Soixante-quinze députés de l'opposition tunisienne ont signé, avant-hier jeudi , une pétition réclamant la dissolution du parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement, en raison de déclarations conciliantes de son chef Rached Ghannouchi à l'égard de militants salafistes. Les signataires du texte, estiment qu'Ennahda doit être dissous juridiquement car le parti ne croit pas en la démocratie et complote contre l'aspect civil de l'Etat. Les 75 députés sur les 217 que compte l'Assemblée nationale constituante (ANC) réclament la tenue d'une séance plénière aujourd'hui, pour débattre de cette question. Dans une vidéo datant de février mais dont la diffusion a fait scandale mercredi, Rached Ghannouchi conseille à des dirigeants salafistes radicaux de préserver leurs acquis avec sagesse et estime que l'armée et la police ne sont pas sûres car aux mains des laïcs tenants de l'ancien régime.Il recommande aux jeunes salafistes de patienter et de prendre le temps pour capitaliser les acquis en leur conseillant aussi de créer des télévisions, des radios, des écoles, des universités. M. Ghannouchi demande aussi aux salafistes de faire preuve de sagesse pour asseoir leur pouvoir face aux laïcs qui contrôlent encore médias et institutions et peuvent rebondir après leur échec aux élections d'octobre 2011 remportées par Ennahda.La presse tunisienne a épinglé jeudi l'intéressé sur ces déclarations. Le chef d'Ennaha s'est dès lors justifié jeudi soir à la télévision nationale, assurant avoir voulu convaincre les jeunes salafistes de respecter la loi et avoir critiqué seulement les laïcs extrémistes. Je parlais des laïcs extrémistes qui poussent le pays à la confrontation, a-t-il dit sans les identifier, ajoutant que les laïcs modérés sont nos alliés au sein de la coalition de gouvernement dirigée par Ennahda. J'ai voulu montrer aux jeunes salafistes qu'il y a des forces qu'il ne faut pas sous-estimer. Il ne faut pas sous-estimer l'Etat, a-t-il dit, c'était un appel à la sagesse et à la raison. La mouvance salafiste radicale est responsable de plusieurs vagues de violences depuis la révolution de janvier 2011. La dernière en date a fait 4 morts lors de l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis le 14 septembre. L'opposition a accusé à plusieurs reprises les islamistes d'Ennahda de complaisance envers ces militants radicaux.