En dépit de toutes les ressources mobilisées, les potentialités hydriques de l'Algérie demeurent en dessous de la moyenne mondiale. Selon le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, la norme mondiale table sur 1 000 m3 annuellement par habitant, alors qu'en Algérie cette moyenne ne dépasse pas les 600 m3 par habitant. Présentant l'état des lieux au sein de son secteur, le ministre précise aussi que l'Algérie dispose de près de 19 milliards de m3 de précipitation par année. Cet état de fait a incité le ministère des Ressources en eau à prôner une politique visant l'optimisation des ressources hydriques à travers le pays. "Depuis trois à quatre ans, nous avons mis en place au niveau du gouvernement une démarche visant à mobiliser l'ensemble des capacités hydriques du pays", a déclaré le ministre, hier, à un confrère. Cette politique permettra de doter le pays de 69 barrages à horizon 2009. Ce chiffre est passé de 47 barrages en 2000 à 59 barrages dont dispose l'Algérie actuellement. Avec autant d'infrastructures, les capacités d'emmagasinement passeront de 5,2 milliards de m3 à 7,4 milliards m3 en 2009. Sellal a fait état également de la stratégie de son département à aller vers "l'exploitation des eaux souterraines pour l'agriculture (qui consomme 65% des ressources du pays), et l'alimentation en eau potable (absorbant 35% des ressources avec l'industrie et les services)". Le renforcement des capacités de production sera axé également sur la récupération des eaux usées et le dessalement de l'eau de mer. "Il faut investir encore davantage dans la récupération des eaux et la réalisation de stations de dessalement. Nous avons actuellement un programme de 13 unités, certaines sont lancées et d'autres sont en cours de lancement pour une production de 2,5 millions m3/jour à l'horizon 2010. Cela va sécuriser l'alimentation en eau potable des villes côtières et particulièrement l'Ouest. Dans cette région nous allons réaliser une méga-unité de dessalement à Marsa El-Hadjadj qui va produire 500 000 m3/jour ". Toutefois, il a précisé que le prix de revient de l'eau de mer dessalée atteint les 48 dinars le m3 tandis que l'eau provenant des barrages ou des forages ne coûte que 29 dinars le m3. Malgré cette hausse des prix, le consommateur continuera à payer l'eau à hauteur de 19 dinars le m3, et la différence sera prise en charge par l'Etat dans le cadre de sa politique de subvention. Dans le sud du pays, Sellal évoquera deux nappes importantes : L'albienne et l'intercalaire qui est partagée entre la Tunisie, la Libye et l'Algérie. La deuxième nappe est plus importante et couvre à peu près 1 million km2 (sous forme de poche). Pour cette dernière, le ministère a engagé une étude pour son exploitation. "Elle est riche de 30 milliards m3 et si on pompe 600 000 m3/an, nous en avons pour plus d'un siècle. Il n'y a pas de difficultés majeures quant à son utilisation, mais c'est une source qui ne se renouvelle pas. C'est pour cela qu'il faut faire attention et pomper uniquement selon les besoins ". Au chapitre des contraintes rencontrées dans le secteur de l'hydraulique, le ministre a évoqué le sempiternel problème de l'irrégularité du paiement des factures. A cet égard, il fait savoir que les impayés ont eu un lourd impact sur la politique de l'eau en Algérie. Les chiffres précisent que jusqu'au début de l'année en cours, dans près de 800 communes, sur les 1 500 existant sur le territoire national, les ménages ne payent pas leurs factures d'eau ou le font d'une manière dérisoire, c'est-à-dire au forfait.