L'économie américaine a crû de façon "très modérée" en septembre, selon le dernier Livre beige de la banque centrale américaine (Fed) publié cette semaine."D'une manière générale, l'activité économique a progressé de façon très modérée", du 30 août au 28 septembre, indique ce rapport de conjoncture publié toutes les six à huit semaines. Le ton du document est légèrement meilleur que dans l'édition précédente (29 août), où la Réserve fédérale notait que la croissance s'était poursuivie "doucement" au début de l'été. Dans l'ensemble, les dépenses de consommation ont été perçues comme "stables ou en légère hausse" en septembre, indique le Livre beige, réalisé sur la base des renseignements glanés localement par les antennes régionales de la Fed. "Les ventes d'automobiles ont été présentées également comme stables, d'une manière générale, mais en hausse sur un an et dans l'ensemble comme ayant atteint des niveaux favorables", ajoute le document, selon lequel l'activité touristique a été "assez ferme" dans la plupart des régions. Selon la Fed, "la situation du marché du logement s'est améliorée" par rapport à la fin du mois d'août, les ventes de logements anciens se sont renforcées, tandis que les prix se maintenaient ou augmentaient. La situation était cependant moins homogène en ce qui concerne le secteur de l'immobilier commercial, les marchés oscillant entre hausse et baisse suivant les régions. Relevant une disparité géographique similaire en ce qui concerne l'activité manufacturière, la banque centrale note néanmoins que, sur ce point, la situation s'est "améliorée quelque peu" depuis la fin du mois d'août.L'activité manufacturière a été jusqu'au début de l'été le moteur principal de la reprise économique américaine entamée mi-2009. Peu de changements sur l'emploi La Fed fait état d'autre part d'un maintien ou une augmentation de la demande de prêts bancaires "dans la plupart des régions". Le Livre beige s'attarde plus que d'habitude sur la conjoncture agricole, contrastée à l'échelle du pays, du fait de "la sécheresse, qui continue d'avoir des conséquences défavorables sur le Centre du pays". Sur le marché de l'emploi, la Fed note peu de changements par rapport à la fin du mois d'août. Dans plusieurs régions, la stagnation de la demande et l'incertitude liée au résultat de l'élection présidentielle de novembre, à l'évolution de la politique budgétaire américaine et à celle de la crise européenne a été perçue comme un frein aux embauches. Dans plusieurs autres, cependant, des employeurs ont du mal à trouver les personnes hautement qualifiées qu'ils recherchent, ajoute la banque centrale. Sur le front de l'inflation, le Livre beige indique que les facteurs de hausse des prix et des salaires étaient toujours limités dans l'ensemble du pays. Selon la dernière estimation officielle, la croissance économique des Etats-Unis est tombée au deuxième trimestre à 1,3%, son niveau le plus faible depuis l'été 2011. Les derniers indicateurs économiques laissent penser qu'elle devrait s'être légèrement renforcée au troisième trimestre. Hausse des prix à l'importation en septembre Les prix des produits importés par les Etats-Unis ont augmenté en septembre pour le deuxième mois d'affilée, tirés par le renchérissement des hydrocarbures, selon des chiffres publiés, avant-hier, à Washington par le département du Travail. Ils ont progressé de 1,1% par rapport au mois précédent, soit autant qu'en août, a indiqué le ministère dans un communiqué, revoyant ainsi en hausse de 0,4 point son estimation pour le mois d'août. Selon le gouvernement, la hausse de septembre a été tirée par une forte augmentation des prix des hydrocarbures (+4,4%) et un rebond des prix des autres produits (+0,2%), après quatre mois de baisse. En glissement annuel, la baisse des prix des produits importés commencée en mai s'est poursuivie en septembre, mais elle a ralenti pour le troisième mois d'affilée pour s'établir à 0,6%. Les chiffres du ministère indiquent d'autre part que les prix des produits exportés par les Etats-Unis ont progressé en septembre pour le troisième mois d'affilée, de 0,8% par rapport au mois précédent, soit moins rapidement qu'en août (+1,0%). En glissement annuel cependant, ajoute le gouvernement, ils ont baissé pour le quatrième mois d'affilée en août, de 0,5%, soit moins qu'au cours des trois mois précédents. Hausse inquiétante du déficit commercial en août Le déficit commercial s'est creusé en août aux Etats-Unis, révélant une baisse des exportations américaines sur fond de recul persistant des importations, ce qui ne présage rien de bon pour l'économie du pays à l'heure où la demande intérieure peine à se renforcer. Le déficit commercial s'est creusé en août de 4,1% par rapport à juillet, pour s'établir à 44,2 milliards de dollars, son niveau le plus élevé en trois mois, a indiqué cette semaine le département du Commerce. Selon les chiffres officiels, la montée du déficit a été provoquée par une baisse des exportations de biens pour le cinquième mois d'affilée. En outre, l'excédent traditionnel des Etats-Unis dans le commerce des