Sourde depuis le début de l'été aux appels à augmenter ses niveaux de production, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a semblé ce week-end infléchir sa position, mais les analystes doutaient, hier mardi, de ses intentions de pomper plus de pétrole à court terme. Alors que les prix du brut approchent de leurs records historiques, frôlant les 80 dollars le baril à Londres, le président de l'Opep, l'Emirati Mohammed al-Hameli, s'est dit “préoccupé” dimanche par les prix actuels. L'Opep est “prête” à accroître si nécessaire sa production, a-t-il déclaré, ajoutant qu'il n'était pas certain qu'elle ait à le faire “avant la fin de l'année”. Les cours du brut ont cédé presque trois dollars dans la foulée. Pour Michael Davies, analyste chez Sucden, il s'agirait de “la première indication que l'Opep est prête à faire quelque chose pour enrayer la hausse des prix”. Depuis le début de l'été en effet, le cartel, qui produit plus des deux tiers du brut mondial (35,8% en juin), résiste aux appels de plus en plus pressants à augmenter sa production. Par exemple, le cabinet indépendant Centre for Global Energy Studies (CGES) estime depuis trois mois qu'il n'y a pas assez de brut sur le marché mondial, et met en garde contre de nouveaux pics si l'Opep n'agit pas. L'Opep ne partage pas cette analyse du marché. Elle met les prix élevés sur le compte des capacités de raffinage insuffisantes aux Etats-Unis, de la spéculation et de la situation géopolitique tendue. Elle souligne que les stocks américains de brut sont au plus haut depuis neuf ans, et les stocks de l'OCDE supérieurs à leur moyenne des cinq dernières années. Le département américain de l'Energie en convient : les stocks de brut américains sont de 5,4% supérieurs à leur niveau de l'an dernier, et “bien supérieurs à leur fourchette haute pour cette période de l'année”.