Le pétrole s'affichait en baisse, hier matin en Asie en raison de prises de bénéfices et d'un regain de tension à Washington entre le président américain et les républicains à propos de la dette. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février cédait 9 cents, à 94,05 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance reculait de 9 cents à 111,79 dollars. A Wall Street, le marché qui était en hausse depuis janvier a cédé du terrain. Les commentaires de Barack Obama, n'ont pas aidé, estiment les analystes d'IG Markets dans une note. La veille, le Dow Jones s'était adjugé un maigre 0,14% tandis que le Nasdaq a lâché 0,26%. Le président Barack Obama, a mis en garde les républicains contre toute tentative d'utiliser le relèvement du plafond de la dette pour obtenir une réduction des dépenses, une demande de rançon qui risquerait de faire replonger les Etats-Unis dans la crise selon lui. Lors de la dernière conférence de presse de son premier mandat, le dirigeant démocrate américain a pris à témoin la veille ses compatriotes en cherchant à faire peser sur ses adversaires la responsabilité d'un nouvel affrontement. Depuis le 31 décembre, l'Etat américain fonctionne juste au-dessous du plafond de la dette actuel, 16 394 milliards de dollars, grâce à des mesures exceptionnelles permettant de gagner du temps, mais il ne devrait pas pouvoir continuer à le faire après fin février. Des républicains souhaitent utiliser cette nouvelle échéance comme moyen de pression pour arracher de la Maison Blanche ce qu'ils n'ont pas réussi à obtenir lors des dernières négociations sur le mur budgétaire il y a 15 jours: des coupes substantielles dans les dépenses, en particulier les programmes sociaux chers aux démocrates. La veille, les cours du pétrole ont fini la séance en hausse, clôturant à New York au-dessus du seuil des 94 dollars le baril pour la première fois depuis septembre, dans un marché porté par la remise en route d'un oléoduc aux Etats-Unis et par la faiblesse du dollar. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février s'est apprécié de 58 cents et a terminé à 94,14 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 111,88 dollars, en hausse de 1,24 dollar, sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Le WTI n'avait pas terminé au-dessus du seuil des 94 dollars depuis le 18 septembre, lorsque les cours avaient clôturé à 95,29 dollars le baril. Le brut a notamment profité de la remise en route, vendredi dernier, de l'oléoduc Seaway, transportant les réserves d'or noir de Cushing (le principal terminal pétrolier des Etats-Unis) vers des complexes de raffinerie sur la côte du Golfe du Mexique, après des travaux d'accroissement de ses capacités. Désormais, jusqu'à 400 000 barils de brut peuvent être acheminés quotidiennement de Cushing (qui abrite le brut texan servant de référence au WTI) vers le Golfe du Mexique, ont précisé les experts de Commerzbank. L'oléoduc, long de 800 km, n'en transportait que 150 000 barils par jour auparavant. L'accélération de l'écoulement du brut stocké à Cushing soutient le marché car cela annonce un désengorgement progressif des réserves, a expliqué Matt Smith, de Schneider Electric. Faute d'oléoducs d'une capacité suffisante pour transporter le pétrole excédentaire vers les raffineries, les réserves d'or noir à Cushing, qui constitue le principal terminal pétrolier des Etats-Unis, ont atteint récemment des niveaux record, à plus de 50 millions de barils. Cela va contribuer à rendre le WTI plus légitime comme brut de référence à l'échelle mondiale, et notamment par rapport au Brent londonien, a estimé M. Smith. On va assister à une normalisation de la situation entre le brut (texan) et le Brent, a relevé quant à lui Michael Lynch, de Strategic Energy and Economic Research, ajoutant qu'il tablait sur une poursuite de la tendance haussière sur le WTI au cours des deux prochains mois. Cet écart entre les deux prix de référence s'était creusé à plus de 25 dollars courant 2012. En outre, les prix du pétrole ont bénéficié de la faiblesse du dollar, qui a atteint notamment la veille en début d'échanges un plus bas en 11 mois contre l'euro, dans un contexte de regain de confiance du marché sur la zone euro. Les investisseurs commencent à se sentir un peu plus confiants sur l'économie, même si les nouvelles ne sont pas forcément toutes positives. Ils ont l'impression que cela va aller dans le bon sens, a commenté M. Lynch. Ainsi, une certaine solidité vient de l'Europe, en dépit des chiffres de la production industrielle, car le marché connait la situation actuelle de la zone et anticipe ce genre d'indicateurs. Les courtiers espèrent simplement que le pire est derrière nous, a précisé M. Smith.