A Biskra, la pénurie de la main d'œuvre est devenue un problème crucial dans le secteur de l'agriculture. La preuve c'est que cette pénurie " touche toutes les filières agricoles " comme le souligne un exportateur de dattes de Tolga. Le dynamisme que connaît l'agriculture à Biskra ces quatre dernières années a amplifié le problème de la main-d'œuvre agricole. La production maraîchère sous serre est l'un des créneaux qui séduit de plus en plus les jeunes investisseurs.La superficie réservée à la plasticulture à Biskra est passée de 3.000 ha en 2011 à plus de 4.000 ha une année après, selon les chiffres des services agricoles de Biskra. Il faut dire que plusieurs wilayas à caractère agricole souffrent de la main-d'œuvre dans ce domaine du fait que les jeunes en particulier ne veulent désormais plus travailler d'une manière pénible. Et il est certain que les métiers de trieurs de dattes ou de grimpeurs de palmiers nécessitent de la dextérité et surtout de l'agilité avec un danger permanent. Ce qui fait que le secteur de l'agriculture souffre énormément de ce déficit en matière de main-d'œuvre tout comme celui du bâtiment par exemple. Un autre facteur responsable du manque de main-d'œuvre à Biskra et partout ailleurs dans le pays: les dispositifs d'aide à l'emploi créés par l'Etat pour absorber le chômage, notamment le dispositif ANSEJ (agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes). Fascinés par les aides offertes par les pouvoirs publics, les jeunes préfèrent créer leurs propres entreprises pour fuir le travail pénible des champs, indiquent des professionnels de la phoeniciculture. Des manutentionnaires qui travaillaient dans le secteur de la datte ont ainsi acheté des véhicules par crédit à taux bonifié dans le cadre de l'Ansej et de la CNAC pour changer de métier et opter pour le transport de voyageurs. La raréfaction de grimpeurs de palmier dattier fait aussi parler d'elle à Tolga et dans les autres régions où des milliers de grappes de dattes demeurent longtemps suspendues aux arbres, retardant la cueillette et induisant un impact négatif sur la qualité du produit. "L'assèchement des dattes par les fortes chaleurs de l'été dernier s'est accentué parce qu'il n'y a pas assez de grimpeurs pour arracher les dattes à temps", a affirmé un producteur. Cette pénurie oblige donc certains producteurs à songer déjà à introduire des récolteuses de dattes pour pallier ce manque de grimpeurs. C'est ainsi que dans cette région du pays à savoir Biskra, on constate bien que les travailleurs aux champs sont rares. De là à songer faire se travail à l'extérieur du pays c'est un pas que certains producteurs pensent bien franchir. Comme cet exportateur de Tolga qui pense le faire au Sri Lanka. Pour honorer ses engagements vis-à-vis de ses clients étrangers, l'entreprise Haddoud de Tolga devrait traiter 20 tonnes par jour, alors qu'elle ne traite actuellement que 4 tonnes quotidiennement justement par faute de main-d'œuvre. Et là, il est très utile de préciser que les unités de conditionnement de dattes emploient généralement de la main d'œuvre féminine choisie généralement pour son doigté, sa technicité et sa rapidité dans le travail. D'autres producteurs transfèrent une partie de leur production à Ouled Jellal, une commune distante de 50 kilomètres de Tolga, pour effectuer l'opération de tri des dattes à domicile "parce que les femmes préfèrent travailler chez elles que d'aller à l'usine", explique ce producteur. Et pour réduire les dégâts et ce déficit pour répondre aux demandes qui s'accumulent et faire face à la concurrence farouche des autres pays, M. Zendagui compte ainsi ouvrir une unité de conditionnement à Ouled Jellal. Il demande également de pouvoir louer, avec les autres conditionneurs de dattes, les locaux de l'ex-Office national des fruits et légumes d'Algérie (OFLA) d'Alger, pour recruter une main d'œuvre sur place dans la capitale et être proche des lieux d'embarquement des expéditions de dattes algériennes. En dehors de ce qui a été déjà dit, des spécialistes de la filière ont sollicité leurs collègues de l'Institut technique de développement de l'agriculture saharienne (ITDAS) pour trouver des solutions techniques à ce problème, a fait savoir Nadjib Haddoud, membre du comité interprofessionnel de cette filière. "Ici, les ouvriers deviennent de plus en plus rares. La situation s'est empirée depuis le renforcement des dispositifs d'aide à l'emploi, les jeunes sont séduits par l'Ansej ", affirme cet agriculteur de Zribet El Oued, à 70 km à l'est de Biskra. Les quelques ouvriers qui travaillent dans les champs, dont certains sont des proches des exploitants, perçoivent 1000 DA pour quatre heures de travail, alors que le transport et la nourriture sont à la charge de l'exploitant.