Le comité de politique monétaire de la Banque du Japon (BoJ) a conclu, hier, sur un statu quo une réunion de deux jours, résistant aux pressions politiques dans un contexte pré-électoral entraînant une surenchère en faveur de mesures exceptionnelles pour doper l'économie. Sous le regard du ministre de la Politique budgétaire, Seiji Maehara, présent à la réunion, les neuf membres de l'institution ont décidé à l'unanimité de conserver le taux directeur au jour le jour dans la fourchette de 0,0% à 0,1%. Ils se sont de surcroît abstenus de prendre de nouvelles mesures monétaires spéciales, les ayant déjà renforcées en octobre dans le but d'aider le Japon à s'extraire de la déflation et de combattre la cherté du yen. "Je pense que la BoJ a estimé utile d'attendre de voir les effets des dispositions prises coup sur coup les deux mois précédents", a réagi devant la presse M. Maehara. "Cependant, je souhaite que des dispositions fortes continuent d'être prises pour atteindre l'objectif d'inflation à moyen terme", a-t-il immédiatement ajouté. La BoJ reconnaît que le ralentissement économique se poursuit à l'étranger et que l'économie japonaise est affaiblie à cause d'une baisse des exportations et de la production industrielle. Elle s'inquiète aussi des "nombreuses incertitudes" qui pèsent sur l'archipel, notamment du fait de la détérioration des relations sino-japonaises ayant de fortes répercussions sur les échanges commerciaux bilatéraux. Elle prévient en outre qu'il faut "rester vigilant à l'égard de la situation sur les marchés, même si les craintes liées à la crise d'endettement de nations européennes se sont un peu apaisées". Pour autant, elle espère une amélioration par la suite et "un retour progressif sur le chemin d'une croissance modérée". La BoJ estime ainsi pour l'heure adéquats les dispositifs de financement mis à la disposition des banques pour leur permettre de prêter des fonds dans des conditions très avantageuses aux entreprises et particuliers, afin d'encourager l'activité. De fait, en maintenant en l'état un vaste ensemble de mesures déjà accrues à maintes reprises, la BoJ résiste aux pressions politiques dans un contexte pré-électoral, suite à la dissolution, vendredi dernier, de la chambre basse du Parlement. La forte pression, verbale pour l'heure, exercée par Shinzo Abe, sur les membres de la BoJ a eu l'heur de plaire aux acteurs du marché, faisant chuter le yen face au dollar et remonter les cours des actions des entreprises sensibles à ces mouvements de changes. Cet "Abe trade" dure depuis plusieurs jours, les donneurs d'ordres pariant sur de nouvelles dispositions immédiatement après le scrutin qui aura lieu le 16 décembre. Les déclarations de M. Abe ont en revanche irrité son homologue du Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche), l'actuel Premier ministre, Yoshihiko Noda, opposé à des modifications du statut de la BoJ et à des mesures monétaires extrêmes au point d'être selon lui "illégales". Nombreux sont ceux en outre qui s'inquiètent pour l'indépendance de la Banque du Japon, acquise en 1998 par une révision de la loi qui la régit. Les liens trop étroits entre le gouvernement et cette institution avaient en effet conduit à des politiques erronées qui ont dégénéré en bulle spéculative immobilière et financière à la fin des années 1980 puis en marasme dont le pays n'est toujours pas complètement remis.