Le pétrole a terminé en baisse vendredi sur le marché new-yorkais. Le contrat de mars sur le brut léger américain a perdu 75 cents, soit 1,02%, à $72,89 le baril. Sur l'ensemble du mois, les futures ont perdu 8,15%, le pourcentage mensuel le plus élevé en 13 mois. Au même moment, le Brent perdait 67 cents (0,93%) à $71,25 le baril. Les cours du pétrole repartaient à la baisse sapés par le renforcement du dollar, au plus haut depuis six mois, bien que les chiffres inespérés de la croissance américaine aient dans un premier temps laissé espérer un rebond de la consommation. Après la parution, très attendue, des chiffres de la croissance américaine, les cours de l'or noir ont franchement rebondi, jusqu'à 73,28 dollars à Londres et 74,82 dollars à New York. Mais cet élan s'est rapidement essoufflé, les cours repartant à la baisse vers 17H00 GMT. Le PIB des Etats-Unis a crû de 5,7% au quatrième trimestre, soit bien plus que prévu, redressant nettement la barre à l'issue d'une année marquée par une contraction de 2,4% de l'activité. Dans un premier temps, les opérateurs ont salué ces chiffres, considérant que la reprise économique aux Etats-Unis augurait d'un redressement de sa consommation d'énergie. Mais ensuite, l'impact massif du marché des changes sur le pétrole l'a emporté: dopé par cet indicateur, le billet vert a grimpé vendredi jusqu'à 1,3863 dollar pour un euro, son niveau le plus élevé en six mois face à la monnaie unique. Son appréciation alourdit la facture des matières premières pour les investisseurs, qui tendent alors mécaniquement à se tourner vers d'autres placements. A l'issue de trois semaines de baisse, le marché restait donc hésitant. Les cours ont lâché quelque dix dollars, passant de près de 82 dollars le 11 janvier à moins de 72 dollars mercredi à Londres. Le marché a pâti de la crainte que la Chine, deuxième consommateur mondial de brut, ne cherche à ralentir sa croissance, couplée à des inquiétudes sur un renforcement des règles bancaires aux Etats-Unis. De fortes divergences apparaissaient entre les analystes quant à l'évolution à court terme des prix: certains jugent que les cours n'iront sans doute pas plus bas, d'autres s'attendent au contraire à ce que la baisse s'accentue. Le rebond "devrait être une brève pause (...), car manifestement la tendance à la baisse continue", jugeait ainsi Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank, soulignant que la demande reste "stagnante", face à des réserves de production de plus en plus importantes. "Il est difficile de trouver des raisons d'être haussier", estime aussi Tamas Vargas, de la maison de courtage PVM. "Bien que la demande américaine ait été révisée en hausse par l'Agence américaine sur l'énergie (EIA), elle reste inférieure de 2,63% à son niveau de l'an dernier en novembre. Ce n'est pas exactement un signe de reprise économique", observait l'analyste. Dans le camp des "haussiers", les analystes de Barclays jugent au contraire que "les prix commencent à apparaître trop bas, 70 dollars semblant former un plancher solide".