L'ancien responsable de la fédération de France du Front de libération national M. Ali Haroun, a estimé, vendredi dernier, que la reconnaissance par la France des crimes commis par son armée en Algérie, pendant la guerre de Libération nationale, en tant que "crimes de guerre", est "aujourd'hui inévitable". Même en absence d'instruments juridiques internationaux définissant le colonialisme en tant que crime contre l'humanité, à l'instar du racisme ou de l'esclavage, les crimes commis en Algérie par l'armée française durant la guerre de Libération doivent être reconnus, d'autant que le Parlement français a reconnu en 1999 la guerre d'Algérie comme une "guerre et non plus comme événements", a-t-il argumenté. Le juriste et avocat qui s'exprimait lors d'une conférence organisée dans le cadre du 17ème Salon international du livre d'Alger sur "la Justice coloniale au banc des accusés" considère, par ailleurs, que "tous les prisonniers exécutés sont considérés comme prisonniers qu'on ne pouvait guillotiner car "protégés par la convention de Genève" de 1949, sur traitement des prisonniers, a-t-il rappelé. Deux cent vingt-deux condamnations à mort par la guillotine ont été exécutées à l'encontre de militants algériens à partir du 19 juin 1956. Revenant sur le fonctionnement de la justice française durant la guerre d'Indépendance de l'Algérie, l'universitaire française Sylvie Thénault a rappelé de son côté que cette justice est "commune à tous les cas de répression des insurrections" connus dans le monde. L'état d'urgence et les tribunaux militaires "offraient à l'armée coloniale un pouvoir de police et la libéraient de tout contrôle sur les arrestations", a-t-elle dit considérant que ce "remodelage" des principes de détention ainsi que l'application de la peine de mort à l'encontre des combattants et militants du FLN devaient "rétablir l'ordre par des peines irréversibles".