services s'est réduit en août, où exportations et importations ont atteint des records, mais l'ensemble des importations américaines (biens plus services) a reculé pour le cinquième mois de suite. Le ministère a relevé que les exportations de matériaux à usage industriel étaient tombées à leur plus bas niveau en un an et demi. Il a noté cependant que les exportations de biens d'équipement avaient atteint en août leur niveau le plus élevé après leur record du mois de mars. Pour Martin Schwerdtfeger, économiste de TD Financial, les chiffres du ministère "ne sont pas de bon augure pour la croissance économique du troisième trimestre" aux Etats-Unis, dont la première estimation officielle est attendue pour le 26 octobre. Selon lui, "la faiblesse des importations de biens indique que la consommation et l'investissement" ne progressent toujours que très modérément dans le pays. Vu "les chiffres médiocres des indices des directeurs des achats" dans un certain nombre de grandes économies développées ou émergentes, le commerce extérieur risque de peser à court terme sur la croissance économique américaine, ajoute-t-il. Son confrère Michael Wolf, de Moody's Analytics, estime que la baisse des exportations montre que "des économies étrangères faibles sont en train de réduire leur consommation" à tous les niveaux. Il voit dans l'"exception" des biens d'équipement une "lueur" d'espoir, liée au fait que l'investissement pourrait être globalement en train de se reprendre à l'étranger. Déficit budgétaire ramené à 7,0% du PIB en 2012 Le déficit budgétaire des Etats-Unis a été ramené à 7,0% du PIB américain pour l'exercice 2012 qui s'est achevé le 30 septembre, contre 8,7% en 2011, a annoncé le gouvernement américain. Bien qu'en baisse de 16% par rapport à l'exercice précédent, le solde négatif des finances de l'Etat fédéral américain (-1 089 milliards de dollars) est néanmoins resté supérieur à la barre symbolique des 1 000 milliards pour la quatrième année de suite. Signe pour partie d'une amélioration de la situation économique du pays, le rééquilibrage des comptes publics a été rendu possible par une hausse des recettes de l'Etat, de 6% par rapport à 2011, accompagnée d'une baisse des dépenses publiques, de 16%, indiquent les données officielles. Dans un communiqué commun publié avec le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, le directeur du Bureau du budget de la Maison Blanche (OMB), Jeffrey Zients, estime que la voie tracée pour la réduction du déficit budgétaire est claire. Il est temps que le Congrès prenne les mesures nécessaires qui permettront de faire advenir une croissance économique durable pour les années qui viennent, affirme de son côté M. Geithner. Le ministre des Finances fait référence aux défis qui se posent aux élus. Ceux-ci doivent en effet s'entendre d'ici à la fin de l'année sur un moyen de réduire la dette publique américaine (qui atteindra cette année 107,2% du PIB, selon le Fonds monétaire international) faute de quoi la fragile reprise économique risque de se heurter à ce qu'il est convenu d'appeler le mur budgétaire. Cette expression renvoie à l'expiration d'un certain nombre de mesures de relance et de réductions d'impôt et à l'entrée en vigueur automatique de baisses des dépenses publiques prévues pour les premiers jours de janvier en l'absence d'accord entre démocrates et républicains au Congrès. La hausse des prix à la production a ralenti La hausse des prix à la production a ralenti en septembre aux Etats-Unis mais reste forte, selon des chiffres publiés à Washington par le département du Travail. L'indice des prix des produits finis établi par le ministère a progressé de 1,1% par rapport au mois précédent, en données corrigées des variations saisonnières, après avoir connu en août sa hausse la plus forte en plus de trois ans (1,7%). La progression des prix annoncée par le ministère s'avère supérieure à ce que donnait la prévision médiane des analystes (+0,8%). Selon le ministère, le ralentissement des prix de septembre s'observe dans tous les domaines, mais c'est la progression des prix des produits énergétiques (+4,7%) qui, comme en août, a été le principal facteur de hausse de l'indice. Les prix des produits alimentaires à la sortie des usines ont augmenté de 0,2%, en septembre, et les prix de fabrique des autres produits sont restés stables, indique le gouvernement. En glissement annuel, la hausse des prix des produits finis s'est accélérée pour le deuxième mois d'affilée. Elle a gagné 0,1 point par rapport à août pour s'établir à 2,1%, son niveau le plus élevé depuis mars. En amont de la chaîne de la production, la hausse des prix des produits semi-finis s'est accélérée, passant de 1,1% sur un mois en août à 1,5% en septembre. En glissement annuel, la baisse des prix de ces produits (-0,1%) a continué pour le cinquième mois d'affilée. Selon le ministère, la hausse des prix de production des matières premières a nettement ralenti pour s'établir à 2,8% sur un mois en septembre, contre 5,8% en août. En glissement annuel, c'est leur baisse qui a ralenti, à -2,6% contre -3,5% en août.