrement le cartel à accroître sa production pour faire baisser les cours, les déclarations du président de l'Opep semblent avoir rassuré à un certain degré les marchés. En effet, les cours du brut s'inscrivaient en repli hier. Vers 10h40 GMT, le Brent de la mer du Nord recule de 31 cents à 77,33 dollars. Il avait touché 78,40 dollars la semaine dernière, s'arrêtant à quelques cents de son précédent record de 78,65 dollars touché en août 2006. Le brut léger US abandonne 28 cents à 75,51 dollars. Il faut dire que ces déclarations sont interprétées comme le signal d'un possible relèvement des quotas de production dans les prochains mois. L'Opep avait, pour l'heure, refusé d'augmenter son offre de brut afin de contrer la flambée des prix. Le secrétaire général de l'Organisation avait même estimé, mi-juillet, que "les prix élevés du pétrole n'étaient en aucune façon liés à l'approvisionnement en pétrole brut". Les analystes disent que le brut est aussi tiré à la baisse par une information selon laquelle le responsable des études de l'Opep a déclaré que le juste prix pour les producteurs et les consommateurs serait aux environs de 60-65 dollars.