Les cours du brut ont dépassé, vendredi, la barre des 77 dollars à New York sur fond d'une inquiétude concernant la demande, provoquée par une croissance économique des Etats-Unis plus forte que l'on escomptait. Selon le département du Commerce, la croissance américaine a rebondi à 3,4% au deuxième trimestre, soutenue par l'amélioration du déficit commercial et de l'investissement d'entreprise dans un contexte de ralentissement de la consommation. Il s'agit de la croissance la plus vigoureuse enregistrée depuis le premier trimestre 2006. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre a progressé de 2,07 dollars à 77,02 dollars. Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a gagné 1,08 dollar à 76,26 dollars. Le pétrole à New York coûte, désormais, plus cher que le baril de Brent de la mer du Nord, coté à Londres. Les cours du pétrole ont connu une semaine chaotique, débutant sur une forte correction, suivie ensuite d'un bond faisant prendre au baril jusqu'à quatre dollars sur deux séances, avant de redescendre, soudainement, jeudi. Rien que sur la journée de jeudi, le prix du baril était monté, pendant les échanges électroniques précédant la séance, jusqu'à 77,24 dollars, un plus haut depuis le 9 août 2006, pour finalement clôturer à 74,95 dollars. Mais vendredi, le cours du baril s'est de nouveau enflammé, à la suite de la publication de la première estimation du Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis pour le deuxième trimestre. Avec le fort recul de Wall Street et de la plupart des Bourses mondiales jeudi, "des doutes ont commencé à apparaître concernant la santé macro-économique des Etats-Unis et par conséquent la demande en énergie", a expliqué Mike Fitzpatrick, analyste de Man Financial. Mais, selon l'analyste, ce rebond du PIB était propice à "restaurer la confiance du marché". "Le marché du pétrole est en train de dire que la croissance des Etats-Unis va continuer à être plus forte que prévu, ce qui devrait impliquer une plus forte demande en énergie", a également estimé Phil Flynn, analyste d'Alaron Trading. Les investisseurs, qui craignaient que la demande de brut ne soit affectée par un ralentissement général de l'économie mondiale dans le sillage d'un essoufflement américain, ont en effet pu être légèrement rassérénés. Par ailleurs, les analystes considèrent que les fondamentaux du marché du pétrole n'ont pas changé, avec une demande mondiale très robuste, tirée par la croissance d'une économie chinoise gourmande en énergie, et d'un marché américain très tendu en cette période de grands déplacements automobiles (driving season). En effet, mercredi, le département de l'énergie américaine a publié son rapport hebdomadaire sur les réserves de carburants aux Etats-Unis. Pour la semaine du 20 juillet, les stocks d'essence restent inférieurs de 3,6% par rapport à leur niveau de 2006 à la même époque malgré une progression des réserves de 800 000 barils. De plus, les raffineries tournent à 91,7% de leur capacité alors qu'elles devraient tourner à 95% pour répondre favorablement à la demande élevée en cette période de grande migration estivale. Les cours sont aussi soutenus par l'insécurité au Nigeria, premier producteur de brut africain, où troubles et enlèvements amputent la production, par le contentieux sur le dossier nucléaire iranien entre Téhéran et l'Ouest, et par la menace que fait peser la saison des ouragans, entre juin et novembre, sur les installations pétrolières du golfe du Mexique.