Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a initié, depuis deux semaines, une opération qui vise à connaître les raisons qui ont amené de nombreux citoyens à ne pas se rendre aux urnes lors des élections législatives du 17 mai. Selon le ministère de l'Intérieur, quatre millions de lettres ont été adressées aux citoyens afin de connaître les raisons de leur non-participation aux dernières élections législatives. Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni, a déclaré à ce sujet que l'administration attend des citoyens qu'ils fassent preuve de compréhension et "coopèrent afin d'éviter l'abstention lors des prochains rendez-vous électoraux", en marge de la 2e réunion de la Commission nationale chargée du recensement de la population et de l'habitat en Algérie qui débutera durant le printemps 2008. Il s'agit d'interpeller les citoyens n'ayant pas changé de lieu de résidence mais n'ayant pas voté lors des dernières législatives, à expliquer "les causes et les motifs à l'origine de cette abstention tout en confirmant leur lieu de résidence et leur nom conformément aux listes des électeurs", ajoutant qu'en cas d'absence de réponse, ils seront rayés de ces listes. Ces citoyens disposent du temps nécessaire pour régulariser leur situation administrative en prévision des prochaines élections, a poursuivi le ministre qui a invité les concernés à "faire preuve de civisme". Lors d'un point de presse à Oran au cours de la visite du président de la République, M. Yazid Zerhouni était revenu sur les raisons qui ont poussé de nombreux Algériens à ne pas accomplir leur devoir électoral. Selon lui, il y a, en plus de la qualité des candidatures et des programmes soumis aux électeurs, ce qu'il qualifie du problème récurrent des "mal inscrits". Il citera l'exemple de 2002, quand le ministère a entrepris de faire du porte-à-porte pour savoir si les personnes qui n'ont pas voté résidaient toujours à la même adresse. Au terme de cette opération, 1 million de personnes avait été rayées des listes. Le procédé semble déplaire à certains partis politiques qui soupçonne l'administration de faire dans l'inquisition. Car, à leurs yeux, l'abstention est un choix politique conscient. Le FFS qui a eu à s'exprimer sur la question, a estimé que "cette opération ne vise pas à assainir le fichier électoral mais à faire pression sur ceux qui n'ont pas participé au dernier scrutin et constitue une fuite en avant pour ne pas saisir la signification de la forte abstention enregistrée lors des dernières législatives". Selon l'article 14 du code électoral, "c'est à l'électeur de procéder à sa réinscription dans sa nouvelle commune de résidence". A en croire M. Zerhouni, l'administration est mue par de simples motivations techniques visant à assainir et à mettre à jour d'ici octobre le fichier électoral. "Nous avons constaté par exemple que la plupart des femmes après leur mariage ne procèdent pas à une réinscription dans leur nouveau lieu de résidence. Les familles qui ont été relogées ne se montrent pas tout autant pressées de se mettre à jour", a-t-il argué. "Si on considère que 700 000 familles ont bénéficié de nouvelles résidences, par un simple calcul, on trouvera que près de 2100 000 personnes qui ne sont pas inscrites là où elles devraient voter", avait ajouté le ministre de l'Intérieur. L'opération du ministère de l'Intérieur consiste en l'envoi d'une correspondance à tous les citoyens dont les noms n'ont pas été cochés lors du dernier scrutin. Il s'agira ensuite de rayer le nom ou d'inviter éventuellement la personne concernée à se réinscrire.