La banque centrale du Japon (BoJ) et le gouvernement nippon devraient sceller la semaine prochaine un accord précisant un objectif d'inflation de 2% à moyen terme, chiffre auquel tient mordicus le Premier ministre Shinzo Abe, selon les médias locaux. Avant-hier, lors d'un entretien télévisé, le chef du gouvernement a encore réitéré ses pressions en ce sens sur l'institut d'émission. Selon la presse, les deux parties sont en train de mettre la dernière touche à un document qui devrait être entériné par le comité de politique monétaire de la BoJ lors de sa prochaine réunion de deux jours prévue les 21 et 22 janvier. En dépit de son indépendance statutaire, la banque centrale est harcelée par M. Abe et son ministre des Finances (Taro Aso) exigeant qu'elle fasse preuve de davantage de mordant pour combattre le phénomène lancinant de déflation dans lequel se débat le Japon depuis une quinzaine d'années, avec une petite période de rémission de moins de trois ans entre 2006 et 2009. Pour le moment, la BoJ a fixé un objectif de 1% et pris diverses mesures pour inonder le marché de liquidités et encourager ainsi les prêts bancaires à bas taux pour les particuliers et entreprises afin de stimuler l'activité. Cette politique très accommodante est néanmoins considérée comme insuffisante par le nouveau pouvoir exécutif conservateur arrivé aux commandes le 26 décembre. Le Parti Libéral-Démocrate (PLD) de M. Abe a gagné en promettant de tout faire pour mettre fin à la baisse continue des prix (un frein à l'investissement, à la progression des salaires et à la consommation), ainsi qu'en endiguant la cherté du yen qui handicape les entreprises nippones sur les marchés extérieurs. L'actuel gouverneur de la banque centrale, Masaaki Shirakawa, n'est pas un adepte d'un objectif d'inflation à 2%, mais son mandat arrive à son terme prochainement et M. Abe est bien décidé à proposer la nomination à sa place d'une personnalité plus docile. Avant-hier à la télévision, le Premier ministre a indiqué qu'il rencontrerait des experts financiers dès aujourd'hui dans le but de lancer officiellement les procédures de sélection du successeur de M. Shirakawa, lequel devra être capable de prendre des mesures monétaires audacieuses en accord avec les idées du gouvernement. Le gouverneur de la banque centrale est choisi par le pouvoir exécutif mais sa nomination requiert l'approbation des deux chambres du Parlement. Par ailleurs, selon un sondage publié hier par le quotidien Yomiuri Shimbun, la cote de popularité du gouvernement Abe s'est élevée à 68% d'opinions favorables, soit une progression de 3 points par rapport au niveau relevé fin décembre juste après sa mise en place suivant une victoire écrasante du PLD au scrutin législatif anticipé dix jours plus tôt. D'après la même enquête effectuée auprès d'un millier de citoyens en âge de voter, les deux tiers des électeurs approuvent la volonté du Premier ministre de renforcer la coopération du gouvernement avec la banque centrale, dans le but de rétablir la santé économique du pays retombé en récession.