La Chine a annoncé, jeudi dernier, avoir fait de "nouvelles propositions constructives" pour tenter de mettre fin au conflit syrien, alors que les rebelles multiplient les opérations coup-de-poing contre les soldats du régime. L'opposition a imputé l'influence croissante des djihadistes à l'inaction de la communauté internationale. Dans une apparente tentative de positionner le pays au cœur des efforts visant à résoudre le conflit, la Chine a décrit de manière détaillée les propositions faites au médiateur international de l'ONU Lakhdar Brahimi, en visite à Pékin. Elle a notamment proposé un cessez-le-feu organisé région par région et par phases, et la formation d'un gouvernement de transition. Le plan de Pékin s'appuie sur sa position de longue date consistant à soutenir la médiation entre les "parties concernées" et de s'opposer à une intervention de la communauté internationale. Pour une solution politique Le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi, qui a rencontré Lakhdar Brahimi mercredi, a réitéré les appels de Pékin à une "résolution politique" du conflit. La Chine et la Russie ont exercé à plusieurs reprises leur droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour bloquer des résolutions visant à faire pression sur le régime. Sur le terrain, les violences auraient encore fait au moins 153 morts jeudi, selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Ce dernier a recensé plus de 36'000 tués depuis le début de la révolte en mars 2011. Parmi les victimes de jeudi dernier, au moins 28 soldats ont été tués au combat ou froidement exécutés dans des attaques de rebelles contre trois barrages militaires près de la ville de Saraqeb (nord-ouest), a rapporté l'OSDH, basé en Grande-Bretagne, mais qui s'appuie sur un réseau de militants et de médecins. Une vidéo diffusée par des militants montre des rebelles en train de frapper une dizaine de soldats blessés, avant de les aligner sur le sol et de les achever en les traitant de "chiens de chabbihas d'Assad", nom donné aux miliciens pro-régime. Le chef du CNS accuse la communauté internationale De son côté, le chef du Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l'opposition syrienne, a imputé jeudi la montée des islamistes radicaux en Syrie au manque d'appui de la communauté internationale à la rébellion contre le régime du président Bachar al-Assad. La communauté internationale est responsable, en raison de son manque de soutien au peuple syrien, de la croissance de l'extrémisme en Syrie, a affirmé Abdel Basset Saida, en réponse aux propos de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qui a réclamé une opposition élargie capable de résister aux extrémistes islamistes. Dans les zones qui ont échappé au contrôle du régime, c'est le chaos et le désespoir, car le régime continue à attaquer. Dans une telle atmosphère, il est naturel que se développe l'extrémisme, a-t-il ajouté. Mme Clinton a indiqué mercredi à Zagreb être en possession d'informations inquiétantes sur des extrémistes qui se rendent en Syrie et tentent de détourner à leurs fins ce qui était jusqu'ici une révolution légitime contre un régime oppressif. L'opposition souhaite former un gouvernement en exil Moscou et Paris ont toujours une "différence d'appréciation" sur la présence du président syrien Bachar al-Assad dans un gouvernement de transition, a déclaré, mercredi dernier, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. Cette déclaration intervient alors que l'opposition syrienne souhaite former un gouvernement en exil. Le "bain de sang" en Syrie va continuer si les Occidentaux persistent à demander le départ du président syrien Bachar al-Assad, a martelé le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, en visite à Paris. La Russie, alliée indéfectible du régime syrien, s'en tient à un accord conclu à Genèv fin juin, lors d'une réunion du Groupe d'action sur la Syrie, qui rassemble les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne). "Le peuple syrien décidera", selon Lavrov Insistant sur le fait que dans le communiqué final adopté à Genève "on ne parle pas du fait que les dirigeants syriens doivent disparaître, c'est donc le peuple syrien qui décidera du départ de Bachar al-Assad", a répété à Paris M. Lavrov. Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a par ailleurs demandé à Berlin l'aide de l'Allemagne pour faire face au flot de réfugiés syriens qui fuient la guerre civile dans leur pays. Il a précisé que 105 000 Syriens avaient trouvé refuge en Turquie et que 300'000 au total avaient fui leur pays. Sur le terrain, les violences se sont poursuivies. Au moins huit personnes auraient été tuées et des dizaines blessées dans un attentat à la bombe près d'un hôtel à Sayeda Zeinab, important lieu de pèlerinage chiite au sud-est de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).