Les prix du cacao ont bondi de plus de 4% la semaine dernière, le marché redoutant des perturbations dans les acheminements de fèves de la Côte d'Ivoire après la dissolution surprise du gouvernement ivoirien, tandis que sucre et café restaient minés par l'abondance de l'offre mondiale. Cacao Les cours de la fève brune ont fortement grimpé la semaine dernière, bondissant de près de 3% sur la seule journée de mercredi, et atteignant jeudi dernier, 1.610 livres la tonne à Londres et 2.488 dollars la tonne à New York, des sommets depuis trois semaines. Le marché a été électrisé par l'annonce mercredi d'une dissolution surprise et sans raisons affichées, par le Président ivoirien Alassane Ouattara, de son gouvernement formé en mars. "Cette annonce a alimenté les craintes d'une perturbation des acheminements de fèves (depuis les plantations jusqu'aux ports) et des exportations du pays", qui représente quelque 35% de l'offre mondiale de cacao, a souligné Jack Scoville, analyste du courtier Price Futures Group. Cependant, "jusqu'à présent, il ne semble pas y avoir d'impact (sur l'offre ivoirienne de cacao) et le pays semble rester calme", ce qui a permis aux cours de se détendre légèrement vendredi, poursuivait-il. La situation politique et sécuritaire reste très fragile dans le pays, qui avait été agité entre août et octobre par une vague d'attaques armées contre les forces de sécurité, attribuées par le pouvoir à des partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo. "Ce rebond des cours est temporaire par nature et les craintes d'un manque de cacao sont infondées", a tempéré Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank, rappelant qu'en 2011, "en dépit des violences de la guerre civile, le pays avait enregistré une récolte record". De plus, une demande mondiale toujours morose continue de peser sur le marché. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars valait 1.593 livres sterling vendredi dernier,contre 1.524 livres le vendredi précédent . Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en mars valait 2.465 dollars la tonne contre 2.340 dollars une semaine plus tôt. Café Les prix du café ont accentué leurs pertes, l'arabica tombant jeudi dernier, à 149,45 cents la livre, son plus bas niveau depuis juin 2010, tandis que le robusta glissait le même jour à 1.891 dollars la tonne, un niveau plus vu depuis 9 mois, toujours minés par la perspective d'une production abondante. "Au Vietnam, principal producteur de robusta dans le monde, la récolte a commencé plus tôt cette année" et pourrait "égaler le niveau record de l'année précédente", a expliqué M. Fritsch. Les exportations vietnamiennes de café sur les dix premiers mois de l'année ont déjà bondi de 40% par rapport à la même période de 2011, selon des chiffres officiels publiés cette semaine. "L'ampleur de l'offre de café", en raison de récoltes historiques attendues au Vietnam mais aussi au Brésil, premier exportateur de café, "devraient empêcher les cours de remonter dans le proche avenir", a jugé M. Fritsch. Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en janvier valait 1.914 contre 1.971 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en mars valait 153,6 cents, contre 151,45 cents sept jours auparavant pour le contrat de décembre. Sucre Dans un marché sans élan toujours miné par la vigueur de la production mondiale, alimentée par de récentes prévisions meilleures qu'attendu au Brésil, premier exportateur, les cours du sucre sont tombés vendredi à 506,10 dollars la tonne à Londres, niveau plus vu depuis juin 2010. L'Organisation internationale du sucre (ISO) a indiqué jeudi dernier, qu'elle attendait désormais un excédent mondial de production de 6,2 millions de tonnes pour l'année 2012-2013 (débutée en octobre), en raison d'une augmentation de 1,43% sur un an de la production mondiale de sucre, à 177 millions de tonnes, un niveau record. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 507,80 dollars vendredi denier, contre 526 dollars une semaine auparavant. . Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 19,11 cents contre 18,83 cents sept jours auparavant. Les cours des céréales minés par la vigueur de l'économie US Les cours des produits agricoles ont fortement reculé la semaine dernière, à Chicago, minés par les inquiétudes sur la vigueur de l'économie des Etats-Unis et toujours par les perspectives baissières du rapport mensuel du département américain de l'Agriculture (USDA). Le marché est affecté par "les incertitudes sur les négociations autour du 'mur budgétaire'" l'expression qui désigne la cure de rigueur forcée à laquelle les Etats-Unis seront soumis faute d'accord politique d'ici à la fin de l'année, a noté Bill Nelson, de Doane Advisory Services. "Les conséquences économiques que cela pourrait avoir" affecteraient aussi les consommateurs de produits agricoles, a-t-il ajouté. Parallèlement, "le marché a continué à réagir négativement au rapport mensuel de l'USDA sur l'offre et la demande mondiale publié vendredi dernier et qui contenait des éléments négatifs pour chacun des produits agricoles", a souligné M. Nelson. L'importante révision à la hausse de la production américaine de soja en particulier "a fait chuter les prix" de l'oléagineux, a remarqué Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors. Les cours du soja ont aussi été fortement affectés par l'annonce vendredi de "l'annulation par la Chine d'importantes commandes passées cet été", a indiqué M. Nelson, notant que d'autres contrats pourraient être retirés dans les semaines à venir. Après la flambée des cours observée cet été suite à la sécheresse historique qui a frappé les Etats-Unis, "les prix sont si élevés que les Chinois qui achètent le soja pour le transformer ne parviennent plus à faire de bénéfices", a-t-il expliqué. Les cours du blé ont de leur côté pâti de prévisions de l'USDA meilleures qu'attendu pour la production mondiale. Mais la baisse des prix a été limitée par la qualité médiocre de la récolte de blé d'hiver. Selon un rapport des autorités américaines, seulement 36% des semis sont actuellement considérés comme "bons" ou "excellents", une proportion "bien en-dessous de la moyenne", a noté M. Nelson. L'affaiblissement des cours du maïs et du soja a aussi été renforcé par "l'amélioration des conditions météorologiques en Amérique du Sud", une région productrice de ces deux produits, a indiqué M. Strickler. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre évoluait à la mi-séance vendredi à 7,1450 dollars contre 7,3875 dollars vendredi dernier. Le boisseau de blé à même échéance reculait à 8,3400 dollars contre 8,8650 dollars la semaine dernière. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en janvier évoluait à 13,7525 dollars contre 14,5200 dollars le vendredi précédent.