Le Conseil suprême de la justice de l'Egypte a dénoncé samedi les nouvelles prérogatives du président Mohamed Morsi, déclarant que le décret présidentiel émis jeudi par le chef de l'Etat inclut une « attaque sans précédent » contre l'indépendance du pouvoir judiciaire. La « déclaration constitutionnelle » annoncée jeudi par la présidence « est une attaque sans précédent contre l'indépendance du pouvoir judiciaire et ses jugements », a déclaré dans un communiqué le Conseil suprême de la justice à l'issue d'une réunion d'urgence. La plus haute autorité judiciaire, la plus haute autorité judiciaire du pays, a dénoncé dans le communiqué, les nouvelles prérogatives du président Morsi qui « mettent ses décisions à l'abri de recours devant la justice », a rapporté le site web officiel al-Ahram. Jeudi, M. Morsi, issu du mouvement des Frères musulmans, a décidé de renforcer ses pouvoirs dans une « déclaration constitutionnelle ». Il disposait déjà du pouvoir exécutif mais aussi législatif, l'Assemblée ayant été dissoute avant son élection en juin. La nouvelle déclaration constitutionnelle stipule que toutes les déclarations constitutionnelles, décisions et lois émises par le président depuis son entrée en fonction le 30 juin 2012 sont définitives et ne sont pas sujettes à appel. Le président a expliqué que le renforcement de ses pouvoirs permettrait d'accélérer les réformes démocratiques. Ces dispositions sont censées durer jusqu'à l'adoption d'une nouvelle Constitution, un processus aujourd'hui enlisé et qui pourrait prendre plusieurs mois. Le président Morsi a en outre limogé jeudi le procureur général Abdel-Maguid Mahmoud, le remplaçant par Talat Ibrahim Abdullah, provoquant une controverse au sein des forces politiques et du public. Place Tahrir, épicentre de la révolte de 2011 qui a provoqué la chute du président Hosni Moubarak, des milliers de personnes s'étaient rassemblées à l'appel de personnalités ou de mouvements laïques et libéraux. Le Courant populaire, dirigé par le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi, troisième de la présidentielle de juin, a annoncé que « toutes les forces révolutionnaires » avaient décidé d'entamer un sit-in place Tahrir et d'appeler à une manifestation de masse mardi pour obtenir que M. Morsi revienne sur ses décisions. Une autre manifestation s'était tenue devant le palais présidentiel proche en soutien au président Morsi qui s'est dit déterminé à « assumer ses pouvoirs renforcés », qui placent notamment ses décisions hors de portée de tout recours en justice. Les manifestations ont été émaillées vendredi de heurts entre jeunes et policiers, alors que des manifestants ont mis le feu à des locaux du Parti de la liberté et de la Justice (PLJ), mouvement politique des Frères musulmans, à Alexandrie (nord), à Port Saïd et à Ismaïlia (nord-est).