Les prix du pétrole reculaient en fin d'échanges européens avant-hier, dans un marché digérant toujours le bond des stocks américains d'essence dévoilé la veille et miné par des perspectives économiques moroses en zone euro, et de surcroît prudent à la veille du rapport américain sur l'emploi. Peu avant la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 107,20 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en recul de 1,61 dollar par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 1,70 dollar à 86,18 dollars. Le Département américain de l'Energie (DoE) a fait état la veille d'une chute de 2,4 millions de barils, huit fois plus forte qu'attendu, des réserves de brut aux Etats-Unis lors de la semaine achevée le 30 novembre, mais les stocks de produits raffinés ont en revanche bondi, en raison d'une forte accélération de l'utilisation des raffineries. La publication de ces statistiques intervenait en effet alors que la côte Est des Etats-Unis se remettait progressivement du passage fin octobre de l'ouragan Sandy qui avait provoqué des perturbations dans plusieurs raffineries et des terminaux de distribution. Les courtiers continuaient de digérer le rapport du Département américain de l'Energie (DoE) publié la veille. Ce dernier avait mis sous pression les prix du pétrole la veille en faisant état de hausses massives des stocks de produits raffinés aux Etats-Unis, rappelait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. Le DoE avait ainsi annoncé, pour la dernière semaine de novembre, une hausse de 3 millions de barils des stocks de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage), très surveillés à l'approche de l'hiver, ainsi qu'un bond de 7,9 millions de barils des réserves d'essence, des hausses cinq fois plus importantes que prévu, s'expliquant par une activité accrue des raffineries. Par ailleurs, les prix du brut ont accéléré leur recul, avant-hier, après l'annonce par la Banque centrale européenne (BCE) de perspectives économiques très moroses, qui ont assombri le moral des investisseurs et empêché les cours du baril de monter à l'unisson des (principales) Bourses européennes, observait Michael Hewson, analyste de CMC Markets. L'institution de Francfort a en effet pris acte de l'accélération de la dégradation de l'économie dans la zone euro, indiquant prévoir désormais une contraction du PIB de la zone euro de 0,3% en 2013, alors qu'en septembre elle tablait encore sur une croissance de 0,5%. Dans ce contexte, les investisseurs ont fait peu de cas d'une baisse plus prononcée que prévu des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis, commentait Fawad Razaqzada, du courtier GFT, ajoutant que les opérateurs se montrent très peu désireux de prendre des risques avant l'important rapport sur l'emploi américain attendu vendredi. Ce rapport mensuel sur l'emploi et le chômage est considéré comme un indicateur crucial pour évaluer la vigueur de la reprise économique aux Etats-Unis, premier pays consommateur de brut. La veille, l'enquête du cabinet ADP avait fait état d'une baisse des embauches du secteur privé en novembre, entretenant l'incertitude sur la santé du marché du travail américain. Le marché restait par ailleurs suspendu aux discussions budgétaires toujours en cours à Washington, redoutant une impasse qui conduirait à l'entrée en vigueur automatique en janvier d'une cure d'austérité forcée, à même de plonger l'économie des Etats-Unis en récession et de peser sur leur demande énergétique. Si la prudence restait donc de mise, les tensions géopolitiques persistantes au Moyen-Orient limitaient cependant le recul des cours, estimaient les analystes de Commerzbank. Ces derniers pointaient aussi l'escalade (des violences) en Egypte, mais aussi la poursuite des combats en Syrie et les incertitudes autour du dossier nucléaire iranien, qui alimentaient les craintes de perturbations dans l'offre de brut dans la région. En Asie, les cours du pétrole poursuivaient leur repli, avant-hier matin, dans un marché déçu par un bond des stocks d'essence aux Etats-Unis, de mauvais augure pour la demande en pétrole du premier consommateur mondial, et les négociations laborieuses sur le budget américain. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier abandonnait 16 cents à 87,72 dollars, dans les échanges électroniques, et le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance cédait neuf cents à 108,72 dollars. La baisse des prix du brut était néanmoins freinée par de bons indicateurs économiques en provenance de Chine, deuxième consommateur mondial de pétrole, signalant au minimum une stabilisation du ralentissement de la croissance.