Le gouvernement japonais a validé hier en conseil des ministres extraordinaire une demande de rallonge budgétaire de 13 100 milliards de yens (environ 110 milliards d'euros), pour couvrir les nouvelles dépenses étatiques décidées dans le cadre d'un plan de relance. Le Premier ministre Shinzo Abe, avait annoncé, vendredi dernier, un ensemble de nouvelles "mesures économiques d'urgence" de 20'200 milliards de yens (175 milliards d'euros), dont la moitié devant provenir des caisses de l'Etat, lequel va encore s'endetter pour tenter de sortir le pays de la crise chronique dans laquelle il se débat depuis des années. "La lutte contre la cherté du yen et la déflation sont prioritaires avant tout", a justifié le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d'une conférence de presse suivant le conseil. Ce budget supplémentaire vient compléter le collectif initial de 90 300 milliards de yens (940 milliards d'euros) décidé par le précédent gouvernement de centre-gauche pour l'année courant du 1er avril 2012 au 31 mars 2013. M. Abe est arrivé à la tête du pays le 26 décembre dernier à la suite de l'écrasante victoire de son Parti Libéral-Démocrate (PLD) aux élections législatives dix jours plus tôt. Ce ténor de droite a fait du redressement économique la priorité de son nouveau mandat, après celui de 2006-2007 gâché par des scandales et soucis de santé. Il veut à tout prix que le pays parvienne à s'extraire du cercle déflationniste (baisse des prix, des investissements, des rémunérations, de la consommation), en dopant l'activité par les commandes publiques. Les crédits additionnels voulus, qui doivent encore être approuvés par le parlement lors d'une session qui débutera le 31 janvier, sont censés permettre au gouvernement de mettre rapidement le carburant nécessaire dans la machine économique sans attendre l'élaboration retardée du prochain budget pour une année pleine (avril 2013 à mars 2014). Afin de réussir, M. Abe et son ministre des Finances, Taro Aso, sont prêts à faire fi dans un premier temps de l'endettement colossal de l'Etat nippon, une charge qui équivaut à plus de deux fois le produit intérieur brut (PIB) du pays. La rallonge approuvée hier est la deuxième plus importante de l'histoire, après celle de 14 700 milliards de yens lors de la crise financière de 2008-2009, une somme mise sur la table par le même Taro Aso, qui était alors Premier ministre. Sur les 13 100 milliards de yens, près de 8 000 milliards proviendront de l'émission de nouvelles obligations d'Etat dont 5.200 milliards pour le plan de relance, portant le total à quelque 52 000 milliards de yens, soit plus de la moitié de l'ensemble du budget pour l'année en cours (plus de 100 000 milliards de yens). "Les finances ne peuvent pas être assainies si l'économie n'est pas redressée", justifient M. Abe et son entourage qui font du regain de prospérité un préalable aux restrictions budgétaires, contrairement aux politiques d'austérité menées dans nombre d'autres pays. Les 10 200 milliards de dépenses étatiques inscrites dans le cadre du plan de relance seront destinés à accélérer la reconstruction du nord-est dévasté par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, à la rénovation d'infrastructures vieillissantes ou encore à aider des entreprises à lutter face à la cherté de la devise nippone. Le reste ira à d'autres dépenses hors plan de relance pour le système de retraite publique.