Les cours des matières premières alimentaires ont connu des sorts contrastés la semaine dernière, cacao et café fléchissant en raison de l'afflux d'offre assuré par les récoltes en cours, tandis que les cours du sucre reprenaient leur souffle, à la faveur d'inquiétudes sur la production indienne. Cacao Les prix du cacao ont de nouveau fléchi la semaine dernière, alors que la principale récole en Côte d'Ivoire (35% de l'offre mondiale) entamée en octobre continuait d'alimenter en fèves un marché déjà abondamment approvisionné. "L'Organisation internationale du cacao (ICCO) a indiqué la semaine dernière qu'elle attendait désormais un excédent de production, et non un déficit, sur la saison 2011-2012 (achevée en septembre) alors que sur le plan de demande, on s'attend à ce que la consommation des pays industrialisés ait légèrement diminué" sur l'ensemble de l'année, a observé Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank. En revanche, le repli des cours pourrait être tempéré par des perspectives plus mitigées sur la saison actuelle, qui se prolongera jusqu'en septembre 2013. En effet, "en raison de pluies excessives, on rapporte désormais en Côte d'Ivoire comme au Ghana des maladies (liées à des champignons) affectant les plants, et l'ICCO s'est montrée inquiète sur la mauvaise condition des arbres en Indonésie", troisième producteur mondial, a ajouté M. Fritsch, notant qu'un déficit de production, le premier en 3 ans, pourrait être enregistré en 2012-13. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars valait 1551 livres sterling vendredi dernier, contre 1567 livres le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en mars valait 2424 dollars la tonne contre 2457 dollars une semaine plus tôt. Café Les prix du café se sont repliés la semaine dernière, l'arabica glissant même mercredi à 146,35 cents la livre, un nouveau plus bas depuis juin 2010, dans un marché toujours plombé par l'abondance des récoltes attendues en Amérique latine. "La perspective d'une récolte record au Brésil pèse sur les prix. Le robusta est de plus sous pression en raison de la forte production également attendue cette année au Vietnam, sans parler d'un bond attendu de 17% sur un an de l'offre indonésienne cette saison en raison de précipitations très favorables", a expliqué Edward Meir, du courtier INTL FCStone. Le Vietnam et l'Indonésie sont les deux plus gros producteurs mondiaux de café après le Brésil. L'Organisation internationale du café (ICO) a confirmé en début de la semaine dernière que le marché était largement approvisionné, en faisant état d'un bond de 17,3% sur un an des exportations de café dans le monde en octobre, à 8,88 millions de sacs (de 60 kg). Sur la saison 2011-2012 achevée en septembre, ces exportations avaient déjà grimpé de 4,4% sur un an. Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en mars valait 1893 dollars, contre 1927 dollars le vendredi précédent le contrat de janvier. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en mars valait 150 cents, contre 155,95 cents sept jours auparavant. Sucre Après un repli presque continu depuis début octobre, les cours du sucre ont tenté de se ressaisir la semaine dernière,, à la faveur d'achats à bon compte réalisés par les investisseurs spéculatifs, mais aussi d'inquiétudes sur une baisse des volumes de canne récoltés cette saison en Inde (deuxième producteur mondial). "Il était déjà admis que la récolte de 2012-13 aurait du mal à atteindre le niveau record de la saison précédente, mais les retards enregistrés en raison de la mousson dans le raffinage dans la principale région indienne de production en octobre et novembre mettent le marché mal à l'aise", a noté M. Fritsch. Toutefois, "en raison de l'ample approvisionnement du marché (en raison de la vigueur de l'offre du Brésil, premier pays producteur), cela ne devrait par alimenter de hausse durable des prix", a-t-il tempéré. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 516 dollars vendredi dernier, contre 512,60 dollars, une semaine auparavant. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 19,31 cents contre 19,23 cents sept jours auparavant. Le soja monte, demande faible pour le maïs et le blé Les prix du soja ont poursuivi leur hausse la semaine dernière, à Chicago, porté par une forte demande, le blé et le maïs reculant légèrement, pénalisés par des ventes à l'exportation décevantes. En dépit d'un environnement plutôt baissier sur le marché, le soja a réussi à tirer sa carte du jeu et à terminer la semaine sur une note optimiste, dopé par de bons chiffres à l'exportation qui dénotent une forte demande mondiale pour l'oléagineux américain. "On assiste à un net rebond technique du soja", dont les cours avaient fortement reculé depuis septembre, quand l'oléagineux avait atteint des records suite à la sécheresse qui a frappé les Etats-Unis cet été, a remarqué Frank Cholly, de RJO Futures. D'autre part, "des rumeurs de nouvelles commandes de la part de la Chine continuent à alimenter la hausse des prix", a noté M. Cholly. Le maïs a perdu du terrain "après les chiffres des ventes à l'exportation (jeudi) qui ont été très mauvaises pour la céréale", a noté Dewey Strickler, de Agwatch Market Advisors. En effet, le ministère de l'Agriculture américain (USDA) a fait état de la vente de seulement 47,400 tonnes de maïs au cours de la dernière semaine de novembre, "un plus bas record" pour cette période de l'année, a rappelé Paul Georgy, de la maison de courtage Allendale. Par ailleurs, le maïs est miné par l'annonce que, "pour la première fois, la Chine se dirige vers l'Ukraine pour acheter son blé, plutôt que les Etats-Unis ou l'Argentine", fournisseurs traditionnels du géant asiatique, a relevé Frank Cholly. Or, l'Ukraine est "généralement connue pour sa production de blé donc c'est une annonce importante", pour le marché, selon lui. Le blé était lui aussi fragilisé par des ventes à l'exportation "légèrement décevantes", selon M. Strickler. "Le marché s'inquiète pour la qualité de la céréale aux Etats-Unis", affectées par des conditions très sèches dans les plaines productrices du centre du pays, a souligné M. Cholly. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars évoluait à 7,3650 dollars vendredi en mi-séance contre 7,5275 dollars vendredi dernier.Le boisseau de blé à même échéance valait 8,5625 dollars contre 8,6350 dollars. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en janvier s'échangeait à 14,8350 dollars contre 14,3875 dollars.