En dépit de tous les efforts déployés par les autorités et la Gendarmerie nationale, en matière de lutte contre l'immigration clandestine, ce phénomène ne cesse d'augmenter et de prendre de l'ampleur ces dernières années en Algérie, vu les flux migratoires massifs et les arrestations de clandestins qui s'accroissent chaque jour. En effet, le problème semble prendre des proportions alarmantes ; il faut dire que ces dernières années, avec le durcissement des politiques européennes en matière d'accueil, l'Algérie est devenue un pays d'accueil et d'installation pour ces clandestins dont la majorité est en quête d'un travail. En sachant que près de 8 000 immigrants clandestins ont été arrêtés durant le premier semestre 2007 ; à titre d'exemple au mois de juillet, ce sont 638 étrangers en situation irrégulière qui ont été arrêtés. A ce rythme, le nombre d'arrestations d'étrangers en situation irrégulière devrait battre le record des 13 000 clandestins arrêtés en 2006. En quinze ans, le nombre d'étrangers en situation irrégulière ayant tenté de séjourner en Algérie a été multiplié par 10. Issus de 48 nationalités africaines, dont la plupart venus des pays limitrophes comme le Niger (33%), le Mali (13%), le Nigeria (10%) et le Maroc (10%), les clandestins utilisent souvent l'Algérie comme lieu de transit pour rejoindre l'Europe. Une fois arrivés sur le territoire algérien, les candidats à l'immigration prennent deux destinations, l'Ouest pour ceux désirant rejoindre l'Espagne via le Maroc, et l'Est pour ceux projetant de regagner l'Europe par Alger ou Tunis, principalement la France et l'Italie. A noter, ainsi, qu'une grande partie des arrestations est en effet enregistrée dans l'Ouest du pays (Oran, Maghnia et Béchar). Cette région est proche de la péninsule ibérique (l'Espagne) que les clandestins tentent d'atteindre via le Maroc voisin. Par ailleurs, et depuis la mise en place d'un système de surveillance aux frontières, en janvier 2007, les autorités marocaines ont arrêté plus de 80 000 immigrants clandestins. En Algérie, selon les services de sécurité, l'immigration clandestine compte quatre filières. La première concerne les ressortissants de Côte d'Ivoire et du Cameroun. Les clandestins issus de ces deux pays séjournent sur le territoire algérien grâce à des attestations de réfugiés politiques délivrées par le bureau de l'ONU à Alger. La deuxième catégorie de ressortissants étrangers en situation irrégulière concerne les Nigérians. Ces derniers, souvent, ne possèdent pas de passeports ni de visas mais des cartes consulaires falsifiées. Une fois arrêtés, les tribunaux algériens leur ordonnent de quitter le territoire national dans un délai qui n'excède pas les 15 jours. Mais la notification des jugements reste souvent lettre morte et ces ressortissants disparaissent dans la nature. La troisième catégorie concerne tous les autres pays africains. Une fois arrêtés, ces Africains en situation irrégulière se font passer pour des citoyens nigérians. La cause ? Cette nationalité permet de bénéficier de la décision judiciaire de "quitter le territoire algérien dans un délai de 15 jour" et d'éviter ainsi la procédure d'expulsion immédiate, applicable sur la quasi-totalité des Africains en situation irrégulière. Quatrième et dernière catégorie, les ressortissants du Niger et du Mali, entrés sur le sol algérien avec passeport et visa de 3 mois. A l'expiration de ce délai, ils regagnent aussitôt Alger et obtiennent des attestations de dépôt de dossier de demande de passeport auprès de leurs représentations consulaires. Ces attestations sont souvent indéfiniment renouvelées et présentées lors des contrôles. En effet, pour ces immigrés peu importe les risques que porte cette aventure meurtrière, l'essentiel c'est de fuir la misère et le climat d'instabilité qui sévit dans leurs pays et chercher un meilleur cadre de vie. Ces émigrés clandestins, faut-il le signaler, venus des pays africains, notamment, souffrent des problèmes de misère, des conflits et de l'instabilité politique dans leurs pays. Cela dit, le phénomène de l'immigration clandestine constituera un "problème plus aigu" dans un proche avenir en Algérie, estime la Gendarmerie nationale. Il convient de signaler, dans ce contexte, que ce fléau touche aussi plusieurs pays, notamment européens. En fait, d'après le rapport du secrétaire général des Nations unies sur les migrations internationales et le développement, remis en 2006, le monde compterait près de 200 millions de migrants. Un tiers environ s'est rendu d'un pays en développement vers un autre, et un autre tiers d'un pays en développement vers un pays développé. Enfin, il est venu le temps et pour les pays d'Afrique et pour ceux de l'Europe, d'élaborer une stratégie efficace en vue de lutter contre ce phénomène menaçant la sécurité ainsi que le développement économique et social de tous les pays.