Les tensions montent d'un cran en Egypte entre pro et anti-Morsi. Avant-hier, le Club des juges d'Egypte a appelé tous les magistrats du pays à la grève pour pousser le président islamiste Mohamed Morsi à renoncer à l'élargissement de ses pouvoirs, a annoncé l'un de ses membres. A l'issue d'une réunion en urgence au Caire, l'organisation a appelé à la suspension du travail dans tous les tribunaux et les administrations du parquet pour protester contre la décision du président de mettre ses décisions à l'abri de tout recours judiciaire, selon ce juge. Dans la journée de samedi, le Club des juges d'Alexandrie (nord), la deuxième ville du pays, avait déjà annoncé une grève jusqu'à ce que le président revienne sur ses décisions de jeudi dernier. Et le Conseil suprême de la justice, la plus haute autorité judiciaire d'Egypte, avait dénoncé les nouvelles prérogatives du président comme une attaque sans précédent contre l'indépendance du pouvoir judiciaire et ses jugements. Au Caire, des opposants essentiellement laïques ou libéraux occupent depuis vendredi soir la place Tahrir, épicentre de la révolte qui avait provoqué la chute de Hosni Moubarak début 2011, pour protester contre ce nouveau dictateur. M. Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans, cumulait déjà les pouvoirs exécutif et législatif, l'Assemblée ayant été dissoute juste avant son élection en juin. Il a décidé jeudi de les renforcer encore en promettant de les utiliser pour accélérer les réformes démocratiques. Les nouvelles prérogatives mettent les décisions du président à l'abri de recours devant un pouvoir judiciaire avec lequel il entretenait déjà des relations houleuses, et doivent durer jusqu'à l'adoption d'une nouvelle Constitution, un processus aujourd'hui enlisé et dominé par les islamistes. La Bourse du Caire perd plus de 9% La Bourse du Caire perdait plus 9%, hier, à la mi-journée, face à l'aggravation de la crise politique déclenchée par la décision du président islamiste Mohamed Morsi de renforcer considérablement ses pouvoirs. En effet, le principal indice, l'EGX-30, perdait 9,49% à 4.923,19 points, selon la Bourse du Caire. Les échanges ont même été suspendus pendant une demi-heure, après un vaste mouvement de vente, a expliqué une source à la Bourse. La chute des valeurs boursières égyptiennes intervient alors que la crise politique menace d'aggraver la polarisation du pays, confronté également à d'importantes difficultés économiques. Le Club des juges du pays a en revanche appelé à un arrêt de travail illimité dans tous les tribunaux jusqu'à ce que M. Morsi revienne sur ses nouvelles mesures, qui mettent en particulier toutes ses décisions à l'abri d'un recours en justice. Les puissants Frères musulmans ont appelé à des manifestations dans tout le pays dimanche en soutien au président issu de leurs rangs. L'opposition laïque et libérale occupe pour sa part l'emblématique place Tahrir et prépare une nouvelle manifestation de masse demain mardi.